Grimoire - A la lumière des cendres
Chronique
Grimoire A la lumière des cendres (Rééd.)
J’ai toujours apprécié l’école québecquoise en matière de BM, son raffinement, sa force de conviction comme sa faculté à engendrer des émotions guidées par la Nature et les Grands Espaces. De Forteresse à Monarque, en passant par Csejthe notamment, la musique des cousins m’a toujours paru revenir aux fondamentaux – jusque dans le son – du style mais sans jamais vraiment le figer. En adoptant toujours cette volonté de le faire évoluer, prospérer à la sève d’une originalité, d’une science de la composition et des atmosphères comme peu de scènes peuvent s’en enorgueillir. Grimoire est de ceux là. A la lumière des cendres, son seul et unique effort, si l’on excepte son EP « L'aorasie des spectres rêveurs », n’est pas nouveau. Il est sorti il y a déjà 7 ans. Aujourd’hui réédité, il donne l’occasion de revenir sur ce groupe qui gagne à être davantage (re)connu.
Grimoire œuvre clairement dans un BM très porté sur les ambiances nocturnes et sur les belles mélodies fondues dans la structure, gonflées à l’emphase et aux trémolos de haut niveau. Bérisiel I comme Bérisiel II, les deux premiers titres, en attestent, dopés par un son nouveau, plus grave, plus profond, ultra organique, qui offre un contraste magnifique autant à la voix hantée de Fiel qu’à la batterie qui devient grondement. Si l’on atteint jamais vraiment le niveau des formations précitées, pas davantage que le souffle hivernale d’un Chasse-Galerie ou d’un Sombres Forêts, les chœurs que l’on peut discerner sur Bérisiel II emportent l’auditeur au cœur des forêts profondes, le souffle glacé du vent sur le visage (le très épique, Les cieux de l’insignifiance également, à la structure ample).
Immersive, la musique de Grimoire l’est assurément. Non pas qu’elle s’appuie sur un son harsh comme chez Forteresse par exemple, mais bien davantage sur un souffle épique prononcé (le long instrumental Ostara et sa structure quasi prog’, portée par la grâce) et sur une volonté de noyer la voix dans l’écho, de la rendre fuyante comme le vent, partout et nulle part à la fois, dans et hors du mix. De même, les pistes instrumentales, au piano notamment (A l’ombre du vieux chêne), coupent opportunément la dynamique, surtout quand elles alternent avec des morceaux chargés en émotions (l’enchaînement A l’ombre du vieux chêne et le long Les flammes de l’ignorance). Elles offrent un contraste pertinent qui met parfaitement en valeur les morceaux les plus nostalgiques.
Ce premier album doit être entrepris par tous ceux qui, amateurs de BM épique, porté par le souffle puissant de la Nature, l’aurait laissé échapper à leur radar en 2011. C’est l’occasion, pour les autres, de lui redonner la seconde chance qu’il mérite.
| Raziel 18 Avril 2018 - 1134 lectures |
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