L’année se termine, l’heure est désormais au bilan. Pourtant quelques sorties allaient se dévoiler ce mois de décembre, un album majeur restait encore à chroniquer de mon côté. Peut-être le coup de grâce in extremis tant espéré ? Voici le quatrième opus d’Antestor,
Omen. Sept ans que l’on attendait le successeur du fantastique
The Forsaken…. Enfin ! Après une période de floue depuis 2007, le fameux groupe de « unblack » norvégien revient officiellement en 2010. Les deux piliers Ronny Hansen (chant) et Lars Stokstad (guitare) abandonnent leurs pseudos (respectivement Vrede et Vemod) et recruteront un line-up complet (sans Hellhammer) avant de signer sur le label chrétien américain Bombworks Records. Point de Necrolord cette fois pour l’artwork, Antestor reprendra un dessin de l’illustre Zdzisław Beksiński.
Si vous pensiez retrouver des chants de Noël à mettre en platine pendant le repas de famille pour faire plaisir à mamie (caricature de certains réfractaires aux groupes metal chrétiens), vous devriez être plutôt surpris. A l’instar de
The Forsaken, Antestor ne fait aucune allusion « explicite » sur ses croyances religieuses (ouf), la thématique étant encore une fois ancrée dans le chagrin (« sorrow metal » selon les dires du groupe) et la mélancolie (à la limite même parfois du black dépressif, comme en témoignent les frissonnants « In Solitude » ou l’imparable « All Towers Must Fall »). Mais ce sera surtout la direction musicale prise par les Norvégiens. Tous les adeptes s’attendaient à une suite logique de
The Forsaken (moi compris), à savoir un hommage à la scène black et black/death « mélodique » (j’insiste) scandinave. Il en sera tout autre. La première écoute sera plutôt déstabilisante. Ce retour aux sources vers la scène extrême norvégienne des années 90 (Emperor, Ulver, Enslaved, Immortal) reste toujours l’artère principale d’Antestor mais ici dans un cadre nettement plus virulent (le groupe cite 1349 parmi ses influences). Doux euphémisme, dès le deuxième titre « Unchained » (à l’introduction à décaper) : hurlements à en cracher du sang par terre de Ronny (les cris hallucinants de « Remnants » à 4:30) et épaulés pour le guttural du guitariste Robert Bordevik, des vagues intenses de riffs acérés (trois guitares !) et des blasts marteleurs sans aucune concession (le brutal « Torn Apart »). Difficile de suppléer le mythique Hellhammer, pourtant la nouvelle recrue (pieuvre) devant les fûts saura vous coller au siège par ses frappes lourdes et véloces.
Un début d’album qui pourrait leurrer sur la suite d’album (les refrains de « Treacherous Domain » et « Unchained » assez typés Enslaved), le chant clair classieux de Lars n’apparaissant plus jusqu’à l’excellent « Benighted ». La dominante reste le black metal épuré. Les titres s’enchaînent et globalement ce schéma « corrosif » se répète, si bien qu’il faudra un nombre d’écoute assez conséquent avant de pouvoir commencer à cerner les titres. Seul l’interlude acoustique (guitare, violons et contrebasse) magnifique « Tilflukt » (« refuge » en norvégien) pourra anesthésier nos pauvres tympans. La déception de la première écoute s’efface peu à peu, l’on commence ainsi à découvrir des structures de titres alambiqués (l’expérimental « Remnants » aux relents d’un Vreid) mais aussi des mélodies et des arrangements camouflés par ce « chaos » ambiant (à la production touchant l’excellence). Les bases de
The Forsaken ne sont pas entièrement gommées, outre le chant de Ronny, on retrouve le jeu typique de Lars. On notera le refrain de « In Solitude » (et ses mélodies), les tremoli mélodiques du hit « All Towers Must Fall » (seul titre qui aurait pu figurer sur
The Forsaken à mon sens), le break majestueux de « Torn Apart » (2:48), la conclusion touchante « Mørkets Grøde » aux faux airs d’un Ulver (« Capitel V »). Malgré une oreille très attentive, on remarquera un clavier quasi-inexistant et des subtilités trop timides au détriment de ce côté « extrême », empêchant parfois de pleinement s’imprégner de la tristesse dégagée. De plus certains passages demeurent en demi-teintes. Une sorte de socle solide mais qui n’est pas vraiment exploité, comme un sentiment d’inachevé, particulièrement en milieu d’album (« The Kindling » et « Remnants »). Le charme opère indubitablement mais l’aura de
The Forsaken ne pourra être égalé.
Succéder au bijou
The Forsaken, sept ans plus tard. Telle était la tâche compliquée d’Antestor. Comme à son habitude le groupe norvégien changera une nouvelle fois de voie musicale (passant du death/doom au black mélodique puis à un black metal dans sa forme originelle). Une musique éprouvante (mélodies en second plan) qui devrait laisser circonspect aussi bien les adorateurs de l’accrocheur et divin
The Forsaken que de ceux raillant la scène « unblack ». L’album nécessitera de nombreuses écoutes avant de pouvoir dévoiler tous ses atouts masqués par cette violence imposante.
Omen est la mandale des fêtes de fin d’année, une rage incommensurable remplie de tristesse soutenue par une composition luxuriante. Ite, missa est.
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