Terrorizer - World Downfall
Chronique
Terrorizer World Downfall
Terrorizer ou comment, en un seul album, entrer dans la légende. On est en 1989. Trois jeunes d'origine sud-américaine de Los Angeles, Jesse Pintado (guitare), l'ex-Majesty Oscar Garcia (chant) et Pedro "Pete" Sandoval (batterie) sont à Tampa en Floride dans le célébrissime studio Morrisound Recording de Scott Burns. Le groupe vient de signer un contrat avec le label anglais Earache Records, grâce notamment au soutien du batteur de Napalm Death Mick Harris (qui sera remplacé en 1991 par Danny Herrera), avec lequel Jesse Pintado échangeait des cassettes. Leur bassiste Garvey étant en prison, c'est David Vincent de Morbid Angel, dont le groupe venait justement d'enregistrer son premier album Altars Of Madness dans ce même studio après avoir embauché...Sandoval , qui prît sa place. Et en deux jours seulement, World Downfall fut en boîte. Ils ne le savaient pas encore mais Terrorizer venait d'accoucher d'un monument.
Seize titres composent l'album et tous, sans exception, sont des putain de bombes. Du fondu sonore de "After World Obliteration" (qui rappelle "Hit The Lights" de Metallica) à celui de "World Downfall", pas un seul temps mort n'est laissé à l'auditeur. A peine se rend-il compte de ce qui vient de lui arriver. Mais une chose est sûre, il a aimé, et pas qu'un peu! Si notre ami l'a écouté en 1989, il a du trouver ça nouveau, et surtout extrêmement brutal (qualité toujours valable de nos jours). Car en effet Terrorizer est l'un des tout premiers groupes de grindcore, genre dont les Anglais de Napalm Death, avec Scum (1987) et From Enslavement To Obliteration (1988) sont les précurseurs. Mais Terrorizer est l'un des premiers à exporter ce genre musical aux Etats-Unis. Mieux que ça, c'est sur la toute première démo du groupe que Pete Sandoval aurait inventé une nouvelle technique dont tous les batteurs extrêmes usent et abusent aujourd'hui, technique qui consiste en gros à jouer des croches d'une seule main à un rythme extrêmement rapide, avec la grosse caisse et la ride (ou le charley) sur le temps et la caisse claire à contre-temps, j'ai nommé le blast-beat. Et du blast sur cet album il y en a! Le tempo est ainsi soit rapide, soit très rapide ou soit ultra-rapide avec ces fameux blasts supersoniques de Sandoval. Seules les intros de "Resurrection" et de l'énorme "Dead Shall Rise" amènent un peu de calme, mais pour si peu de temps!
Je vous parlais un peu plus haut de Napalm Death et bien l'influence des grindeux de Birmingham est omniprésente. On se croirait sur les deux premiers albums des Anglais mais avec un son bien meilleur. Oui car ici la prod' est gigantesque (Scott Burns oblige) et n'a pas pris une ride, c'est un véritable déluge sonore auquel on assiste impuissant. Le mélange thrash old-school et punk, avec les rythmiques correspondantes et les nombreuses séquences de blastages grindesques, pour des morceaux de 2 minutes en moyenne qui vont droit au but, font de World Downfall un festival de riffs simples et efficaces, mais non dénué de groove (vous avez dit basse?), ce qui donne un charme supplémentaire à un album déjà sacrément bon!
Revenons à la comparaison inéluctable avec Napalm Death pour parler des vocaux et des paroles. Garcia aboit (il n'y a pas d'autres mots) sa haine anti-capitaliste d'une manière proche de celle du nouveau chanteur de Napalm Death, Mark "Barney" Greenway" (ex-Benediction qui prend la place de Lee Dorian, parti fonder Cathedral, la même année). Quant aux paroles, je viens d'y faire allusion, on a le droit à une critique virulente (à défaut d'une véritable analyse mais bon on est pas là pour ça) d'une société moderne en plein déclin (d'où le titre de l'album), avec les pays riches et les multinationales qui exploitent les pays pauvres, les gouvernements qui contrôlent les peuple etc. Cette haine contagieuse semble d'autant moins feinte que les trois-quarts de Terrorizer viennent d'Amérique du Sud, région pauvre s'il en est.
S'il n'y avait qu'un seul défaut à retenir sur ce World Downfall, ce serait son caractère extrêmement répétitif. Le cliché "les morceaux se ressemblent tous" convient bien, malheureusement, notamment à cause des riffs parfois trop simplistes et aussi à un shéma rythmique que le groupe use jusqu'à la corde. Le jeu de batterie de Sandoval est peut-être excellent mais pas assez varié. Alors même si il nous offre quelques petites originalités, ça devient vite lassant. Mais bon on va dire que c'est du grindcore et qu'on ne peut donc pas éviter ce genre de réflexion inhérente au style. Et puis c'est tellement jouissif qu'on finit par en avoir rien à branler!
Si ce n'est donc ce problème de répétitivité, World Downfall mérite largement le culte que beaucoup lui font. Après tout, si autant de groupe s'en sont inspirés ce n'est pas pour rien. Les musiciens ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir été conquis puisque Terrorizer a donné son nom au célèbre magazine anglais que tout le monde connait. Ce côté légendaire vient également du fait qu'il s'agisse du seul et unique album de Terrorizer. Les membres du groupe vont en effet se disperser dans leur projet respectif malgré l'énorme succès rencontré: Sandoval reste avec Morbid Angel, Vincent y retourne, Garcia fonde Nausea et Pintado déménage la même année en Angleterre pour rejoindre Napalm Death et remplacer Bill Steer, de retour dans Carcass. Récemment, pourtant, on apprenait qu'un nouvel album était en préparation. Géniale nouvelle ou fin du mythe?
| Keyser 15 Août 2005 - 4500 lectures |
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