Pour cette première chronique sur Thrashocore, je m'attaque à un album relativement récent, puisque sorti l'année dernière.
Pavillon Rouge, c'est un groupe français, originaire de Grenoble et formé en 2007. Après le très bon EP
"Mizuage", sorti en 2008 ou Pavillon Rouge posait les bases de son concept (un black-indus aux aspects très clairement "Blacklodgien" couplé avec un aspect new-wave, principalement rallié à Indochine), les re-voilà donc avec leur tout premier album.
Sur ce "Solmeth Pervitine", Pavillon Rouge se désaxe un peu de son Black Indus hommage à Indochine, pour se plonger un peu plus dans l’électronique. En effet, les boîtes à rythmes sont beaucoup plus en avant, et beaucoup plus travaillées. Les constructions rythmiques sont très développées, et le groupe prend son pied en composant des rythmiques puissantes et surprenantes. Surprenantes, certes, mais toujours ancrées dans un aspect new-wave, bien que plus distillé, et plus en retrait que sur l'EP. Les rythmiques binaires et mécaniques sont toujours présentes, comme les "claps", typiques de la trilogie Indochinoise mythique (enfin, pour moi) : "L'aventurier" - "Le péril jaune" - "3", à laquelle on pourrait éventuellement rajouter "7000 danses".
Pavillon Rouge, est d'ailleurs, un titre d'Indochine, issu de l'album "Le péril jaune". Les références fourmillent, dans les titres avec certains mots "Kashmir", "Jade" voir dans les photos de
"Mizuage", hommage criant à la bande belge.
Au titre des références, on notera aussi la reprise de Cinema Strange : "Sadist Sagittarius". Cinema Strange, pilier de la Batcave, se voit ici réinterprété dans une version dopée en puissance aux psychotropes, et augmentée d'un solo heavy totalement décalé, mais tout bonnement jouissif !
Au registre des changements, on pourra noter le remplacement du chanteur. Si l'EP était chanté par Ben de Sybreed, qui axait son chant sur le cri et sur des passages en clair - encore une fois, très Indochine - il s'agit pour l'album de celui de Kra, ce dernier étant connu dans la sphère Black Metal pour son poste de vocaliste dans l'excellent groupe Crystalium. L'homme livre ici un chant possédé, habité, arraché et rempli d'émotions.
Une vraie force en plus, même si Ben était convaincant. On pourra dire que Pavillon Rouge aura su changer de vocaliste au bon moment, Ben étant parfait pour un hommage à Indochine, et Kra étant parfait pour affirmer un peu plus la personnalité particulière et complexe du groupe.
Les textes, en français (sauf pour la reprise de Cinema Strange, ça va de soi...), sont vraiment bien écrits, et malgré leur absence de la pochette, on les retient vite, on les comprend plutôt bien, et on se surprend même à les chantonner (dans une imitation de Kra plus ou moins réussie selon les cas...). De même, on observe des références de "culture générale" dans les titres des chansons, comme "Avesta" ou le livre sacré du Mazdéisme, religion de l'ancien moyen-orient, "XTC", le principe actif de l’ecstasy ou encore le titre de l'album "Solmeth Pervitine", soit un mélange entre le symbolisme solaire, et la Pervitine, substance dérivée des amphétamines.
La production est très précise, chose importante pour apprécier toutes les richesses de la musique de Pavillon Rouge, notamment dans la composition des guitares qui alternent gros son compressé, et passages parfois plus mélodiques en clair. Cas finalement assez rare, chaque riff est un monument d’efficacité, tout autant dans les phrases mélodiques et les arpèges clairs que dans les riffs 100% immatriculés Black-Indus.
La production prend aussi le soin de glisser quelques samples : des cris de jouissances, des dialogues enregistrés, ou des extraits de musique classique ou de poésie (cf : l'interlude "Des cimes, des abîmes").
Pavillon Rouge est un groupe complexe, et cet album est une acquisition fort intéressante puisque cet opus possède un potentiel "replay" très important. On écoute, réécoute et réécoute encore cet album, qui pénètre en nous comme une drogue. Et aucune forme de lassitude et d'ennui n'apparaît dans les écoutes.
Pour le ressenti, on peut dire que Pavillon Rouge développe son propre monde. Une haine contrôlée, presque mécanique. Mais aussi une contemplation de la puissance, ou des passages qui me font hérisser le poil et où on est totalement absorbés par la beauté des phrases mélodiques, empreintes d'une certaine tristesse, mais aussi d'une force émotive très puissante, et semblant incontrôlable pour notre cerveau. Le chant de Kra accentue ce côté émotif, et prend directement aux tripes de l'auditeur . Si le CD peut sembler difficile à appréhender, il faut s'accrocher, et vous en serez bien récompensés.
Parmi les titres marquants (même si ils sont tous marquants...), signalons : "Sept siècles et le feu", "Évangile du Serpent", et "Avesta, le vent effacera tout", ainsi que la réécriture de "Cauchemar kashmir" ici renommé en "Le grand tout s'effondre".
Un très bon album, riche, prenant et novateur.
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