Revenant Marquis - Milk Teeth
Chronique
Revenant Marquis Milk Teeth
Alors que Revenant Marquis s’apprête à faire son retour cette semaine avec la sortie de ce qui sera déjà son huitième album (et cela sans compter les nombreux à-côtés) en seulement cinq années d’existence avérées, il était temps que je me penche sur son prédécesseur paru il y a déjà un petit peu plus d’un an (juin 2022) toujours chez Death Prayer Records.
Intitulé Milk Teeth, celui-ci fait suite à un album baptisé Cyflymiad O'r Holl Arferion Ocwlt. Une sortie 100% instrumentale dans un registre qui en ce qui me concerne n’est pas vraiment ma tasse de thé. Aussi les chances de le voir chroniquer un jour ici sont plutôt minces même s’il ne faut jamais dire jamais... Quoi qu’il en soit, pour cette nouvelle offrande qui pue toujours autant la dégénérescence aristocratique, Revenant Marquis renoue dès le premier coup d’oeil avec cette thématique de l’enfance qui lui est chère. Un thème qui, ne serait-ce que visuellement, flirte dangereusement avec la transgression et ne manquera pas de mettre une fois de plus l’auditeur particulièrement mal à l’aise...
Si vous êtes de ceux qui n’avez encore jamais posé vos oreilles sur le Black Metal de Revenant Marquis, soyez prévenus que l’on ne pénètre pas l’univers du one-man band anglais aussi aisément qu’entre les cuisses d’une prostituée du bois de Boulogne (enfin je ne peux qu’imaginer). En effet, soucieux de ne pas se mettre à la portée de tous, ce bon vieux S a toujours eu à coeur de rendre la tâche particulièrement ardue à qui souhaiterait jeter son dévolu sur sa musique en procédant notamment à des choix de productions particulièrement clivants. Aussi Milk Teeth ne déroge pas à la règle et risque encore une fois d’en laisser plus d’un sur le bas côté. La faute à un son particulièrement étouffé et claustrophobique qui donne la sensation d’écouter chaque album depuis l’appartement d’à côté... Un sentiment étrange, même parmi tous ces groupes estampillés "Raw Black Metal" mais qui, il faut bien l’avouer, participe grandement à façonner l’identité si particulière de Revenant Marquis. Certes, un tel parti-pris ne fera jamais l’unanimité mais encore une fois, cela n’a jamais été le sujet.
Musicalement parlant, ce septième album ne constitue pas non plus une avancée particulièrement significative dans la carrière du one-man band. C’est en effet sans grande surprise que l’on va retrouver ce qui, outre cette production évoquée plus haut, constitue les grandes caractéristiques du Black Metal de Revenant Marquis. Parmi elles, ces mélodies spectrales et hantées qui comme je le mentionnais déjà dans mes précédents écrits à son sujet, donnent le sentiment de déambuler dans les couloirs sombres et délabrés d’un vieux manoir anglais à l’abandon. De "Licentiousness Circle" à 1:15 à "A White Donkey In The Yard" à 0:44 en passant par "Black Rabbit Red Spider" à 0:41, les premiers instants de "Hymen To The Gravestone", "The Son Or Daughter Of An Uncle Or Aunt" à 4:45 ou bien encore les premières secondes de "Netherworld Bratchet" tout l’album est une fois de plus parcouru par ces atmosphères baroques et délétères entretenues à coups de mélodies étranges et déglinguées. Là encore, Revenant Marquis ne facilite en rien l’immersion dans son univers hanté et fantomatique mais c’est très justement grâce à ces spécificités qu’il est en mesure de faire la différence. Certes, nous ne sommes jamais vraiment très loin de l’imposture tant chaque particularité semble ici poussée à son paroxysme mais si on y est un tant soit peu sensible il est alors difficile de ne pas tomber sous le charme de ces bizarreries auditives qui rendent chaque écoute si singulière.
Mais cette production, ces mélodies et cette voix spectrale et lointaine ne sont pas les seuls éléments déterminants à l’appréciation (ou à la détestation) du Black Metal de Revenant Marquis. Il convient également de mentionner cette ambivalence dynamique avec ces alternances d’accélérations plutôt tranquilles ("Licentiousness Circle" à 0:42, les premiers instants de "A White Donkey In The Yard", "Hymen To The Gravestone" à 2:10, la première partie relativement énervée de "Arboretum Of The Spectral Vail", "The Son Or Daughter Of An Uncle Or Aunt" mené pendant plus de cinq minutes au son d’un tchouka-tchouka entêtant...) et de passages mid-tempos bigarrés ("A White Donkey In The Yard" à 0:45, "Black Rabbit Red Spider" et son rythme funéraire, "Hymen To The Gravestone", "Tongue To The Circle" et "Netherworld Bratchet" et leurs rythmiques étrangement chaloupées...). Une approche qui là encore participe à entretenir la personnalité franchement marquée d’un Revenant Marquis dont le Black Metal ne ressemble à celui d’aucun autre.
Musicien prolifique, S continue avec Milk Teeth d’entretenir son histoire en prenant soin de rester en marge des autres formations évoluant pourtant dans le même milieu. Ses moyens pour y parvenir restent une fois de plus les mêmes et il y a peu de chances pour que vous y succombiez si ce n’était pas déjà le cas précédemment. Production bancale et complètement à la rue, riffing étrange et déglingué, atmosphères sinistres et spectrales, rythme assez peu soutenu, voix particulièrement lointaine… Autant de singularités qui font de l’entité un groupe définitivement à part naviguant à vue entre escroquerie éhontée et génie incompris. Bref, pas de demi-mesure avec Revenant Marquis, on aime ou on déteste. Mais c’est justement dans cette absurdité que le one-man band se révèle, la preuve une fois de plus avec ce septième album toujours aussi dans sa bizarrerie.
| AxGxB 3 Octobre 2023 - 821 lectures |
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