Kvltist - Catechesis
Chronique
Kvltist Catechesis
Catéchèse : ensemble d'actions destinées à éduquer religieusement les hommes ou, au sein de l'église, toute action de parole sur la foi chrétienne et sur la manière de vivre. Pour ceux qui se posaient donc la question de savoir si ce titre d'album de Kvltist avait un rapport avec le catéchisme, la réponse est désormais évidente. Kvltist, jeune duo, allemand de son état, composé de MZI et Amon Xul semble donc se donner pour mission de nous radicaliser par internet via son premier album sorti en novembre dernier sur le label World Terror Committee dont je ne cesse de vanter les mérites ici-bas. Déjà, si tu n'aimes ni les dissonances, ni la théologie, tu es prié d'aller voir ailleurs puisque « Catechesis » s'oriente dans le Black Orthodoxe pur et dur.
Un projet plutôt ambitieux au final puisque rarement un disque s'est donné pour but de m'éduquer sur la Foi chrétienne, même si bien évidemment tout ceci sera vu sous le prisme adoré du Luciferisme théiste (ce dernier étant visiblement axé sous l’œil de la doxologie, soit l'art de la punchline chrétienne, pour les plus profanes dont vous faites peut-être partie). MZI et Amon Xul sont donc envoyés sur la Terre par Satan / Lucifer / Baal / La Lumière / Khaos ou tout autre entité qui vous sierra pour nous donner des frissons de gloire et de Sainte-Terreur-En-Son-Nom. Ce qu'on peut dire, c'est que les allemands se débrouillent plutôt bien concernant ce sujet, la terreur étant en effet une composante essentielle de leur son.
Si à première vue, « Catechesis » semble relativement simple avec cette pochette classique, cette production à priori typique du genre oscillant entre le propre et le sale (avec toutefois une légère prédominance pour le premier trait de caractère) et quelques riffs qu'on retrouvera sans peine chez Nightbringer – et oui, encore, me direz-vous -, ce premier effort est en réalité plutôt qualitatif mais ça, il m'a fallu au moins quinze écoutes avant de m'en rendre compte. Kvltist joue un peu avec le feu sur son premier opus puisqu'il appartient à cette catégorie d'albums qui se révèle longtemps après leur première appréciation. On se retrouve donc à passer l'album en fond, en se disant des « c'est sympa ça » ou des « ah oui, pas mal ». Et puis, un beau jour, on se rend compte qu'on a fait tourner le bousin quatre-vingt fois. Et on se dit qu'il faudrait peut-être se pencher sur les compositions avec un peu plus d'attention.
« The Devil's Catechumen », piste d'ouverture a le mérite de poser les bases du groupe qui affirme directement un son fait de trémolos d'équilibristes suraigus que l'on rapprochera des déjà-cités Nightbringer – qui sont la principale influence de Kvltist, sans aucune contestation possible - et aussi de quelques jeux rythmiques nous rappelant les excellents Shrine Of Insanabilis. Et si l'ambiance n'est clairement pas catchy, elle est pourtant formidablement insidieuse et dérangeante. « Darkest Lights from Glaring Shadows » est une illustration de ce climat d'oppression qui hante l'album, oscillant sans cesse entre sampling tordu (ce piano distordu est franchement glaçant) et riffs axés sur la terreur, la peur et autres joyeusetés. La tracklist se partage d'ailleurs astucieusement entre morceaux courts et impactant que l'on pourrait assimiler à l'intention d'un « Panzer Division Marduk » en mode Terreur-Biblique (« Devotion » en est l'exemple parfait) et pistes plus longues et labyrinthiques comme le très bon « Oblation » qui du haut de ses neuf minutes perdues entre sampling Noise, chants grégoriens, arpèges plutôt louches et fulgurances lumineuses possède un argumentaire lui permettant de faire sincèrement de l'ombre à la concurrence.
« Catechesis » est tout un sauf un album évident, dans le sens où il ne recèle que peu de moments où l'on ressentira une émotion « facile ». Sournois et fourbe, il profite de son opacité pour inscrire ses dissonances dans nos cerveaux. Et force est de constater qu'une fois ceci assimilé, on se retrouve très loin de la Terre, comme embrumés dans une fumée opaque où l'on ne verrait pas plus loin que le bout de son nez. Kvltist propose un voyage dans la noirceur dès plus réussis, remémorant à son auditeur ses voyages musicaux les plus fous, qu'ils aient été effectués en compagnie de Bestia Arcana, Thantifaxath ou de Merrimack. Puissant, occulte jusqu'au bout de la nuit et finalement tout sauf simpliste, ce premier album assoit avec facilité Kvltist dans le rayon des jeunes formations que les amateurs d'orthodoxe se doivent de suivre avec assiduité.
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