C'est quand même chouette, d'avoir un climat intransigeant. Tiens, prends la Finlande, par exemple. Une poignée de musiciens, que tu jettes en pleine forêt, condamnés à être malmenés par les températures glaciales, cinq mois de nuit par an et une langue quasi-ésotérique pour qui n’y est pas initié, et PAF ! Tu obtiens l'une des scènes Black Metal les plus riches et qualitatives du genre. Jouer vite et fort, bouger partout dans le pit pour se réchauffer, le pays aurait pu être un bon terreau pour le Grindcore… Pourtant, la scène Finlandaise n’est pas forcément la plus connue : sorti des vétérans Rotten Sound et des surdoués (je pense à Death Toll 80K), peu de noms de formations Finlandaises me viennent en tête... Ha, si, peut-être bien Feastem, en fait.
Pas la plus connue, mais loin d’être la plus jeune, puisqu’elle est active depuis 2005. Quinze ans de longévité pour un groupe que je n’ai découvert qu’avec la sortie d’
« Avaritia Humanae », en 2013, dont j’avais eu l’occasion de parler sur Thrashocore. A la réflexion, et à la réécoute, je trouve que j’ai été un peu sévère avec la galette. Peut-être que j’en attendais trop, que prendre Rotten Sound pour mètre-étalon était un peu raide… Peu importe, les Finlandais me corrigent cette année de la plus belle des manières : en sortant, sept ans plus tard, une lame d’un tranchant redoutable, forgée au marteau-pilon et trempée dans l’huile la plus corrosive qui soit, livrée bien polie dans deux fourreaux différents : en LP chez Lixiviat Records (label des gones de Warfuck), avec une pochette aussi réussie qu’improbable, et en CD chez EveryDayHate, parée d’un artwork autrement plus conventionnel.
Quoiqu’il en soit, Feastem n’a rien perdu de sa hargne, au contraire, tout porte à croire que le climat délétère ambiant aura renforcé l’envie du groupe de casser des gueules.
Doté d’une production qui a bien mangé ses cinq fruits et légumes par jour, mais saupoudrés de protéines,
« Graveyard Earth » ne correctionne plus : il dynamite, il disperse, il ventile. La même recette que par le passé, mais en plus « tout ». Plus énervée, plus intense. Le blast-beat y est évidemment quasi-constant, chaque coup de médiator creuse un ravin, et le chant étranglé de Petri Eskelinen fait baisser les yeux, à grands coups de saillies fédératrices (« I Will Never Kill », rââââh…). Quand la démonstration de force est aussi impressionnante, on se tait, et on reconnaît avoir jugé le groupe un peu rapidement.
D’autant que Feastem sait infuser à son Grindcore, déjà pétri d’influences mises au service de l’agression, quelques petites idées qui lui évitent de s’encroûter dans la redite. Rien de révolutionnaire, hein, mais elles ne manqueront pas de décrocher une droite, puis le sourire, au connaisseur. Le chant qui s’aligne sur les tonalités de la guitare sur «Creeping Heat », le dôme de la ride qui vient ponctuer les changements de riffs du véloce « Verta ja lihaa », les breakdowns faussement pépères de « Sortovalta» qui ne sont que des échauffements avant le 100 mètres, ces cymbales étouffées démarrant « Turha toivo »… Une multitude de petits atouts qui poussent au replay. « Terror Balance » et ses motifs de fin du monde, « Pelon voima » et son D-beat façonné pour secouer les malheureux au premier rang, « Kurjuuden kuningas » qui voit Feastem donner tout ce qui lui reste d’énergie dans la dernière ligne droite, sont autant de preuves que le groupe n’a, à aucun moment, baissé la garde. Intensité soutenue du premier au dernier titre, la pression ne redescend qu’à l’outro bruitiste à souhait, friture sur la ligne sortant des enceintes, rudement éprouvées.
"Graveyard Earth" remplit toutes les clauses de son contrat. Il est court, il est violent, il ne ménage pas l'auditeur et ne pourra que prendre encore plus de relief sur les scènes. Mieux, il fait du zèle, en ajoutant quelques petites tournures, évoquées plus haut, ajoutant à l'efficacité de l'ensemble. Un boulot d'artisan, dans ce que le terme peut laisser entendre de plus noble : c'est honnête et ça respire la passion. Amateurs, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
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