Pornography - Pornography
Chronique
Pornography Pornography (Compil.)
(This is a collection)
Prenez les membres de Botch dans leur phase aussi teigneuse que glaireuse d'
American Nervoso. Enchaînez les à leurs instruments et forcez les à jouer pendant cinq heures d'affilée. Quand enfin ils paraissent tous hagards, que leur musique n'est plus notes ou rythmes mais cordes, peaux et gorges mutilées au bord de l’évanouissement, servez frais. C'est prêt et ça ressemble certainement à Pornography.
Peu d'informations sur ce groupe de Nashville, qui distille ses sorties au compte-goutte. Ce qui semble être avant tout la création d'une seule personne (Anderson Cook, chanteur et guitariste, dont les quelques phrases mises sur
le bandcamp de la formation font penser que Pornography est d'abord son exutoire) laisse peu d'informations filtrer, et sans le dénicheur de talent Gulo – que vous feriez bien de suivre sur le webzine
Slow End et le blog
Satan Owes Us Money, comme je m'y applique depuis un certain temps – nul doute que je serais passé à côté de cette compilation regroupant les compositions du pornographe parues de 2010 à 2013. Sans aller jusqu'à dire que c'est un bien, je ne regrette pas d'avoir commandé mon exemplaire sur le tout aussi confidentiel label Speed Ritual.
Pornography s'inscrit dans une mouvance hardcore et masochiste ayant depuis longtemps pondu des anomalies plus réjouissantes les unes que les autres. Un cas d’école de ceux qui n'en ont aucune, type Dial, Admiral Angry, Keeper ou encore This Gift Is A Curse, que le trio rappelle dans sa rigidité noise et industrielle où tout n'est qu'enclume. Cinglants jusqu'à leurs libellés (« Sex/Dishonor »: on a vu plus avenant !), ces cinq titres enchaînent avec une invariable douleur leurs tours de vis, causant une envie d'exploser son crâne contre les amplis pour que ça cesse, pour de bon. Trente petites minutes, mais qui suffisent aux Ricains pour donner l'impression de sortir lessivé et essoré d'un cycle de lavage vécu au ralenti, sans possibilité de respirer.
Les amateurs de saloperies de ce genre auront depuis longtemps trouvé leur mètre-étalon où laisser surgir leurs pulsions de soumission. Pourtant, Pornography, sans apporter un « plaisir » foncièrement différent de ceux déjà procurés par
A Fire To Burn Down The World ou
le This Gift Is A Curse des débuts, sera une succession de coups de fouet dans le dos aussi convaincante dans ses répétitions, lacérations, claquements et plaies ouvertes que les autres grands noms de club BDSM qu'on pourra trouver. Sûr, le gentil metal/hardcore morose qu'on nous vend comme la nouvelle saveur ultra-noire avant la prochaine, ce n'est pas là qu'il faut le chercher. Pornography n'existe pas dans le but de changer la face des musiques extrêmes (...lol). Ce qu'il transmet est tout autre, plus simple et pourtant plus radical : dire qu'en réalité, nous souffrons.
| lkea 27 Octobre 2014 - 827 lectures |
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