Hanging Garden - Blackout Whiteout
Chronique
Hanging Garden Blackout Whiteout
Tout ce que j'ai pu entendre d'Hanging Garden jusqu'à maintenant ne m'a jamais laissé penser que leur doom/death sortirait du lot un jour.
"At Every Door" n'était pas mauvais par exemple, au contraire, seulement bien trop classique et consensuel pour atteindre les sommets. Pourtant, de la personnalité, les Finlandais n'en manquent pas : leur musique a quelque chose de singulier, un univers bien à eux, un son reconnaissable entre mille. Comme le suggérait l'artwork, le groupe a décidé de passer à la vitesse supérieure pour son quatrième album : "Blackout Whiteout" est une grosse prise de risque, un étonnant choix artistique à défaut d'être une totale réussite.
Terminé le doom/death, nos amis finlandais se lancent désormais dans une sorte de mélange anesthésiant entre post-rock et metal atmosphérique rappelant fortement les travaux de The Chant ou Katatonia. C'est comme si le groupe n'avait conservé qu'une partie de lui-même, les regrets sans la haine, la tristesse sans la colère, l'oubli plutôt que la souffrance du souvenir. Les hurlements et les murs de guitares se sont tus, seuls demeurent les tempos léthargiques, les guitares aériennes, les claviers éthérés et ce chant clair voilé, le tout mêlé dans un mixage volontairement flou (une de leur marque de fabrique). A chaque instant, on ressent comme une douleur profonde qui tente d'être effacée par le temps. Condamnée à disparaître, elle ressurgit de temps à autre à travers quelques réminiscences du passé, des rythmiques plus dures et le chant guttural de Toni. L'album glisse d'ailleurs doucement vers cette douleur, la noirceur revenant petit à petit en seconde partie (à partir de "Unearth") pour finir sur cette fantastique conclusion qu'est "Blackout" que seul un break affreux à 2'30 viendra gâcher...
La pari était osé et le résultat prometteur mais pour moi cette quête était finalement vouée à l'échec et ce pour deux raisons. La première sur la forme, c'était d'ailleurs un des reproches que j'avais formulé sur
"At Every Door" : le chant clair manque cruellement de charisme. En faire un des piliers de ce renouveau n'était pas la meilleure chose à faire de mon point de vue, sa puissance émotionnelle étant bien moins forte que les growls. Il est complété sur certains titres par quelques incursions de chant féminin, une idée qui aurait mérité d'être plus exploitée pour apporter un peu de relief aux compositions. Mais en fin de compte, le véritable problème vient du fait que la force d'Hanging Garden résidait avant tout dans sa capacité à nous faire broyer du noir. C'est une partie de son essence que le groupe a amputé ; sans son coeur, il ne reste que cette coquille vide, incapable de ressentir le moindre sentiment. Compact et linéaire, "Blackout Whiteout" s'emploie à nous immerger dans cet abandon, brouille l'esprit et instaure un couvre-feu émotionnel. Cette ambiance tenace maintient malheureusement l'ensemble dans un état de flottement qui l'empêche de décoller. Quelques moments ici et là viendront vous sortir de votre torpeur, des instants de lucidité bien trop brefs pour vous inciter à y revenir.
"Blackout Whiteout" n'est pas un raté pour autant. Le groupe a choisi une évolution risquée, basée principalement sur une atmosphère froide et apathique qu'ils maîtrisent à la perfection. Reste à savoir si vous serez sensible à cette absence de sensibilité. Malgré de belles choses, ça n'a pas été mon cas.
| Dead 12 Mars 2016 - 566 lectures |
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