Il y a dix ans, j’aurais sauté dans tous les sens en apprenant qu’un nouvel album de
CIRITH GORGOR sortait. Et je l’ai d’ailleurs fait réellement à l’époque, lorsqu’en 2007 le quatrième album a été annoncé. Mais cet album éponyme
Cirith Gorgor (le seul chroniqué sur Thrashocore, la honnnnte !), m’avait refroidi. Une douche tiède qui n’avait pas pu être véritablement oubliée par la suite, en novembre 2011, quand paraissait
Der Untergang… D’abord parce que l’album ne sortait qu’en vinyle, et que des vinyles, moi je n’avais pas de quoi en lire ! (la honnnnte !). Il m’aura alors fallu attendre 3 ans et une réédition en CD par Ketzer Records pour pouvoir enfin en profiter... une dizaine de fois avant de le ranger, et de ressortir les trois premières galettes, définitivement inégalables. Attention, le groupe venu de Hollande était toujours intéressant, mais moins percutant que lors de ses débuts fracassants.
Voilà le contexte dans lequel j’accueillais « Visions of Exalted Lucifer », qui nous aura fait patienter 5 ans tout de même. Quelques petites manipulations à signaler du côté du line-up, mais rien de bouleversant. Les indéboulonnables Levithmong et Marchosias sont à leur poste. Le premier se partage à la batterie et aux vocaux, épaulant le chanteur attitré Sataniel. Le deuxième est guitariste, l'autre manche allant à Valefor. Valtyr enfin est à la basse. 5 belles crapules qui ont opté pour un visuel inédit qui casse à nouveau leurs habitudes. Un visuel particulièrement dans l’air du temps, réalisé par notre petit Français Valnoir (Metastazis en d'autres circonstances), l’anvien chanteur de
SOMBRE CHEMIN et
GLACIATION qui a fait profiter de son talent artistique des groupes tels que
ORPHANED LAND (
All is One),
SÜNHOPFER (
Offertoire),
DELUGE (
Æther),
PARADISE LOST (
Tragic Idol), ou encore
AMORPHIS (
Under the Red Cloud). Souvenirs :
On adore ou on déteste. Moi... je déteste. Ses graphismes ne créent pas un univers qui me convient. C’est tout de même important une pochette, car c’est la porte vers le monde du groupe. Et là, cette pochette de
CIRITH GORGOR est trop éloignée de l’image que j’ai du groupe. Ou alors c'est qu'il y a eu une révolution aussi au niveau musical ?! Aurait-elle eu droit à un lifting ? Eh bien oui, mais léger, on peut souffler ! On va bien reconnaître notre groupe fétiche, mais qui a changé plusieurs éléments de son black déchainé. Du coup, la comparaison avec les premiers albums est rude. Oui, je sais, je devrais fermer ma gueule suite à ce que j’écrivais il y a quelques jours pour
Circle of Pest de
NADIWRATH :
« Les comparaisons sont souvent trompeuses. Les comparaisons induisent souvent en erreur. Les comparaisons font souvent mal. »
Ce nouvel album va effectivement faire très mal si l’on n’arrive pas à oublier la comparaison. Si vous êtes fan de
Onwards to the Spectral Defile ou
Unveiling the Essence, voire même de
Firestorm Apocalypse, et que vous réclamiez une suite directe, vous allez tirer la tronche. Par contre, si vous acceptez leur évolution, ou si vous ne les connaissiez pas plus que ça, c'est bon, vous allez avoir une belle poussée de joie ! (J’allais dire « une belle érection » mais on me soutient que de plus en plus de femmes nous rejoignent... La honnnnnte.).
L'étiquette à accrocher au groupe n’a que peu changée. Nous pouvons toujours parler de black brutal à mélodies d’assassins, mais on sent que les années ont apporté de nouvelles envies.
CIRITH GORGOR 2016, c’est du
CIRITH GORGOR 2.0 et c'est d'ailleurs ce que le label précise lui-même. A ses bases dévastatrices se sont ajoutés des éléments plus orthodoxes. La maturité est passée par là. On perd donc ce que j’adorais chez cette formation, plus que la rage c'est son manteau de nervosité. On avait l’impression que tout pouvait arriver avec eux, l’impression d’une explosion de colère improvisée. Les guitares pouvaient grésiller, il pouvait y avoir du larsen, la batterie était incontrôlable. Les vocaux dégueulaient de partout. Les morceaux sonnaient beaucoup plus saccadés, et la tension était au max du max. Allez, on a envie de se replonger dedans :
Vous avez écouté ? Eh bien enchainez avec les titres du nouvel album, vous allez les trouver lisses !
C'est pour ça que la comparaison n'est pas à faire. Oubliez tout de suite ce que vous venez d'entendre; vite ! Car si vous vous concentrez sur la nouvelle orientation, vous allez comprendre qu'elle est bien maîtrisée aussi.
CIRITH GORGOR a gagné en maturité donc, et fait beaucoup marcher sa tête. C'est valable pour la construction des titres, mais aussi pour l'ordre dans lequel ils ont été classés. Il y en a 7, et ils ont été mis de sorte à ne pas lasser l’auditeur. Les deux premiers bourrinent, et alors que l'on pourrait perdre pied le troisième baisse fortement d’un ton. Les deux suivants reprennent le rythme de malade puis le 6ème rebaisse d'un ton. Enfin le dernier reprend du poil de la bête, nous déchiquetant tout le corps et en prenant soin de glisser un break ni vu ni connu. Boum. Ordre des pistes malin, qui maintient l'attention durant 46 minutes.
Pour récapituler, ce sont donc 5 titres qui se veulent agressifs, violents, rapides, sans pitié. Tous les instruments sont en mode destruction, mais avec une production impec, et avec une construction plus logique qu’auparavant, plus « lisible » aussi. On trouve une petite pincée d’orthodoxe mais aussi un regard tourné désormais vers
TSJUDER. Ces titres ne font pas dans la dentelle, mais ils manquent de mordant pour être au niveau supérieur. « Of Black Dimensions... » est plus lent. Il fait en fait office d’intro à « ...And Demonic Wisdom ». Il a le très bon goût de laisser une petite place à des vocaux féminins qui déclament avec la même expression que Denise. Denise !!! La chanteuse qui était sur le premier
MEPHISTOPHELES :
Landscape Symphonies ! Et elle est même accompagnée d’une voix black qui vient jouer avec elle ! C’est une nouveauté pour
CIRITH GORGOR, une bonne celle-ci, qui nous renvoie presque vingt ans en arrière. Et « Rise of Purification - Vanished from This World » est le fameux 6ème titre. Celui qui sent le plus l’orthodoxe grâce à des chœurs sur son premier tiers et celui qui booste le moins. Il prouve que
CIRITH GORGOR sait aussi très bien courir à cloche-pied. Ce n'est pas nécessairement une critique car il permet lui aussi de trouver un visage différent à la formation. Un côté épique réussi !
Au final, l’album de
CIRITH GORGOR vaut-il le coup ? Oui, évidemment oui, il sait toujours perforer l’esprit, il y a des riffs qui réveillent les morts, et les écoutes ne lassent pas. Par contre il a trop travaillé et attrapé quelques automatismes handicapants. Moins de surprises, moins de noirceur, moins de personnalité aussi... Et une dernière critique, très légère, le chanteur a tendance à trop allonger ses fins de phraaaaaaaaaaases... Un tic qui m’agace un peu...
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