Trucido / Deterioration - Wet Brain / Smudge
Chronique
Trucido / Deterioration Wet Brain / Smudge (Split-CD)
C'est Dimanche, c'est donc Grindcore au menu ! Tu commences à connaître la chanson. Peu client de l'exercice du split album en temps normal, tu ne me verras par contre jamais cracher sur de nouveaux titres de Trucido. Et surtout pas après la correction en règle que fut leur premier long-format, "A Collection of Self-Destruction", sorti l'année dernière chez Rescued From Life - et qui s'est imposé sans peine parmi les disques de l'année. En même temps, et au risque de me répéter, un projet touché par la grâce de Bryan Fajardon et Irving Lopez peut-il produire quelque chose d'à peine moyen ? Bref, pour ce nouveau (petit) tour de piste, les Texans ont choisi de partager l'affiche avec Deterioration, le duo Jim / Joe Kahmann, actif depuis bientôt vingt ans. Les Minnésotains ayant publié leur partie du split en premier, le jour de Noël, attaquons donc l'objet par leur versant.
Et c'est là que les ennuis commencent : Deterioration a beau jouir d'un petit statut de groupe culte au sein de la scène, j'avoue sans mal que leur Grindcore m'en touche une sans faire bouger l'autre. Il leur a toujours manqué ce petit quelque chose, un poil de pêche, un soupçon de force de frappe, pour produire quelque chose qui m'intéresse réellement. Rien de neuf sous le soleil depuis "The Diminishing Populace", sorti en 2008 : les quatre petites minutes et demie de "Smudge" respectent le cahier des charges de l'école mincecore à la virgule près. On ouvre sur un sample, on poursuit sur des riffs grassouillets et brouillons (que la production chancelante n'aide pas à briller), du powerblast en pagaille, une ride qui tinte sèchement... Mouais. Certes, les fanatiques d'Agathocles et leurs rejetons (Haggus et Archagathus en tête de file) se sentiront comme à la maison. Mais pour ceux qui attendaient un set à la hauteur des parties de Trucido, c'est la déception - sans surprise.
Parce que, nom de Zeus, Trucido ne fait pas les choses à moitié - comme de coutume. L'artwork de leur partie du split a le mérite d'être limpide : c'est vers le Gore que les Texans vont s'orienter, le temps de quatre titres et à peine cinq minutes. "Gore ? Non ? Ne me dis pas qu'ils sont partis dans le Groove en abandonnant toute force de frappe ?" Détends-toi. C'est surtout le chant d'Alejandro Ramirez qui porte la marque de la tripaille et des abats encore fumants. Pour le reste, Trucido ne déçoit pas, encore une fois. Une branlée de Grindcore massif, adoubée tant par les riffs monstrueux d'un Irving Lopez plus en forme que jamais (la doublette "Ignoring the Obvious" / "Break Each Other" est absolument imparable) que par la prestation de Bryan Fajardo, toujours impérial derrière les fûts. Dopé par une production impeccable signée Anomalous Mind Engineering (Cognizant, Asada, Triage..), "Wet Brain" tartine sans discontinuer et fout une gueule de bois de tous les diables. Encore un nouveau chapitre à l'ouvrage : "Voilà comment ça doit sonner, du Grindcore, les enfants."
Bref, ce split est plutôt l'occasion de reprendre une taloche signée Trucido, tant la partie de Deterioration fait pâle figure face à la déflagration Texane. "Wet Brain / Smudge" vaut en tout cas le coup qu'on lui accorde dix petites minutes de sa journée.
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