chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Inferno - Gnosis Kardias

Chronique

Inferno Gnosis Kardias
(Of Transcension and Involution)

Si vous avez déjà lu quelques-unes de mes chroniques, vous savez que j'aime rattacher un groupe à sa nationalité. C'est une chose assez superficielle (voire tendancieuse), j'en conviens. C'est pourquoi je ne le fais que quand je sens un lien fort entre une musique et les images mentales que me renvoie son pays d'origine. Bref, Inferno est tchèque et, désolé, mais ça se sent.

Car Gnosis Kardias, septième album du groupe, fait du black metal un enfer tortueux comme un roman de Kafka et esthétique comme les lithographies de Mucha, un monument morbide comme l'horloge astronomique de Prague, où des squelettes viennent sonner les heures qui s'écoulent. Ceux qui ont déjà connu la formation avec Omniabsence Filled by His Greatness (excellent prédécesseur chroniqué en ces pages par le regretté FleshOvSatan) ne seront pas étonnés d'entendre une nouvelle fois ces guitares à la fois orthodoxes et psychédéliques, d'être pris dans cette atmosphère étrange, indubitablement satanique, raffinée, où derrière la lumière de leads claires semble se cacher une entité trouble, tapie dans les quelques traces d'ombres laissées dans les coins. Aucun doute : Inferno est bel et bien toujours cette bête indéfinissable, accessible, racée, hypnotique, que j'avais découverte quelques années auparavant.

Seulement, Gnosis Kardias s'impose, au fur et à mesure qu'il s'invite chez nous (souvent, c'est-à-dire), comme un album où les Tchèques maîtrisent encore un peu plus leur art, au point que toutes références, même lointaines, semblent caduques. De Ascension à Enslaved, de Blut Aus Nord à The Cure, des histoires de possession à celles où le Diable a été le mieux personnifié... Rien ne paraît s'accorder parfaitement avec ces compositions, dont la splendeur apparente (les blast-beats et mélodies serpentant l'espace raviront les avides de metal aussi nerveux que gracieux), gigantesque pied-de-nez à ceux pensant que seuls le raw ou le dissonant sont capables de transmettre une ambiance démoniaque, finit par devenir un temple où l'odeur de soufre emplit les narines. Écoutez ce disque, fermez les yeux, et constatez comment ces morceaux font voir un prêche où les anges ont un sourire narquois, les colonnades des enchevêtrements d'or s'écoulant comme du sang, le sol une teinte marbrée dans laquelle on croit deviner des cadavres s'enroulant les uns dans les autres... Constamment splendide, constamment prenant, Gnosis Kardias donne à chaque fois à voir derrière ses envies de catharsis le véritable seigneur de ses rites et de ses domaines.

Ce qui fait qu'on n'est pas prêt d'enlever l'étiquette « orthodoxe » à Inferno, bien qu'elle est devenue un lieu commun au sein de la scène black metal. Pour être clair, les derniers essais de certains chefs de file deviennent pudibonds face à cette œuvre se permettant des détours qui auraient fait mériter l'excommunication ad vitam æternam chez d'autres. Parfois larmoyant (le final de « The Innermost Disillusion »), parfois dansant (le début de « Abysmal Cacophony »), flirtant aussi bien avec le post-rock que le thrash, Gnosis Kardias ne tombe pourtant jamais dans le piège du disque trop hétéroclite, gardant comme fil conducteur une dévotion exprimée à chaque moment au sein de ses différentes montagnes russes. Il faut dire qu'avec un chanteur tel que Adramalech, la barre est fermement tenue le long de ces quarante-quatre minutes ! Qu'il susurre, dicte, déclame ou hurle, épaulé par Nikolaos Panagopoulos (leader de Acherontas), il se place comme le prédicateur principal de cette messe, malgré une qualité d'ensemble où chacun peut prétendre au premier rôle.

Même la pochette de José Gabriel Alegría et la production signée Necromorbus se mettent au diapason de la majesté que déploient ici les Tchèques ! Tableau quasi-parfait, ce n'est qu'en contemplant Gnosis Kardias avec un regard critique que des défauts se décèlent. Le diable se situe clairement dans les détails de cette musique qui ne cesse de se découvrir, ici un riff passé autrefois inaperçu, là une ligne de chant qui se révèle sous les nappes sonores. Mais il est aussi dans ce bizarre sentiment d'inassouvi qui conclut les rencontres avec cet album de Inferno, se terminant à chaque fois sur une annonce laissant croire qu'il s'inscrit dans un schéma plus grand, pour l'instant laissé secret à nos oreilles (l'outro « Orison for the Baneful Serpent »). Un final rendant curieux et tremblant, d'un album qui fait de « la voie de la main gauche » et « de main de maître » une seule et même expression.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Inferno
Black Metal orthodoxe
2017 - World Terror Committee Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (7)  8.36/10
Webzines : (5)  7.68/10

plus d'infos sur
Inferno
Inferno
Black Metal occulte avant-gardiste - 1996 - République Tchèque
  

tracklist
01.   The Innermost Disillusion
02.   Abysmal Cacophony
03.   Upheaval of Silence
04.   Ω > 1 (Oscillation in Timelessness)
05.   Gate-eye of Fractal Spiral
06.   Orison for the Baneful Serpent

Durée : 44 minutes 25 secondes

line up
parution
4 Avril 2017

voir aussi
Inferno
Inferno
Paradeigma
(Phosphenes of Aphotic Eternity)

2021 - Debemur Morti Productions
  
Inferno
Inferno
Omniabsence Filled by His Greatness

2013 - Agonia Records
  

Essayez aussi
Acherontas
Acherontas
Ma-IoN
(Formulas Of Reptilian Unification)

2015 - World Terror Committee Records
  
Deathspell Omega
Deathspell Omega
Drought (EP)

2012 - Norma Evangelium Diaboli
  
Kvltist
Kvltist
Catechesis

2015 - World Terror Committee Records
  
Abigor / Nightbringer / Thy Darkened Shade / Mortuus
Abigor / Nightbringer / Thy Darkened Shade / Mortuus
Abigor/Nightbringer/Thy Darkened Shade/Mortuus (Split-CD)

2017 - Autoproduction
  
Veiled
Veiled
Black Celestial Orbs

2018 - Iron Bonehead Productions
  

Foreseen
Helsinki Savagery
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique
Conquer or Perish European Tour 2024
Exhumation + Initiation + V...
Lire le live report
Evildead
Toxic Grace
Lire la chronique
Anthares
After the War
Lire la chronique
Void
Horrors Of Reality
Lire la chronique
Motocultor Festival 15
Lire le live report
La photo mystère du 1 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Surgical Strike
24/7 Hate
Lire la chronique
The Hellectric Devilz
The Devilz Playground
Lire la chronique
Crushing Brain
Cenizas
Lire la chronique
Labyrinth
Unforeseen Consequences (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Août 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Août 2024
Jouer à la Photo mystère
Category 7
Category 7
Lire la chronique