Bandit - Warsaw
Chronique
Bandit Warsaw (EP)
Haaaa, la période des fêtes de fin d'année... La sur-mortalité sur les routes, les crises de foie, les tontons racistes à table, le froid, la carte bleue qui fume, un vrai bonheur ! Si cette année, le coronavirus m'évite au moins de distribuer les bises, je ne vais pourtant pas échapper à la tournée des popotes. Si toi, qui lis ces quelques lignes, ressent la même lassitude à l'approche de ces repas à rallonges et autres discussions de comptoir, j'ai de quoi t'aider à passer le cap.
Sors de table dix minutes (n'oublie pas de demander la permission avant, pour ne pas froisser ton hôte), chausse un casque, et administre toi une petite dose d'ultraviolence à travers les écoutilles. Et dans la série des découvertes tardives, je n'ai pour l'heure pas trouvé mieux "Warsaw" de Bandit pour aider à supporter ces instants sympathiques, mais franchement longuets, que sont les fastueux repas de Noël. Pas les plus productifs de la scène, ces ricains... Bien dommage, vu ce que cet obus nous fait subir ! Et cette rareté ne rend la chose qu'encore plus appréciable.
En témoigne le rouge profond de cette somptueuse pochette, les influences du trio sont à chercher du côté de leurs homologues Pig Destroyer - quand ces derniers n'étaient pas encore totalement rincés, enchaînant les albums médiocres et les moments de gêne. Prenez l'hystérie du fantastique "Terrifyer", multipliez la par cinq, et vous serez encore à quelques brasses de ce qui vous attend. Ces huit titres, enchaînés tambour battant, sont une leçon en matière de Grindcore furibard. A l'image des prestations scéniques du combo : chaotique, foudroyant, un univers fait tout entier de sueur et de sang.
Et c'est que "Warsaw" ne se contente pas d'avoiner. Le contexte de l'accouchement est également très intéressant, même si beaucoup passeront à côté - moi le premier, si je n'avais pas fait quelques menues recherches. C'est l'histoire de Gene, l'un des membres de Bandit, dont il est question sur ces huit titres : entre traumatismes familiaux, causés par la seconde guerre mondiale, alcoolisme et addictions en tous genres, "Warsaw" raconte l'envie de s'en sortir, la résilience par la violence la plus crûe. Sur ce tableau, la totalité de l'objet est une réussite. Si l'on fait abstraction du dernier titre, en forme de chanson populaire folklorique franchement dispensable, la rafale de sept balles de gros calibre fait un bien fou par où elle passe. Dopées par un son exemplaire, clair mais jamais aseptisé, mettant en lumière les qualités techniques indéniables de Bandit : ça tabasse pied au plancher, ça pioche sans vergogne le meilleur de ses influences (l'ouverture du morceau titre est une quasi-repompe de "Thumbsucker" de PxDx) pour les doper à grand renfort d'adrénaline, douché par des riffs qui foutent le feu au mobilier et un chant qui me rappelle JR, quand la hargne n'avait pas encore été remplacée par le bide à bière. Typiquement le genre de format courts qui me rappellent pourquoi j'aime autant le Grindcore : on ne se pose aucune question, on ferme les yeux, serre les poings et les dents, pour se prendre avec plaisir un mur immense en pleine poire.
C'est garanti sur facture : Bandit, c'est le break qu'il te faut, entre le fromage et le dessert, pour te requinquer et t'aider à supporter les heures à faire le passe-plat. C'est bien simple, il suffit d'une écoute pour que toute agressivité disparaisse, groggy mais heureux d'avoir été la cible d'une immense branlée, pure, parfaite. Finalement, l'interminable "Czestawova" est un bon moyen d'accompagner la redescente. Pour être raccord avec la période, "Warsaw" est l'incarnation parfaite de la fameuse scène du Père Noël est une Ordure : Marie-Anne Chazel administrant à un Gérard Jugnot, qui ne s'y attendait pas, un bon coup de fer à repasser derrière les feuilles. "Joyeux Noël Félix !"
| Sagamore 24 Décembre 2020 - 884 lectures |
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