Voilà un concept fort séduisant : quatre groupes d’horizons musicaux différents se réunissent le temps d’un split pour composer un ou plusieurs (c’est le cas pour
Thomas Augier seulement) morceaux utilisant tous le même thème mélodique. Avouez, la contrainte est savoureuse.
Cela dit, comme il n’y a guère que
GRIND-O-MATIC qui s’approche de l’univers
metal, je ne suis pas sûr de pouvoir objectivement parler de l’objet mais « moi j’dis allons-y quoi ! » (pour ceux qui auront la référence), en avant pour un
track by track.
« Voyage en Bazardie » par
Thomas Augier : trente-sept secondes, soit davantage une introduction qu’un titre à proprement parler. C’est
noise, un bruit blanc, je pense à un morceau qui aurait été laissé de côté par
Mike Patton lorsqu’il bossait sur «
Adult Themes for Voice » (que j’adore), je passe directement à la suite.
« Fukuyama » par
DRONTE : musicalement, les mecs se démarquent car leur style est à la croisée d’un
post rock acoustique et du
death metal. Oui, le mélange a l’air aussi immonde qu’un sandwich « sardine et confiture de fraises » et, pourtant, cela conduit à une composition complètement étrange où une voix d’outre-tombe vient se greffer à une mélodie toute gentille et proche de la comptine. Le seul bémol selon moi, c’est clairement la narration, j’ai l’impression d’avoir la voix off d’« Amélie Poulain » dans les oreilles et cela, ce n’est clairement pas possible. Par conséquent, chapeau pour le mélange très original et surprenant, le chant
death est top mais je dis stop au
spoken word.
« Le bruit » par
Thomas Augier : se reporter à ce que j’ai dit plus haut, la seule différence c’est que là il y a quatre secondes de plus. A voir comme un interlude donc.
« Ikejime » par
ROYAL MCBEE CORPORATION : dommage que ce groupe souffre de la même tare que
DRONTE en ce qui concerne le choix vocal parlé parce que la musique un peu fusion dissonante est plutôt intéressante, avec notamment une section basse – batterie qui groove bien ainsi qu’un guitariste en roue libre qui maltraite son instrument. Encore une fois, c’est dépaysant pour quelqu’un comme moi qui est peu connaisseur de cette scène mais j’ai déjà entendu cela il y a des années chez
ROME BUYCE NIGHT,
DERNIERE TRANSMISSION et, globalement, une partie du catalogue de
Zero egal petit intérieur. Je n’accroche pas.
« Le silence » par
Thomas Augier : on attend effectivement qu’il se fasse, le silence, et les cinquante secondes paraissent bien longues. N’allez pas croire que j’ai une dent contre les trucs bruitistes, même si
BRIGHTER DEATH ROW m’a traumatisé à tout jamais en 1996 avec son «
Innerwar ». J’ai tout simplement du mal à saisir l’intérêt des compositions de ce musicien.
« Réactionnaire » par
GRIND-O-MATIC : là, c’est sûr que je suis en terrain plus familier. On retrouve le style de
grind si particulier de la formation : de la puissance, un chant en français qui oscille entre la déclamation hystérique et la vindicte bourrue ainsi que des alternances de tempo foudroyantes, les trois minutes permettant aux gars de développer leur style, toujours aussi atypique dans la scène extrême. Ce serait trop simple de dire qu’ils éclairent ce split de leur talent, c’est pourtant bel et bien le cas. Grosse claque que cette composition.
« Aller simple » par
Thomas Augier : ce titre est effectivement prémonitoire, il n’y aura pas de retour sur ma platine.
Ce split a tout de même le mérite de prendre des risques en faisant se côtoyer des registres divers, chacun faisant preuve d’une belle ouverture d’esprit et essayant de se montrer sous son meilleur jour. J’en ressors avec l’envie de découvrir davantage
DRONTE, quelque part, l’objectif est atteint.
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