Fiend - Derailed
Chronique
Fiend Derailed (EP)
"[Fiend was] formed in the summer months of 2012 through our local DIY community to play some angry tunes."
Voici la seule et unique notice biographique que l'on peut trouver sur Fiend. Si ses deux membres présentent la genèse du projet comme une envie soudaine, au sein de leur communauté de punks à chiens, de faire un peu de bruit (comme mille autres avant eux, en somme), leur Grindcore est tout sauf commun. Il ne consiste pas en un empilement de riffs éculés et de rythmiques grotesquement rapides. Il véhicule une ambiance malsaine qui happe l'auditeur. "Derailed" est l'un des témoins de ce Grindcore aussi véloce que dérangeant.
Le duo de Fresno joue vite et fort, certes. Que ce soit sur leur première démo, ou leur split avec leurs compatriotes de Dead Issue, Fiend produit des assauts aussi courts que marquants. Il construit une chape de plomb autour de l'auditeur, en déployant un feeling complètement paranoïaque, traduit par cette dualité de voix, entre hurlements d'angoisse et grognements plus sourds. Les murs compacts des guitares cloisonnent l'auditeur en isolement (ambiance rappelée par la pochette de leur
dernière sortie en date). Et plus l'EP défile, plus les murs capitonnés se rapprochent de lui. Les lanières de la camisole se resserrent au gré des rythmiques croûteuses ("Display of Insecurity"), pesantes ("Suffer In Silence") et furieuses ("Horrendous Ego").
"Derailed" est bien plus que ce que l'on pourrait croire : plus qu'un EP violemment stérile, il montre une personnalité bien affirmée, et une noirceur sans fond que je ne m'attendais pas à retrouver chez un groupe de ce style. On croyait avoir affaire à un Punk passablement éméché, braillant sa vindicte anticapitaliste, on se retrouve embarqué par deux médecins psychiatriques gentiment dérangés pour servir de sujet d'étude. Aussi malsain que prenant, je ne peux que regretter la courte durée de chacune des réalisations du combo californien : ce "Derailed" ne fait pas exception à la règle. Qu'importe, car on se surprendra à aimer son calvaire - et à en redemander.
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