Porté par son compositeur et fondateur D., Woods Of Desolation est devenu l‘un des groupes de black metal incontournable de la scène australienne (et a fortiori du black metal dépressif). Le deuxième album
Torn Beyond Reason aura changé la donne. Encensé à sa sortie (2011), la signature chez Northern Silence et l’arrivée de l’ex-Austere Tim Yatras (Sorrow) n’y sont évidemment pas étrangères. Un nouveau duo malheureusement encore instable, Tim partira se consacrer à son groupe de post-black/shoegaze Germ. D. (à la guitare) décide alors de ne recruter que des musiciens de session pour son nouvel opus
As The Stars. Old (Drohtnung, ex-Wardaemonic) qui avait déjà participé à une démo et un split de Woods Of Desolation (sous le pseudonyme Thrydwulf), se charge des vocaux. Luke Mills (Drowning The Light, Nazxul, Pestilential Shadows) récupère la basse. Quant à la batterie, il s’agit ni plus ni moins que de Vlad (Drudkh).
Décriée, la transition des débuts « raw black » vers le deuxième album de Woods Of Desolation aura clairement été abrupte. D. délaisse cette fois la production (trop ?) imposante et claire de
Torn Beyond Reason pour revenir vers un son plus « rudimentaire » (black metal en somme) des premières œuvres. Le mixage remet ainsi en valeur les guitares saturées pour placer les vocaux et la batterie en retrait, à la manière d’accompagnements. La musique semble ainsi plus intimiste mais garde cet aspect « accessible » (loin de
Toward The Depths et
Sorh donc). Le musicien gomme les quelques longueurs qui faisaient défauts, il raccourcit ses titres (une moyenne de 5 minutes) pour capter l’attention mais aussi contenir cette intensité émotive dégagée. On sentait déjà l’appétence pour le post-rock (Explosions In The Sky comme principale référence) sur les précédentes œuvres, cette fois elle devient plus qu’explicite. Point d’expérimentations et de morceaux de plus de 10 minutes, il ne reprend que les tremoli « aériens » sous effets « delay » (et « reverb ») inhérent au genre. Le pattern de composition est aussi utilisé tout le long d’
As The Stars : une montée en puissance crescendo pour pleinement imploser en fin de titre. Des structures certes très élémentaires sur le papier mais à l’efficience incommensurable... D. tel un perfectionniste, a recherché pour chacun de ses titres « le riff » simple à la fois entêtant et bouleversant.
Là où
Torn Beyond Reason grattait au fur et à mesure votre barrière émotionnelle, bien que solide, celle-ci volera en éclat en quelques secondes à l’arrivée du break. Sous une thématique de l’automne, le processus cathartique débutera dès l’ouverture « Like Falling Leaves ». Et dire que Woods Of Desolation vient de Sidney… Contrairement aux groupes post-rock majoritairement instrumentaux, le socle black metal et des vocaux sont présents. De facto les hurlements déchirants et sincères d’Old servent de coefficient multiplicateur à ces riffs « chocs ». « Like Falling Leaves », « Unfold », « And If All The Stars Faded Away » (aux relents d’un
Bergtatt d’Ulver) ou « This Autumn Light » ne vous laisseront pas indemnes. Le serrement de cœur est inéluctable. L’étiquette « dépressive » semble peut-être exagérée, cette « dépression saisonnière » demeure nuancée. La première partie d’
As The Stars contraste entre solitude et chagrin sur fond nostalgique (lamentations d’Old, riffs plombants et batterie plus martiale) puis une deuxième plus « lumineuse » et « positive » (passages aériens d’avantage ancrés post-rock).
Les pulsations de Vlad suivent eux la simplicité des compositions de D. Un jeu de batterie carré et sans surenchère qui démontrera sa vélocité sur les passages soutenus. Le mixage ne le mettra pas réellement en valeur, effaçant l’instrument. Le son de grosse caisse et les subtilités des frappes étant difficilement audibles (pourtant bien présents après écoutes minutieuses). L’album se termine après seulement 34 minutes d’ivresse. Court pour le genre pratiqué… Un titre ou deux en plus n’aurait pas été de refus suite au splendide final « Ad Infinitum » (quelle introduction…). La note maximale s’éloigne de peu… Après quatre morceaux transcendants, on regrettera certainement la légère « cassure » sur « Anamnesis » (encore un clin d’œil à Katatonia) qui refermera sommairement la plaie. L’excellence demeure malgré tout.
Véritable fresque d’automne,
As The Stars est une balade à travers les allées d’un parc un jour de novembre. Pas à pas, à mesure que le décor extérieur défile, certains souvenirs et émotions enfouies refont surface. Le rempart contre le chagrin se fissure peu à peu. A l’image des feuilles perdant leur chlorophylle et changeant de couleur, notre humeur, elle, se mue entre tristesse et joie. Woods Of Desolation revient ainsi à l’authenticité de ses débuts et ira la marier à l’efficience (affinée) de
Torn Beyond Reason. Le rendu final est exceptionnel. La magie de la première fois est toujours intacte malgré plusieurs écoutes quotidiennes depuis la réception de l’album (fin novembre). Les signes ne trompent pas,
As The Stars est un bijou de mélancolie.
« Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte. »
« Chanson d'automne », Paul Verlaine
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