Grind-O-Matic - Welcome To Grind-O-Land
Chronique
Grind-O-Matic Welcome To Grind-O-Land
Chicago. Au Cook County, hôpital universitaire, on forme les étudiants à l'apprentissage de la médecine. De jour comme de nuit, qu'on soit pétés au chianti ou de garde depuis 72 heures. Un boulot de merde, un vrai mais en ma qualité de chef des internes, soyez sûr d'une chose, nous SAUVONS DES VIES. Enfin, disons que ça arrive ...
John Carter : Dr. Greene ! On a besoin de vous ici ! Homme d'une trentaine d'années, multiples contusions au visage, il a déjà perdu pas mal de sang !
Mark Greene : Pas moyen de boire un café tranquille aujourd'hui. D'où est-ce qu'il sort celui là ? On dirait qu'il est passé sous les chenilles d'un tank.
J.C. : Monsieur est-ce que vous m'entendez ? Je m'appelle John Carter, vous êtes aux urgences et nous allons tout faire pour vous soulager. Pouvez vous me dire votre nom ?
M.G. : Vu son état, je pense que ses papiers t'en diront plus que lui Carter. Son portefeuille, là, dans son blouson.
Susan Lewis : Mais qu'est-ce qui se passe bon sang ? On arrête pas de me biper, les chariots de réa sont en panne ... c'est Disneyland aujourd'hui ou quoi ?
M.G. : Demande à Carter. Il essaie d'entrer en communication avec un pauvre bougre dont la tête a dévissé au moins quinze fois, à en juger par les déchirures profondes autour de son cou.
S.L. : John ?
J.C. : J'y suis ! Edward Fox, 31 ans. Il habite Scottsdalle et ... oh ! Gary est son deuxième prénom. Comme mon jeune cousin de l'Arizona ! C'est plutôt amusant, vous ne trouvez pas ?
M.G. : Merci beaucoup John. Tu peux retourner suturer des pieds de cochon en salle une, on va s'en sortir.
S.L. : Il est cyanosé.
M.G. : Très bien. On lui fait cinq ampoules d'adré, chimie, iono, nfs et gaz du sang.
Doug Ross : Salut Mark. Tu prends ta pause ? On se fait un basket ?
M.G. : On a déjà perdu quatre patients aujourd'hui Doug. Si ça continue à ce rythme, je vais me reconvertir en croque-mort.
D.G. : Comme tu veux saint Mark. Au fait, chimie, iono et nfs ça veut dire quoi ? Depuis le temps qu'on joue dans cette série, je suis toujours posé la question ...
M.G. : Qu'est ce que j'en sais ? Je suis comme toi, juste un pauvre acteur dont le seul fait de gloire est d'avoir joué dans Top Gun avant d'atterrir ici. Ecarteurs !
J.C. : Vous m'avez demandé Dr. Greene ?
M.G. : Pas toi John, je parlais des pinces qui servent à achever les mourants.
J.C. : Oh regardez ! On dirait qu'il revient à lui !
Edward Fox : Raaahhh ...
M.G. : Monsieur Fox ? Est-ce que vous me comprenez ? Je suis Mark Greene, de l'hôpital Cook County. Pouvez vous me dire ce qui vous est arrivé ?
E.F. : Raaahhh ... raaahhh ... Grind-O ... Grind-O ...
S.L. : Tu penses à la même chose que moi Mark ?
M.G. : Grind-O-Land. Depuis qu'ils ont ouvert ce satané parc d'attraction, Benton passe sa vie au bloc à recoller des cervicales. Monsieur Fox ! Qu'est-ce qui vous a mis dans cet état ? L'Umbrella Jump, le Groundbreaking Looping ou le High Commotion Mountain Dive ?
E.F. : ... 85 ... 85 ... 85 feet drop ...
M.G. : On dirait qu'il a fait le grand saut. Ton avis Carter ?
J.C. : Eh bien, étant donné les troubles d'élocution du patient, la chronique du dernier album de GRIND-O-MATIC risque d'être très longue. Pour accélérer le mouvement, je préconise un EVISORAX.
S.L. : Tu veux dire un pneumothorax ?
M.G. : C'est ce qu'il voulait dire. Carter, faut arrêter d'écouter du deathcore de troisième zone, ça nuit à ta concentration. Monsieur Fox, si vous ne faîtes pas un effort pour nous parler de « Welcome To Grind-O-Land », je vais demander à Kerry Weaver de venir vous ouvrir avec une béquille.
E.F. : ... raaahhh ... après ce que j'ai enduré 47 minutes durant ... raaahhh ... c'est pas une gouine unijambiste qui va me faire pâlir ...raaahhhh ... Grind-O ...
M.G. : Comme vous voudrez monsieur Fox. John ? Voulez vous prévenir le Dr. Romano ...
E.F. : Raaahhh non ! Pas lui ! Je vous en prie ! Tout mais pas ça !
M.G. : A la bonne heure. Si vous nous décriviez l'album en détail monsieur Fox ? Tracklisting, production, nombre de kits de batterie détruits durant l'enregistrement ...
E.F. : Avant toute chose, je voudrais dire que je pensais avoir tout entendu, surtout après les dernières déflagrations sonores de MUMAKIL (« Behold The Failure ») et BRUTAL TRUTH (« Evolution Through Revolution »). Je partais donc confiant sur ce coup là, d'autant que le statut d'autoproduction n'incitait pas à la plus grande méfiance. Mais dès les premiers coups de semonce de « The Hurricane's Terrific Gravity Force », j'ai compris ma douleur.
S.L. : Et où est la douleur ?
E.F. : Là madame. Au niveau des couilles.
M.G. : Revenons à nos moutons. Comment décririez vous votre premier contact avec GRIND-O-MATIC ?
E.F. : Je dirais que ça équivaut à être projeté par un canonball sur un train de marchandises lancé à grande vitesse avant de finir plié en douze par Casey Ryback, le cuisto. Le son, très sec, est absolument terrifiant et permet de remonter à la source d'un grind originel, qu'une écurie comme Relapse n'aurait pas encore domestiqué ou aseptisé. La prédominance des aigus et le caractère noisy de l'ensemble évoquent clairement PIG DESTROYER et BRUTAL TRUTH (avec un jeu plus rudimentaire au niveau des guitares), notamment lorsque le groupe se lance dans un long tunnel de cris, de samples et de sons sur « Freakshow », qui culmine à plus de quinze minutes. C'est tellement oppressant et barré qu'on se croirait perdu en plein territoire postcore, la chianceté en moins. Un sacré morceau, vraiment, qui réduit les neurones en bouillie après une salve classique de titres oscillant entre une et trois minutes en moyenne.
J.C. : C'est le Grind-O qui fait déborder le vase !
S.L. : Du balai Carter, il y a un toucher rectal qui t'attend en salle 3. Pouvez vous nous en dire plus sur le chant monsieur Fox ?
E.F. : Des vociférations de fous furieux, tout le registre du parfait petit aliéné y passe, des hurlements hystéros au sécrétions gutturales habituelles, le tout s'inscrivant dans la même logique d'anéantissement de la raison que celle suivie par l'inénarrable Kevin Sharp, meilleure dégaine du circuit grind avec sa barbe et sa chemise de trappeur. La batterie, quant à elle, cogne très dur (certains blasts sont particulièrement rapides) et varie intelligemment le tempo, sans qu'à aucun moment l'album ne souffre une quelconque baisse de rythme. Disposant de temps à autres des samples répondant à la thématique de défaite foraine pour outcasts (sur « Nigger Separation Vs Honky Arrogance », « Welcome » ou « The Incredible Yel From The Carousel »), le groupe a le bon goût de ne pas en abuser et évite l'écueil de l'album mal branlé et caviardé d'intro/outro/dodo qui plombe habituellement ce genre d'entreprise. Loin d'être répétitif dans la forme, « Welcome To Grind-O-Land » dispose ça et là quelques gimmicks bien sentis permettant à l'auditeur malmené de trouver quelques points de repères (je pense à ce passage en sourdine au bout de 10 secondes sur « 85-Feet Drop ») dans ce tourbillon de violence incontrôlable et ... raaahhh ... pruuuiiiik ... nhhh ...
S.L. : Vous parlez trop monsieur Fox. Votre mâchoire vient de se décrocher.
M.G. : On va s'occuper de vous monsieur Fox mais étant donné votre condition, j'espère que vous avez bien profité du stagediving dans votre prime jeunesse. Benton est sur le coup ?
S.L. : Il arrive. Attention Mark, il tachycarde.
M.G. : Sa tension chute. Appelle carter, j'ai besoin de lui pour poser une sonde urinaire.
J.C. : Je suis là Dr. Greene. A ce que je vois, le patient ne sens plus rien.
M.G. : Mais nous oui. Retire tes gants Carter, tu emboucanes le service.
Peter Benton : J'espère que c'est sérieux, on m'attend au bloc pour une apendicectomie. Carter ! Qu'est-ce que tu attends pour me briefer ? La remise des diplômes ?
J.C. : Homme, trente et un an. Pas d'antécédents. Traumatisme crânien dû à l'écoute prolongée du dernier album de GRIND-O-MATIC, « Welcome To Grind-O-Land », qui s'impose déjà comme une des très bonnes surprises de l'année au rayon grindcore. On a pratiqué un pleymothorax pour le stabiliser ...*
P.B. : On dit pneumothorax Carter. Et arrête d'écouter du néo, c'est pas comme ça que tu passeras en deuxième année. On le monte au bloc ! Allez allez, on se bouge !
J.C. : Dr. Greene, vous ne trouvez pas qu'il y a quelque chose de changé chez le Dr. Benton ?
M.G. : De quoi parles-tu ? De ses cheveux longs, de la croix inversée tatouée sur son front ou de sa récente opération de blanchissement de peau ?
J.C. : Sans doute un peu de tout ça.
M.G. : Va falloir t'habituer Carter. Depuis que la goth de NCIS a fait péter l'audimat, chaque série a droit à son corbeau de service. Ici, c'est tombé sur Peter.
D.G. : Et à ce qu'on dit, maintenant, il se ferait appeler Glen. Quelqu'un a vu Carole ?
S.L. : Dans la salle de pause. Elle fait une nouvelle tentative de suicide.
D.G. : Bon sang mais qu'est-ce qui lui prend ? Elle a recommencé à voir Taglieri ou quoi ?
M.G. : Pas du tout, elle a juste écouté le dernier OBITUARY, « Darkest Days ». Je l'avais pourtant prévenue que c'était nul à s'ouvrir les veines ...
*Tous les diagnostics contenus dans cette chronique ont été lus et amendés par le Dr. Evil, en personne, aka Niktareum. Pour toute erreur médicale ou autre forme de procès, voir avec lui
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