Hissez Pavillon Rouge, nous sommes en guerre. Pas vraiment « At War With Satan », mais plutôt en mode « War » de Chief Keef, avec phasage général en bonus et un peu moins d'autisme. « Legio Axis Ka » déboule donc cette année, soit quatre ans après l'énorme
« Solmeth Pervitine », sorte de quintessence du Modern Indus Black Metal, c'est à dire celui-qui a abandonné les boîtes à rythmes façon Mysticum pour les remplacer par des basses, Ableton et un soupçon d'actualité. On ne pourra jamais reprocher à Pavillon Rouge de manquer de modernité, ce qui est déjà beaucoup dans un style où l'absence cruciale de nouveautés et de créativité se fait sentir à chaque cassette disponible sur un quelconque label obscur de Pologne. Avouez, le fait de mettre un disque qui est sûr à 100% de ne pas avoir été conçu par trois crétins rétrogrades est déjà un luxe en soi.
Luxe, discipline et Casio en diamant bruts, « Prisme Vers L'Odyssée » nous emmène en terrain connu. C'est sûr le style Pavillon Rouge est immédiatement reconnaissable, comme Joey Starr dans un concert de NSBM. On retrouve ce son spécifique avec cette base électronique paumée entre une modernité palpable dans la puissance, les sonorités et une forme d'amour du rétro par les mélodies, le côté synth-pop prononcé. On retrouve aussi ces riffs tantôt industriels et rythmiques, tantôt plus mélodiques, parfois proches de solis qu'on pourrait retrouver dans un disque de Glam. Jusque là, c'est plutôt du classique, avec l'A.O.C. Pavillon Rouge apposée en gros sur l'album.
Cependant, « Legio Axis Ka » est différent de son prédécesseur et ce pour plusieurs raisons.
« Solmeth Pervitine » était cette soirée énervée, avec stroboscopes et Gesaffelstein et tout un tas d'autres trucs que vous retrouverez probablement sur Tsugi. Ce dernier né de nos Grenoblois est beaucoup plus intériorisé, il se positionne selon moi à l'intérieur d'un crâne participant à cette fameuse fiesta. En résulte donc une atmosphère générale plus floue, plus spécifique, aussi un poil plus finaude et sujette aux élucubrations internes de son créateur. En témoigne les deux pistes instrumentales, respectivement nommées « Kosmos Ethikos » et « Notre Paradis » (reprise du « Gangsta's Paradise » de Coolio) qui font très « méditation-pour-atteindre-le-Nirvana ». Un chemin de croix périlleux et emprunt de nostalgie cosmique qui finira sa course crucifié au sommet de Golgotha, sur l'épineux et épique « Klux Santur ».
Plus guerrier aussi, comme on peut s'en rendre compte sur « Mars Stella Patria » et ses « Soleil ! » scandés sur une rythmique des plus martiales. On trouverait presque dans cette dernière production une dose d'égotrip, avec ces morceaux toisant les rivaux depuis un trône stellaire inatteignable et n'hésitant pas à riposter violemment en cas de rébellion. D'ailleurs, ce ne serait pas étonnant que tout ceci soit lié à cet artwork toujours réalisé par AAAA Studios, nettement plus grisâtre et mettant en scène une statue des plus belliqueuse. Presque tout l'inverse de l'artwork du disque précédent au final. Comme si Pavillon Rouge était au courant que l'effet de surprise qui avait accompagné la découverte de
« Solmeth Pervitine » n'allait pas se reproduire, la formation a décidé de changer légèrement d'orientation, sans pour autant perdre en route ce sens du tube Electro-Black (criant sur le refrain de « Droge Macht Frei »). Un côté plus catchy, plus insouciant sur certains riffs très mélodiques et entêtants mais paradoxalement plus complexe dans la globalité.
On ne cerne pas « Legio Axis Ka » aussi facilement que les autres sorties de Pavillon Rouge. Moins simple, plus finement ciselé, on sent tout le travail qui a été fait pour que ce disque bénéficie d'une durée de vie conséquente et perpétue la tradition de l'écoute en boucle. D'ailleurs, on notera aussi bien volontiers la performance vocale d'un Yvh à son meilleur niveau et celle de Kra Cillag, toujours exemplaire en terme de sonorité immédiatement reconnaissable, d'écriture référencée au possible et d'intensité dans l'interprétation.
Vous l'aurez compris, les neufs morceaux de ce disque donnent respectivement de sauter dans le vide histoire de voir, de garer la Panamera en double-file dans les anneaux de Saturne ou juste de retrouver le frisson qu'on a tous eu en se pointant défoncé devant le videur de la boîte de nuit. « Legio Axis Ka » est assez ambitieux pour se permettre de toiser du haut toute la concurrence qu'elle soit Industrielle, Black Metal ou simplement Metal-Electro. Et il est qualitativement au niveau pour résister aux frappes adverses. Booba a sorti « D.U.C. », Kaaris a sorti « Le Bruit De Mon Âme » et Pavillon Rouge vient de sortir les deux en même temps. Le bruit de l'âme de ceux qui sont aujourd'hui incontestablement les ducs du Black Industriel. Par contre, les mecs, à l'avenir ne mettez jamais trop d'Auto-Tune, même si vous êtes au top du Black Game.
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