Aosoth - Ashes of Angels
Chronique
Aosoth Ashes of Angels
"Expect nothing but satanic audio violence"
Le mot est lâché, le ton est donné : direct, cru, sans concessions; voila en quelques mots le style pratiqué par Aosoth, deuxième projet d'MkM, maître à penser du groupe français de brutal black metal Antaeus. Un an seulement après son premier album éponyme, Aosoth reprend les armes, fort de ses apparitions live aux côtés de grands noms comme Ondskapt, Nehemah, Enthroned, Hell Militia ou encore Sargeist, et nous livre son nouvel opus, Ashes Of Angels, sorti chez Agonia Records. Si l'abum Aosoth avait été une entrée en matière plutôt réussie, remarquée entre autres pour son efficacité et sa brutalité, Ashes of Angels se plaît à pousser le vice encore plus loin, à explorer les espaces les plus reculés de notre conscience et à nous enfoncer toujours plus loin dans les ténèbres de "Son" culte.
Unique compositeur, BST (ex-Aborted, Balrog) use ici de tout son talent afin de créer une oeuvre longue de 45 minutes, très homogène de part sa thématique satanique et son ambiance morbide omniprésente , et dont les compositions évitent la linéarité et la pesanteur monolithique, défauts pourtant ô combien communs à tant d'albums de la veine. L'écoute en est d'autant plus aisée, et le venin se distille d'autant plus rapidement que la production est exceptionnellement dense et puissante (légèrement plus que sur le précédent ouvrage). Certains la trouveront peut être aseptisée, elle a néanmoins le mérite de mettre en relief une musique parfaitement maîtrisée et plus riche en nuances que par le passé.
Mais ne nous y trompons pas : si les compositions sont en effet plus variées qu'avant, notamment grâce à la présence de quelques mid-tempos fort bien placés, Aosoth n'a rien perdu de sa fougue, bien au contraire. La batterie pulse, tout explose, tout plaide pour la destruction. Des titres comme "Path Of Twisted Light", "Cries Out Of Heaven" ou "Teaching/Erasing", au tempo apaisé donnant l'illusion de répit, ne sont là à l'inverse que pour remuer le couteau dans la plaie: les sonorités dissonantes et lancinantes torturent l'âme, les mélodies malignes hantent les esprits, la production tranchante saigne les chairs à vif. MkM et sa bande prennent donc un malin plaisir à nous malmener, et révèlent ici une haine toujours grandissante, s'installant progressivement au cours de l'album dans une sorte de crescendo morbide dont le point culminant est atteint en un "Banished" d'une rare violence auditive, summum de l'album en termes de brutalité et de rage (si l'on excepte bien sûr la reprise d' "Inner War")
Or, si l'on dénote effectivement une plus grande maîtrise et un indéniable soucis d'atmosphère dans sa musique, Aosoth reste fondamentalement sur des bases acquises, à savoir une violence savamment orchestrée, appuyée par des blasts à la précision métronomique et par la voix rauque, dégoulinante de haine et de mépris, d'un MkM plus enragé que jamais. Pourtant, c'est en partie là que le bât blesse, car en dépit de cette grande perfection technique peine à se dégager une véritable âme, d'authentiques traits de personnalité qui feraient sortir le groupe du lot commun. La reprise d' "Inner War", ultime titre de l'opus, illustre à merveille ce dont il est ici question. Si la reprise en elle même, véritable rituel scénique du groupe, est en tous points maîtrisée, elle manque de ce grain de folie et de cette énergie chaotique qui faisaient tout l'impact et le charme de la musique d'Antaeus (difficile ici d'éviter la comparaison entre les deux groupes). On sent bien le travail minutieux, la rigueur de l'artiste dans la composition et l'exécution des titres, la violence froide, plus réfléchie, plus implacable d'Ashes of Angels. Mais c'est comme s'il manquait malgré tout quelque chose pour faire vraiment décoller la musique, comme si tout ce contrôle dénaturait l'expression de la violence primaire, « aplatissait » la texture des compositions, atténuait la saveur de l'album.
Sans être l'album de l'année, Ashes of Angels n'en est pas moins digne d'intérêt : la scène française comporte son lot d'éléments remarquables, et Aosoth en fait assurément partie. On ne peut que leur souhaiter de persévérer dans cette voie-là, et qui sait... peut être une petite merveille au prochain album ?
| ChoKos 13 Mars 2010 - 3081 lectures |
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