Inferno - Omniabsence Filled by His Greatness
Chronique
Inferno Omniabsence Filled by His Greatness
Dans la série des albums qui sont complètement passés inaperçus alors qu'ils mériteraient pourtant de remporter un succès conséquent, je demande « Omniabsence Filled by His Greatness ». Sixième album de ce groupe tchèque dénommé Inferno et dont on retrouve des membres dans Besatt ou Vrolok, on peut dire que l'omniabsence décrite dans le titre s'est surtout retrouvée chez les auditeurs, ou plus précisément : chez le manque d'auditeurs. Cela dit, ce n'est pas si grave puisque ce manque de reconnaissance est donc « compensée par Sa grandeur », ce qui est bien la moindre des choses. Après tout, comme dirait Don Salvatore : « Un homme qui sait se priver de tout n'a plus jamais peur ». Ou comme diraient les publicitaires : « Si t'as pas d'amis, prends un Curly ». Et peut-être que ces vingt-ans de carrière dans l'undeground Black Metal saucés d'un anonymat quasi-total – le groupe a été formé en 1996, joyeux anniversaire - ont permis à Inferno de ne plus avoir peur des expérimentations, de prendre deux-trois Curlys au passage et de sortir du carcan purement Black Metal pour nous proposer ces six morceaux de grand qualité.
Et très sincèrement, ils sont bons. Du genre à se placer bien au chaud aux côtés d'autres formations comme Blut Aus Nord (on ressent vraiment l'influence), Ascension ou Svartidaudi. Mais également avec un petit soupçon de « Postitude » bien senti qui permet quelques montées mélodiques pas piquées des hannetons. Le break vers les deux tiers de « The Firstborn From Murk » est un excellent exemple d'interlude visant à faire monter la sauce tranquillement pour mieux enchaîner sur un mid-tempo ravageur. C'est sûr, Inferno sait composer et jouer du Black Metal complexe, raffiné et inspiré. Ils ne cesseront de le prouver sur ces cinq pistes (j'exclus volontairement l'introduction en clean de deux minutes) à la durée oscillant entre sept et onze minutes.
Il faut dire que ce « Omniabsence Filled by His Greatness » présente bien dès le premier contact. Un visuel franchement aguicheur signé Fenomeno Design / Teitan Arts qui n'est pas sans rappeler le trait de crayon des artworks de Cult Of Fire ou du dernier Ascension, le tout dans une thématique théiste qui fait les yeux doux au Luciférisme sincère. Et c'est sûr que sa Majesté n'est pas présente ici pour faire de la figuration, tant le groupe nous sort des mélodies d'hyper-espace type vortex musicalo-spatial directement tombées de la bouche du trou-noir également connu sous le nom de Khaos. Il suffit de poser son café deux minutes et de fermer les yeux en écoutant la fantastique entame de « The Funeral Of Existence » pour comprendre qu'on n'est pas là pour rigoler. Les petites guitares étouffées qui forment les mélodies de fond semblent tout droit provenir d'un quelconque rituel vaudou inconnu. C'est le genre de moment où on voit le ciel s'ouvrir comme une porte sculptée, laissant apparaît l’œil de Dieu, qui dans son omniscience vous juge sur place. Tremblez si vous êtes fans de Khaos-Dei, car Il ne le pardonnera pas.
Et dans son Infinie Grandeur, JHVH est généreux avec nos trois tchèques qui touchent du doigt les strates Over-Used et les voies du Seigneur qui semblent avoir enfin révélées leur pénétrabilité. On en prend véritablement plein les dents, comme si le jugement dernier arrivait droit sur nos pauvres poires, en direct visuel depuis le télescope Hubble. Et à chaque morceau, c'est le Hold-Up général sur notre cervelet qui se laisse happer consciencieusement dans la nébuleuse proposée par Inferno. « Revelations Through The Void » - qui porte terriblement bien son nom - révèle également le potentiel du riffing le plus « direct » de nos tchèques, avec ce démarrage canon qui pulvérise le mur dès le départ. On est donc en face d'un album qui tape dur lorsqu'il le désire mais de manière intelligente. Chaque note recèle de sa petite particularité, chaque riff est approprié, le batteur varie les patterns avec subtilité et le chanteur est tellement en feu qu'il a du s'immoler pendant l'enregistrement. D'ailleurs, le groupe ne se refuse rien, pas même quelques mélodies psychédéliques disposée ici ou là, comme sur l’impressionnant final de « Metastasis Of Realistic Visions ». Là, si vous n'avez pas la petite larme à l’œil, c'est que vous êtes athées ou alors que vous avez participer à la Manif' pour Tous.
Tout ça est bien sûr sublimé avec une production signée... Necromorbus, évidemment. De quoi développer encore un peu l'atmosphère religieuse et apposer avec fermeté l'A.O.C. A.M.S.G. Comme d'habitude, c'est de l'excellent boulot qui privilégie l'aspect éthéré et relativement aérien de l'ensemble, ce qui sied particulièrement bien avec les compositions du trio. En résumé, on est en droit de fermer notre bouche restée béatement ouverte pendant l'écoute de l'album et de la rouvrir quelques minutes plus tard pour louer les nombreuses qualités de ce « Omniabsence Filled by His Greatness ». Un album digeste malgré sa densité, appréciable dès les premières écoutes et qui possède l'avantage non-négligeable de savoir s'imposer dans vos playlists Black Metal. Malgré sa – relative - simplicité d'accès, le disque creuse son trou et inscrit dans votre crane l'envie inconsciente de le ré-écouter. « Omniabsence Filled by His Greatness » n'a pas grand chose à envier aux ténors de l'orthodoxe conceptuel et offre avec un grand talent des émotions puissantes, des visions sacrées qui offrent sans problèmes leur lot de frissons.
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