Malokarpatan - Stridžie Dni
Chronique
Malokarpatan Stridžie Dni
Il serait peut-être bon de rajouter la case « Les oubliés de 2015 » dans le bilan annuel tant bon nombre de sorties sont passées à la trappe du fait d'une année des plus foisonnantes (enfin...cela dépend votre style de prédilection). Injustement mise de côté, la formation slovaque refait donc surface en ce début 2016 grâce à l'annonce faite par Invictus Productions – ainsi que le promo envoyé – concernant la future édition vinyle de Stridžie dni prévue pour le mois d'avril. Une sorte de « consécration » méritée qui permettra à Malokarpatan d'avoir davantage de couverture médiatique mais aussi de reconnaissance dans la scène metal extrême. Il faut dire que le trio composé de As (Remmirath), HV (Remmirath, Krolok) et Temnohor (Temnohor) a déjà fait ses armes et a su cristalliser dans ce projet leurs diverses influences tant musicales que cinématographiques ou encore littéraires. Définissant leur propre musique de black metal rural slovaque old-school (cf. Bandcamp), les musiciens délivrent néanmoins des sonorités et un univers très singuliers, flirtant toujours entre réalité et fantasmagorie. Une première œuvre tant intrigante que ciselée, à l'image du magnifique artwork réalisé par Lívia Gréková.
Car, comme le titre de l'album l'indique, le trio mélange habilement folklore slovaque, comportant son lot de superstitions, et – donc par extension – sorcelleries. Ce propos va servir de fil rouge, mis en relief par les paroles (notamment « Stridžie Dni, Kedy Neradno Po Slnka Západe Vychádzat, Ni Perí Drápat »), des samples brillamment insérés ou encore la voix – réverbérée – tant gloomy que variée de Temnohor (cf. la fin carpathian de « Kýho Besa Mi To Tá stará Ohyzdná Striga Do Pohára nalála »). En outre, moult éléments viennent se greffer ici et là afin de maintenir une atmosphère à la fois surnaturelle mais pesante, de l'introduction instrumentale entremêlant épique et fantastique en passant pas les nombreux chœurs habités de As (« Stridžie Dni, Kedy Neradno Po Slnka Západe Vychádzat, Ni Perí Drápat » en est un bel exemple) ou encore les passages low tempo ensorcelants (« Starý Z Hory, čo Zver Svoju Budzogánem Pobil »). La production très organique, malgré l'utilisation – par dépit plus que par choix – de la boîte à rythme (excellemment programmée par HV), vient renforcer ce côté primitif et lourd de l'ensemble. Son raw, vocaux d'outre-tombe laissant parfois la place à un chant clair de prêtre possédé ainsi que des cris de supplicié, changement de rythme mais aussi ambiances étouffantes empreintes de terreurs locales plus accentuées sur certains titres ou parties, Malokarpatan aime muer et donner différentes teintes à ses compositions tout en gardant la même essence. Des composants qui mis bout à bout vous permettent de rapidement faire le parallèle avec les Polonais de Cultes Des Ghoules.
Néanmoins la formation ne force pas le trait, ces histoires effrayantes et méphistophéliques ne faisant qu'agrémenter l'aspect extraordinaire tiré du folklore slovaque, qui est ici le thème majeur et cher aux musiciens. Ces derniers vont d'ailleurs puiser dans leurs racines afin d'enrichir leur œuvre, Stridžie dni étant avant tout un vibrant hommage rendu au compositeur Svetozár Stračina. D'où le choix du chant en dialecte de l'Ouest de la Slovaquie ainsi que l'ajout de nombreux samples de musiques folkloriques (cf. « O Víne, Kterak Učený Hugolín Gavlovič z Horovec Vyprával ») et de bandes-son de films (de Martin Ťapák et Martin Hollý entre autres) qui donnent davantage de profondeur au propos. Si les divers arrangements minutieux conjugués à l'âpreté du son surprennent et déstabilisent lors de la première écoute, cela fait rapidement sens. En effet, quel type de black metal peut autant magnifier des histoires antédiluviennes que le black metal ancestral ? Prenant sa source dans les années 80 début 90 auprès de groupes tels que Venom, Bathory ou encore les frontaliers de Master's Hammer, le trio déverse donc une musique aussi rugueuse que puissante. Les riffs heavy jouissifs mettent un coup de fouet à l'ensemble (« Na Kríllach Cemnoty Do Horských úbočí Zostupuje Posol Moru A Hniloby » par exemple) mais font également ressortir le penchant héroïque comme vous pouvez l'entendre sur la longue et grandiloquente conclusion « Popolvár Najväčší Na Svete, šarkanobijca A Bohatier ». Malokapartan sait raconter des histoires, jonglant entre les thématiques, tout en restant cohérent et en offrant un album très fluide. Chaque chapitre (les traductions en anglais sont incluses dans le livret) est donc illustré par un titre, vous transportant dans des paysages ruraux hantés, auprès de héros locaux ou encore vous poussant à la désinhibition avec des morceaux tel que « O Víne, Kterak Učený Hugolín Gavlovič z Horovec Vyprával » – dont le texte a été écrit par Hugolín Gavlovič, prêtre franciscain slovaque.
Un premier essai des plus réussis qui surprend de par sa forte personnalité ainsi que sa construction très soignée et les choix plutôt risqués (notamment la production apportant une aura punk) pris par la formation. Le trio vous embarque aisément à ses côtés, vous faisant entrevoir les milles et unes merveilles de leur contrée, empreintes de fantastique, agrémentées par des sonorités tant abrasives que prenantes – voire brise-nuques. Impossible de décrocher durant ces 46 minutes défilant à vive allure ! Stridžie dni se place incontestablement parmi les grosses surprises de 2015. Vivement la sortie prochaine de leur premier EP, sur lequel Barditus (ex-Lugubrum) et Migaard (Lugubrum) – groupe qui a été, à une certaine époque, chef de file du rural black metal avec sa dénomination « Boersk Blek Metle » – , effectuent des guests.
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