Voilà un split qui devrait ravir les amateurs de Black Metal axé Satan, Satan & Satan. Les très prometteurs (rappelez-vous de ce
">« Inverse » d'un niveau tout bonnement ahurissant) Australiens d'Order Of Orias s'allient à la valeur sûre Française qu'est Aosoth, qui semble signer son retour en cette année 2015 avec deux splits et un EP à venir, eux qui n'avaient plus donné de nouvelles depuis le très bon
« IV : An Arrow In Heart ». De quoi attendre ce split LP avec la bave aux lèvres, d'autant plus qu'il nous est livré par World Terror Committee, label allemand dont la réputation n'est plus à faire tant il nous abreuve de bonnes sorties depuis quelques années.
Deux morceaux de plus de dix minutes pour chacune des formations, toutes les deux bien accoutumées aux longs formats, notamment un « Appendix B » pour Aosoth, suite vraisemblable du « Appendix A » tiré du split avec Kommandant paru quelques semaines plus tôt. Le tout pressé sur un vinyle au format 12 doté d'une pochette Black Metal... Enfin, bon, moyenne à vrai dire. Pour ne pas dire moche en fait... Ouais, bon, une pochette quoi.
Aosoth :
C'est donc l'entité qui était tout d'abord un side-project d'Antaeus avant de devenir plus importante que le daron qui a la lourde charge d'entamer les hostilités. Pour être honnête, on a même pas le temps de dire « Ouf » qu'on s'en prend déjà plein les dents. Pas de doutes, on est sur du Aosoth A.O.C qui sait balancer son style unique quand il faut et où il faut. On retrouve d'ailleurs cette sonorité spécifique issue du studio et du savoir-faire de BST qui a décidément le chic pour faire sonner les guitares comme un typhon tropical. Le ventilateur haute-tension qu'est « Appendix B » diffuse donc avec violence ses odeurs de chairs pourrissantes aspergées au Rhum Haïtien. Sans sourciller, ni dévier de sa ligne stylistique définie par ses précédentes sorties, la formation parisienne continue son travail vers le riff tribal parfait et livre encore une fois ici des bribes de son génie. Un morceau un peu pénalisé par le lieu où il est gravé (un split, bon, c'est bien mais ça aurait largement eu sa place sur un futur album du combo) mais qui fait partie des plus grosses réussites d'Aosoth depuis leur revirement psychologique effectué sur
« III ».
En gros, sans trop forcer son talent naturel, Aosoth convainc facilement le chaland qu'il est toujours un des – si ce n'est le – groupes les plus intéressants et intelligents du moment. Nous sommes ici devant une piste fleuve qui captive par la richesse de son riffing, de sa progression et de ses arrangements. Un bien beau teasing avant l'arrivée de leur (très attendu pour ma part) EP sur Agonia Records.
Order Of Orias :
Quatre ans que j'attendais des nouvelles d'Order Of Orias et que je rongeais mon frein en me demandant s'ils allaient poursuivre le chemin entamé par leurs précédentes sorties rituelles, lumineuses et touchantes. Un élément de réponse se trouve probablement dans les treize minutes ô combien sinueuses et tonitruantes de ce « Ruinous Hope ». Et au bout de quelques écoutes on peut noter quelques évolutions. Premièrement, Order Of Orias semble avoir rangé au placard ses longues phases planantes toujours sublimées par des arpèges remplis de dévotion. Nous sommes devant un groupe qui mute vers une musique plus sombre, plus ambiguë et tortueuse. Exit donc, les moments de grâce divine qui ponctuaient l'écoute d'
« Inverse » et bonjour aux nouvelles décisions d'un groupe en plein renouvellement. Et je dois dire que malgré ma légère déception quant à l'abandon (que j'espère temporaire) de leur formule angélique, le côté poisseux de ce nouvel Order Of Orias est séduisant. Il est d'ailleurs accentué par une production aux antipodes de la précédente qui met l'accent sur un son étouffé et poisseux, comme un énième hommage à la fameuse cave si chère au Black Metal. Un bon titre donc, qui nous permet de constater qu'Order of Orias semble maîtriser le changement de registre.
On résumera ce split en une pièce de qualité qu'il serait dommage de laisser de côté, surtout vu la cohérence plutôt bien ficelée entre les deux formations qui se complètent à merveille. Un split apéritif qui présage le meilleur quant au prochain EP d'Aosoth et à une éventuelle future sortie des Australiens. Un très bon moment de musique qui ne se fout pas de la gueule de l’aficionado.
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