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Babymetal - Babymetal
Chronique
Babymetal Babymetal
Je vous avoue que moi-même, je n'ai pas trop su quoi en penser. D'ailleurs, je me dis aussi que faire une chronique de ce... truc, c'est bizarre. Mais dans le fond, c'est beaucoup trop tentant et puis merde, c'est du Metal. Disons que si le concept de putassier pouvait être résumé en un groupe, Babymetal en serait sûrement l'incarnation la plus totale. Cependant être un gros vendu, ça a parfois ses bons côtés (cf : Mindless Self Indulgence). Babymetal n'est pas vraiment un phénomène Metal sans pour être quelque chose de totalement ancré dans la J-Pop et on ne sait pas trop de quel côté le prendre : Blague potache ? Vrai fond musical ? Bordel sans nom ? Cocktail le plus intéressant depuis un bail ? On aurait pu croire en une opération humoristique de grande envergure à la première écoute de ces titres qui avaient fait leur apparition il y a un ou deux ans sur Internet. Seulement aujourd'hui, à la sortie de ce « Babymetal » distribué mondialement, on peut se demander si tout ça n'était pas sérieux, en fin de compte.
En fait, Babymetal, c'est trois gamines (Su-Metal a seize ans, YuiMetal et MoaMetal en ont quatorze...) qui chantent comme des idols mais crient aussi comme des types sortis du metal extrême. Le tout est plaqué sur un instrumentale à la croisée d'un Perfume (en moins bien) et d'un Cannibal Corpse (en bien meilleur). Si Torche se complaît souvent dans des lignes de Pop délicates, alors permettez-moi de vous dire que « pop » est encore un terme trop faible pour désigner Babymetal. Inoffensif au plus haut point comme dans ce « Doki Doki Morning » furibond mais pourtant relativement couillu. Tout se mêle dans cet album que l'on peut voir comme un mélange entre Hip-Hop, Electro façon Dance Dance Revolution, Metal au sens le plus large, musique japonaise traditionnelle et bien sûr J-Pop. Non, non vous ne rêvez pas. « Babymetal » est un recueil de gros tubes remplis de voix japonaises et de double-pédale. Une sorte de réservoir à J-Pop extrême qui fera vomir des arc-en-ciels à tout les intégristes du Metal. « One for the money, two for the money, three for the money, money, money, money... » nous disent-elles sur « Onedairi Daisakusen », le cœur plein de cette nonchalance capitaliste qui manque tellement au Black Metal. La B.O idéale pour le Gummo de la prochaine décennie sans aucun doute.
Le pire dans cette histoire, c'est que c'est tellement galvanisant... On pourrait presque renommer le genre Cocaine Party Metal tellement le tout donne une patate incroyable. Il y a même un break de BroStep métallisée dans « Uki Uki Midnight » ou alors du reggae à l'occasion et ça, c'est juste incroyable. Tout pète le feu, tout est entraînant, addictif et catchy. On ne parlera pas de la production qui est un monstre de puissance digne des gros noms de la J-Pop - Kyary Pamyu Pamyu en tête, bien évidemment – et même de la pop tout court. Lady Gaga doit se frapper la tête contre les murs de ne pas avoir eu cette idée en premier. Bref, le monde qui relie MilkyWay a Morbid Angel est né et il envoie une sacrée purée qui pourra faire danser aussi bien votre petite nièce que votre grand-mère et que vous aussi, après quelques verres qui vont auront permis de ranger votre âme d'adulte au placard. Parce qu'il faut quand même assumer d'aimer Babymetal sérieusement, ce que j'essaye de faire moi-même avec cette chronique. On commence à écouter pour rigoler et on finit comme une andouille a dandiner de la tête en rythme. En tout cas, c'est le signe que ça marche...
L'ambiance de ce premier opus éponyme est glauque. Il y a du sang et des morts mais ça va, on prend ça à la légère puisqu'on peut chanter avec une nonchalance totalement décervelée. Mais ce n'est pas grave, quitte à être heureux moi je veux bien être un imbécile heureux. D'ailleurs, ça remet un sacré coup de jeune à toutes ces vieilles recettes du Metal traditionnel que les trois japonaises ressortent. Le gros solo de guitare, les mosh-part, les cloches d'églises et autres joyeusetés typiques du style sont ici balancée en pâture dans une arène remplie de sampling, de petites voix et de monstruosités toutes plus Kawaii les unes que les autres. Et vous savez quoi ? C'est une boucherie fondamentalement et sentimentalement enfantine. Comme vidée de ses artifices, de ses légendes et de son culte, la musique Metal semble ressortir ici dans une version tout bonnement axée sur l'énergie et le punch. Vous écouterez « Gimme Choko !! » pour vous en convaincre.
Il y a du gros show, du gros son et on en vient à se demander comment trois adolescentes (bien aidées par une grosse équipe derrière qui produit les instrumentales) arrivent à coller claques sur claques de bonne humeur d'une telle manière. Sûrement à cause de ces refrains facilement mémorisables et carrément tubesques qu'on se prend à chanter à n'importe quel moment. En plus on met des coups de poings dans le vide quand arrive le break (ce que je n'avais pas fait depuis au moins deux ans, qu'on se le dise...). Je ne suis visiblement pas le seul quand on observe les vidéos live du groupe. On pourra aussi rajouter que ça trippe grave mais ceci dit ce n'est pas vraiment nouveau puisqu'on reste quand même dans la J-Pop et que l'univers de base tape plus de LSD que tous les groupes des années soixante-dix réunis. L'envie de tirer des pigeons multicolores au milieu d'un champ de fleurs fractales est normale pour ces gens-là et ça tombe bien parce qu'ils nous la communique sans difficulté.
Cet opus est de loin le truc qui m'a le plus enthousiasmé dans le Metal dit « mainstream » ou encore « lambda ». Aussi rapide que le Shinkansen, plus explosif que Fukushima, oui, Babymetal a tartiné avec son disque une grosse couche de confiture sur la pop mondiale, ralliant sous une seule bannière les fans de Nana Kitade, Sick of It All et Martin Solveig. L'ouragan de gentillesse et de mièvrerie qu'est ce « Babymetal » soufflera encore longtemps sur les peuples du monde moderne, moi je vous le dis. Si l'avenir c'est ça, donnez-moi un stylo et je signe tout de suite.
Pour ce qui est de la note, je ne me prononce pas. Certains titres du disque sont un peu en dessous mais je lui collerait facilement un dix pour l'aspect culte de la chose. Jugez par vous même.
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