On en est désormais certains à l'écoute de ce quatrième opus d'Aosoth : les Français ont définitivement trouvé le chemin qui leur permet d'affirmer leur identité musicale. La violence qu'on a pu connaître sur l'album éponyme et sur
« Ashes of Angels » est désormais proche d'un souvenir un peu poussiéreux. Poussiéreux... Tiens, voilà qui colle plutôt avec le Aosoth next-gen et son orientation « Black Psychique » débutée avec
« III » lors de l'année 2011.
Aosoth, formé de MkM, InRVI et BST, tous connus dans la sphère du Black français pour différents projets, est donc de retour en 2013 -toujours chez Agonia Records- avec un quatrième opus intitulé « IV : Arrow In Heart ». Deux ans pour faire un disque, c'est court, surtout quand on se rappelle que le groupe avait également sorti un 7' EP l'année dernière (cf : « Our Crows of Sin »). Bref, les craintes étaient présentes pour moi à l'écoute de l'opus. Craignant un doppelgänger miteux du précédent et n'étant pas vraiment rassuré par ce visuel bleuté assez proche du split Acherontas/Nightbringer, je me demandais bien ce qu'allait pouvoir nous pondre la clique française... Comment succéder à
« III » sans tomber dans une simple redite ? Aosoth pouvait-t-il sortir à nouveau une noirceur novatrice, malsaine et prenante ?
D'office, la réponse est non. Mais cette réponse ne doit pas être vue comme une déception : ce dernier opus peut-être vu comme un
« III » sortant la tête de l'eau pour aspirer à une destinée moins funeste et plus sacrée. Plus tribale également, comme en témoignent certaines ambiances (notamment présentes sur le premier titre éponyme). Un rituel lent, dont la précision dans chaque geste importe et ayant pour but une finalité plus spirituelle que crasseuse... Une ode au renouveau sachant mêler le doute noir avec la satisfaction de la lumière. Incantatoire et aérien, finaud et travaillé. Oui, Aosoth semble encore avoir franchi une étape dans son façon de concevoir la musique qu'il semble entrevoir maintenant comme un rituel mêlant la précision suisse et l'élévation des indiens Yaquis.
Chaque petit détail est étudié pour arriver à un résultat primaire tout en étant fort mentalement. Les parties rythmiques basse-batterie semblent d'ailleurs parfois étudiées pour approcher au plus possible de la transe, comme sur « One With The Prince With A Thousand Enemies ». Sur ces structures presque proches d'un rituel de tribus se greffent bien évidemment moult dissonances estampillées « Black-Orthodoxe-Marinière-Atol-Moulinex » mêlant en général mélodies dérangeantes et vitesse tourbillonnante.
Pour autant, Aosoth reste Aosoth peu importe les évolutions qu'il peut absorber. Ainsi, la voix caractéristique du groupe ou encore la production toujours très dure sont des ingrédients sur lesquels il faut toujours compter en écoutant ce quatrième disque. Toujours crus, toujours suaves et décharnés, les Français savent conserver les atouts sur lesquels ils ont bâti leur célébrité. Un bon point qui permettra assurément de conserver les fans qui avaient su être émus par le puissant et épais
« III ».
S'il fallait finalement trouver un défaut à cette quatrième production, ce serait sans doute son côté impénétrable et complexe à juger. « Arrow in Heart » met du temps à se révéler, peut-être un peu trop. La longueur des titres, leur construction couplée à un côté profondément mental handicape un peu le potentiel accrocheur de l'opus. Si certains seront endurants et ré-écouterons plusieurs fois le disque, d'autres se lasseront probablement avant d'avoir saisi l'essence profonde ancrée dans les compositions. Un point sur lequel chacun aura son avis mais qui pourrait nuire au succès d'Aosoth...
« IV : Arrow in Heart » est un disque riche, profond, inspiré et travaillé. Le combo à su se remettre en question tout en conservant ses acquis. Ce renouvellement en douceur permet d'amener la musique à un stade supérieur sans trop brusquer l'auditeur qui se retrouvera dans ce dernier disque, sous réserve qu'il ait apprécié le précédent. Même si la longueur des titres et leur côté obscur au premier abord découragera les moins assidus, les vrais amateurs du Black décharné des Français réussiront à briser le mur pour percer les secrets cachés au fond du disque.
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