C'est qu'il est tombé à pic ce dernier album de Malokarpatan ! Quoi de mieux, en effet, pour célébrer l'équinoxe de printemps que du black metal atypique chargé d'histoire et de folklore local. D'autant que depuis la parution de son premier long format en 2015,
Stridžie dni, les Slovaques n'ont jamais connu de baisse de régime – montant même la barre d'un cran avec leur excellent second opus
Nordkarpatenland (2017). Après une année 2018 productive – un split avec Demon's Gate ainsi qu'un EP – et mouvementée, voyant le départ du vocaliste Temnohor et l'arrivée du guitariste Aldaron (membre du groupe Algor),
Krupinské Ohne rassure et signe le retour en force de la formation.
L'orange et le pourpre flamboient dans le ciel, s'estompant peu à peu pour laisser place à la nuit. Une colonne de fumée s'élève au-dessus d'une forêt sombre et dense d'où semblent provenir un enchevêtrement de voix et de cris inquiétants. Partout flotte un voile de mystère, parcourant les terres slovaques. Les musiciens vous plongent de nouveau en des temps reculés au cours desquels la frontière entre le réel et l'imaginaire tend à se fondre. Prenant matière dans différents livres ou encore films, entremêlant historique et fiction, ils délivrent un univers à la fois riche et personnel. Avec un black metal typé (aux racines heavy) reconnaissable entre mille, ils dépeignent des ambiances toujours aussi soignées et addictives grâce à des samples savamment utilisés (« Krupinské ohne poštyrikráte teho roku vzplanuli » en est un bel exemple), des notes de synthétiseur horrifiques très 70's/80's (« Filipojakubská noc na Štangarígelských skalách »), l'utilisation d'instruments traditionnels (comme la guimbarde sur « Ze semena viselcuov čarovný koren povstáva ») mais aussi de bons riffs jouissifs (cf. le morceau de bravoure sur la dernière partie du titre introductif, à partir de la onzième minute). Celles-ci se drapent davantage de noirceur allant de pair avec les thèmes abordés – beaucoup axés sur l'ésotérisme et la sorcellerie. « Tartareus ! Nikhardus ! », les chœurs sentencieux parviennent à vos oreilles tout comme ces lignes de guitares incisives mises en relief pour un son bien organique. La formation semble sonner la charge, menant les troupes de l'autre monde afin de semer le trouble ici-bas – le point d'orgue étant atteint sur « Na černém kuoni sme lítali firmamentem », morceau le plus court de l'album.
Ces montées en puissance tout comme les parties up tempo se font toutefois moins présentes ici, Malokarpatan jouant plus sur les répétitions entêtantes ou encore des interludes instrumentales pour instaurer un climat oppressant. La voix caverneuse et bardée de réverb de HV – que l'on identifierait bien à la créature du magnifique artwork réalisé par Svjatogor (batteur de Ceremony Of Silence et Porenut) – vient d'ailleurs renforcer ce fait. Pris dans son ensemble,
Krupinské Ohne se montre donc moins immédiat, intense et épique que son prédécesseur. Pour autant la musique des Slovaques garde son côté grandiloquent et se densifie. Le groupe change sa façon de composer, marquant une nette évolution avec ses anciennes réalisation. Les titres se rallongent et les influences prog rock se font sentir, en particulier sur « Filipojakubská noc na Štangarígelských skalách ». Les nappes de synthétiseur – qui renvoient à des formations comme Goblin – et les magnifiques lignes de basse (Peter est toujours impérial) confèrent un aspect plus fantasmagorique et halluciné. Si quelques rayons s'infiltrent ça et là dans les bois ténébreux par certains effets, de bon riffs jouissifs ainsi que de belle interlude à la guitare sèche, des lumières singulières s'installent peu à peu telle une brume. L'ombre des sorcières planent au-dessus de vous tout au long de l'album. Vous avez l'impression d'être projeté malgré vous en plein Giallo dont l'action se situerait dans les montagnes de Štiavnica, poursuivi par des forces diaboliques – avec la nature, imprégnée du mal, comme alliée.
Certes le rythme général baisse d'un cran mais sert le propos du groupe. Ce dernier vous happe de manière différente variant son jeu, proposant « autre chose », tout en gardant ses bases. Il arrive à vous surprendre avec, par exemple, ce refrain scandé en chant clair sorti de nulle part (qui fleure bon le heavy) sur le titre de clôture. Certains et certaines risques d'être décontenancés, souhaitant davantage de up tempos épiques ou bien de « tubes » – personnellement ma préférence va pour
Nordkarpatenland – pourtant
Krupinské Ohne regorge de passages prenants et se déguste sur la durée. Il démontre aussi que, malgré les changements de line-up, Malokarpatan n'a rien perdu de sa verve et continue de se démarquer du lot avec brio. Hâte d'entendre ce qu'il nous réserve pour la suite !
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