Nefandus - Reality Cleaver
Chronique
Nefandus Reality Cleaver
Nefandus m'a titillé l'esprit, je l'accorde. Même si en vrai, Nefandus n'y est pour rien car c'est surtout l'étiquette Daemon Worship Productions qui m'a fait m'intéresser à ce groupe d'illustres inconnus en provenance directe de Suède et formé en 1993 (quand même !). Tiens donc, serait-on face à des pionniers oubliés. Pas sûr étant donné que cette entité fait un peu figure de fantôme. Un premier disque en 1996 qui est passé totalement à la trappe pour ma part et un second en 2009 visiblement assez côté mais qui n'avait pas trouvé son chemin jusqu'à mes oreilles.
En toute logique, vu le label qui est derrière nous devrions être en face d'un groupe issu de la mouvance orthodoxe qui semble un peu perdre de sa superbe ces derniers temps vraisemblablement remplacée dans la grâce collective par le post-black. Pour avoir un disque unanime dans ce genre là, il faut remonter au « Flesh Cathedral » de Svartidaudi et mine de rien, ça fait déjà un petit bout de temps ! Autant ne pas faire dans le suspense plus longtemps, ce n'est pas ce « Reality Cleaver » qui va remonter la niveau. On peut déjà toucher un mot de l'artwork qui est bien loin d'atteindre la quintessence de l'art visuel avec son graphisme comme on en voit quatre-vingt-quinze tout les mois... Une teinte orange-brunâtre, un nom illisible et un dessin à l'ancienne religio-occulte qu'on pourrait sans peine retrouver en tapant « Gustave Doré + Satan » sur Google. Bof...
Mais bon, je me dis que Viktor est un brave type qui signe toujours des trucs cools (Wormlust, Svartidaudi, Nightbringer, excusez du peu mais ce n'est pas rien...) alors je persiste et je démarre ces trente-cinq minutes de Black Metal. On peut facilement synthétiser le style de Nefandus en disant tout simplement que les quelques garçons qui sont derrière le projet ne savent pas où ils vont... Ballottés entre une volonté de rester collés dans une veine True Black façon suédoise (à la manière d'un Armagedda sur « Only True Believers ») et de s'orienter complètement dans une vision plus religieuse. Un fait finalement hautement explicable par la présence de Belfagor dans le line-up accessoirement membre d'Ofermod (groupe qui a pas mal de similitudes avec Nefandus, musicalement parlant), Serpent Noir (signé chez Daemon Worship, bizarrement...) et ex-Saturnalia Temple.
Et après la lecture de ces quelques renseignements, on ne peut voir qu'en « Reality Cleaver » un « Tiamtü » plus timoré, n'osant pas aller au bout de ses ambitions... Déjà qu'Ofermod n'est pas forcément une référence, cet opus de Nefandus se définit comme son clone en plus moyen. Passion quand tu nous tiens... De plus, une production on ne peut plus « patate » sert l'opus dans une ambiance étouffée qui manque clairement de puissance, de grain et de personnalité. OK, ça sonne comme de l'orthodoxe suédois. Mais bon, on s'en fout, on aurait largement préféré une production plus grasse, plus violente et plus travaillée. Tout ça sent un peu le rendu bâclé et le manque de temps. Façon, je t'expédie le mixage en vingt minutes, les gars faut que j'aille bosser sur mon vrai groupe...
Pour ce qui est des compositions, « Reality Cleaver » s'écoute comme une bouillie dont on peine à définir les contours. Vous savez, vous faites un tas avec votre Risotto dans votre assiette et il se trouve que – comme d'habitude - cette foutue préparation ne veut pas tenir en place et s'écroule d'une manière plus que pataude. Vous avez besoin d'un emporte-pièce pour faire une présentation correcte ? Et bah voilà : il faudrait un emporte-pièce à Nefandus pour empêcher son album de s'écrouler et de ne pas avoir assez de matière pour tenir debout. C'est sûr, les mecs savent jouer des riffs à peu près droit et avec un tempo suffisant m'enfin, ça reste mollasson, déjà-vu et très très vite emmerdant. Les titres défilent et on ne retient strictement rien, même au bout d'un nombre d'écoutes conséquent.
« Verses from the Chaoverse » (un intitulé presque plagié d'Inquisition, soit-dit en passant...) débute l'opus : ce sera le meilleur titre, celui qui nous fera dire « Pourquoi pas ? ». On ignore alors qu'une demi-heure plus tard, on écoutera « Scorn Of The All-Mind » avec l'envie que ça s'arrête. Bref, nous sommes ici en présence d'un disque à réserver aux gens qui n'ont rien à faire ou aux gens qui surkiffent le genre au point d'adorer toutes les sorties qu'il peut prodiguer. Pour les autres, Lana Del Rey vient de sortir un album et c'est nettement plus intéressant, croyez-moi.
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