Dans le
grindcore, les splits, on aime ça. Les Espagnols de
CONVULSIONS en ont fait une spécialité (pas moins de six depuis leurs débuts en 2016, ok ce n’est rien comparé à
AGATHOCLES) mais ils n’arrivent qu’à la cheville de leurs acolytes du jour : les Lyonnais de
CIVILIAN THROWER qui, eux, en ont dix à leur actif. Un point commun aux deux engeances : elles n’ont pour le moment qu’un seul LP au compteur, tous deux présents en nos pages :
« Grindcore not War », chroniqué par le spécialiste du genre,
Sagamore, et
« Trebuchet Showroom » dont je m’étais acquitté. Prêt pour la baston ? Dix-neuf titres (onze pour l’Espagne, huit pour la France), vingt minutes, ça va moucher rouge. Pochette sombre, noir et blanc minimaliste, des airs de photocopie d’une photocopie passée à la machine à laver mais nous, pauvres auditeurs, c’est le broyeur à déchets qui nous est promis.
Le style
C.T., pour ceux qui l’ont déjà pratiqué, ce sont les bas-fonds du
grind. Nous y retrouvons toute la malignité des formations les plus extrêmes des années 80, avec la production à l’avenant, mais c’est joué avec la vitesse et la radicalité propres à la modernité. Par conséquent, le croisement des deux est évidemment une branlée énorme, propulsée par le jeu dingue de
La Mouliche derrière la batterie. Quant aux autres ingrédients qui constituent la partition lyonnaise, ils sont conformes à l’attendu : un chant néanderthalien d’une gutturalité effarante, une guitare qui pilonne ses riffs comme un gros timbré, difficile de décrire les titres autrement que comme une collection d’avoines qui ne décélèrent que rarement (à peine quelques secondes de répit le temps d’introduire « Mertvecgorod Everywhere »), normal et tant mieux me direz-vous, c’est estampillé 100%
grindcore, cacophonie blastée jusqu’à régurgitation. Bien entendu, la performance est parfaite, incroyable de violence avec ce côté sale issu des 80’s.
CIVILIAN THROWER confirme donc encore une fois son statut de très grand de la scène française aux côtés des
CHIENS,
WARFUCK et
LOVGUN. Bravo monsieur
Le Commissaire pour le mix ainsi que le mastering impeccables.
Du côté de
CONVULSIONS c’est pour moi davantage une découverte qu’autre chose car en dépit des louanges, mes oreilles n’avaient jamais baigné dans le gras de churros. Plus
punk hardcore que les Français, le quatuor s’y entend salement pour frotter les conduits auditifs à la toile émeri, sur des distances à peu près équivalentes à celles des Français. Le propos me semble moins influencé par le vieux
death grind, nous sommes plus sur une bagarre de rue entre bandes rivales, la musique sent l’émeute urbaine alors que de l’aveu même du groupe, il n’y a aucune parole (j’ai peut-être mal compris) et les titres sont inspirés de tortures. Ainsi, « La Garrucha » est un très joli village de pêcheurs, le plus important de toute la côte orientale d’Almeria… Merde, j’ai dû me tromper dans ma recherche. Quoi qu’il en soit, si les tortures varient, l’incarnation musicale à laquelle elles donnent lieu est peu ou prou la même : de gros
blasts d’enculés sur coulis de meuglements tantôt gutturaux tantôt criards / hystériques, sans trop se soucier des variations, de l’harmonie ou encore de la mélodie. Les mecs sont là pour te déchausser les dents, te casser la mâchoire à coups de bottes, ça s’entend et ça se ressent à chaque note.
Je ne suis pas un fin spécialiste, voire le samedi soir je ne suis pas fin du tout mais putain ce split crée de sacrés dommages cérébraux. Par chauvinisme, ou plus pragmatiquement par goût, j’ai tendance à préférer les coups de semonce de
CIVILIAN THROWER, peut-être à cause de leur arrière-goût non pas de foutre mais de vieux
death grind atteint de dysplasie bronchopulmonaire (je ne sais plus trop ce que c’est mais ça claque), à la
guerilla de
CONVULSIONS, pourtant hautement corrosive et capable de venir à bout de n’importe quel nerf de bonze, il reste que ce split est une petite merveille de viciosité, absolument sans pitié et, à ce titre, absolument indispensable. Malgré tout, je demeure un peu con con et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’avec toutes les collaborations que ces deux groupes ont sorties, il y aurait largement eu moyen de nous pondre un deuxième album digne de ce nom. Cela étant, je comprends la logique de la scène, je suis juste effaré par la capacité de ces musiciens à écrire sans cesse une tambouille aussi brutale sans pour autant se répéter, voire recycler d’anciens titres.
Gros split, grosse fessée, avec l’avantage de pouvoir écouter deux formations aux styles très différents mais œuvrant pourtant pour la même cause : te foutre le cerveau dans les chaussettes puis pisser dessus. Objectif atteint.
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
Par Sosthène
Par Niktareum
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène