J’ai longtemps été sévère avec
CAÏNAN DAWN, que j’ai eu l’occasion de chroniquer en 2011, 2014 et 2017, pour les trois albums qu’ils ont sortis jusqu’à maintenant. En 10 ans, leur style a légèrement évolué, et nous les avions quittés avec un
F.O.H.A.T. qui m’avait convaincu, et que je félicitais pour ses compositions influencées par
DEATHSPELL OMEGA, mais avec moins d’aspects tordus, et donc plus d’accessibilité. Le quatuor qui en était à l’origine revient 5 ans après, une troisième fois sur le label culte Osmose Productions, et sans le moindre changement de line-up. Heruforod est toujours aux vocaux et à la guitare, Keithan de
MAÏEUTISTE est toujours à la basse, Avgruun est toujours à la guitare et Kloct est toujours à la batterie.
Mais malgré la stabilité formelle de
CAÏNAN DAWN, la musique présente une réelle évolution. On retrouvera évidemment quelques passages orthodoxes et légèrement dissonnants, à la
DEATHSPELL OMEGA, mais beaucoup moins marqués, et relégués au second plan. Il a fallu que j’attende la quatrième piste, « Okeanos », pour que le groupe français légendaire me revienne en mémoire... et encore, ce n’est que quelques secondes au milieu du titre. Et au final, il n’y a que le dernier, « Profundum », qui en a de véritables accents évidents. Tout le reste reste donc dans le black metal orthodoxe plus épuré, où les mélodies ne sont pas tarabiscotées. Les compositions sont bien plus limpides... fluides... comme l’eau !
« Comme l’eau ! ». Commentaire que ceux qui ont déjà regardé la pochette ou la playlist comprendront. Oui,
CAÏNAN DAWN s’est choisi une thématique originale sur
Lagu, et c’est la mer, les océans. Certains noms de pistes sont faciles à saisir, comme « Atlantis », « Okeanos », « Profundum » ou « Apnea », mais les autres aussi ont un lien avec le monde aquatique : « Myctophidae », ce sont les poissons-lanternes qui vivent dans les profondeurs abyssales et « Y'ha-Nthlei » est connu des amateurs de Lovecraft comme cité sous-marine...
Cela ne se ressent pas nécessairement dans la musique en elle-même cependant, puisque le groupe n’a pas opté pour l’usage de samples marins à profusion, et beaucoup d’auditeurs ont même dû passer à côté, ne remarquant pas les références le long des 55 minutes de jeu. C’est sans doute le titre instrumental « Lagu » qui respecte le plus les ambiances du thème, donnant l’impression de transcrire la solitude violente d’un endroit clos, en pleine mer, ou sous les mers...
L’album est bien organisé, avec des compositions qui prouvent le travail et l’implication des membres, mais il est justement un peu trop évident, presque prévisible. Alors la satisfaction d’avoir une musique bien faite est contrebalancée par l’impression de ne pas avoir grand-chose à conserver et à se mettre sous la dent. C’est une nouvelle fois un bel effort, très respectable ! Mais voilà, je suis redevenu sévère, sans doute...
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