Malgré ses qualités évidentes,
Sleepwalk, premier album de Watertank sorti en 2013 sur le label français Solar Flare (Pigs, American Heritage...), n'avait pas réussi à me convaincre outre mesure. La faute à des riffs trop en retrait manquant de caractère. Du coup, je n'avais pas spécialement envie de me charger de cette nouvelle chronique. Heureusement, ma curiosité l'a emporté et c'est en postant une news au sujet de la sortie du single "DVCR" que j'ai tout de même décidé de voir a quoi ressemblait ce nouveau Watertank. Un éclair de génie, une fulgurance des plus heureuses dont je me félicite d’ailleurs chaque jour puisque j'écris aujourd’hui ces quelques lignes avec énormément de plaisir.
Destination Unknown est donc le titre de ce deuxième album à paraître le 29 juin prochain sur Solar Flare Records. L'artwork bleuté de son prédécesseur qui évoquait alors ces fameuses marches nocturnes laisse ici la place à une certaine idée du voyage (des rails, ces trois personnages scrutant l'horizon) encore un peu flou (utilisation du noir et blanc, mise en abime de cette tête sans visage) dans une atmosphère élégante à la Mad Men rappelant ainsi les Etats-Unis des années 50/60.
Vous l’aurez donc déjà probablement compris mais ce deuxième album est donc ce que l'on peut appeler une très agréable surprise. La preuve en est que je l’ai écouté plus souvent en trois semaines que
Sleepwalk en un peu plus de deux ans. Un signe qui en dit long sur le plaisir que me procure chaque nouvelle écoute de cet album absolument irrésistible.
Il faut dire que ce qui me gênait à l'époque sur le premier album de Watertank a été ici corrigé. Alors que je reprochais à
Sleepwalk son manque de caractère a cause de riffs pas assez percutants et mémorables,
Destination Unknown s’empresse de prendre la direction inverse, offrant ainsi un festival de tubes Post-Hardcore rappelant le meilleur de la scène US des années 90 (Quicksand, Helmet, Rival Schools, Fudge Tunnel...). Une immédiateté qui fait particulièrement plaisir à entendre surtout après avoir écrit à l’époque de
Sleepwalk ces quelques mots :
"Malheureusement le chemin est semé d’embûches et pour moi la comparaison est loin d’être aussi évidente. Du moins disons plutôt pour être exact que Watertank a encore de la route à parcourir avant d’arriver au niveau de composition de ces deux groupes devenus aujourd’hui incontournables.". Un joli pied de nez de la part des Nantais qui de leur Loire-Atlantique natale semblent m’adresser un joli doigt bien tendu tout ce qu’il y a de plus mérité. Une erreur que j’admets bien volontiers d’autant que les neuf titres de
Destination Unknown s’enchainent avec une aisance des plus rafraîchissantes sans jamais défaillir un seul instant. Je peux donc remballer mes "embûches" et me les mettre où je pense.
Mais au delà de la qualité même de ces riffs à la fois rugueux et incisifs, c’est cette facilité à faire cohabiter force brute et mélodies aguicheuses qui rend
Destination Unknown tout à fait imparable. Une complémentarité qui fait de ces neuf morceaux de véritables tubes, à la fois facile d’accès car après tout aisément mémorisables et en même temps abrasifs, nerveux et surtout chargés d’une certaine lourdeur. Une sensation d’ailleurs sublimée par cette production massive signée Patrice Guillerm et Carl Saff qui, une fois de plus, transporte l’auditeur en plein dans la scène Post-Hardcore US des années 90. Un parti pris toujours totalement assumé de la part de Watertank qu’on ne pourra qu’applaudir des deux mains tant le résultat est aujourd’hui particulièrement convaincant.
Avec les vacances qui approchent à grands pas,
Destination Unknown s’impose sans difficulté comme l’album Rock de l’été, celui que l’on aime à se repasser lors de ces longs road trips ensoleillés. Une chose est sûre, Watertank a réussi à élever son niveau de composition d’une bien belle façon, passant ainsi d’un groupe sympathique mais dont certaines lacunes handicapaient encore grandement son propos à un groupe sur de lui, capable d’enchaîner les tubes en toute décontraction, avec une facilité presque insolente. Quoi qu’il en soit, à l’heure où le revival 90’s semble battre son plein (Superheaven, Violent Soho, Iron Chic, Balance And Composure...), Watertank vient apporter sa pierre à l’édifice en montrant à la face du monde que la France à elle aussi droit de citer en la matière. Si comme beaucoup vous regardez en arrière avec nostalgie ces belles années marquées par les groupes de Walter Schreifels, Page Hamilton ou même Dave Grohl,
Destination Unknown saura vous convaincre sans aucun souci. Une franche réussite qui laisse espérer un avenir radieux pour les cinq nantais.
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