Un pur produit de la scène
grindcore ne saurait dignement exister sans une belle brochette de splits à son actif. C’est donc ainsi que les trois Lyonnais de
CIVILIAN THROWER ont débuté leur carrière en 2021, juste après une petite démo « douze titres » de quatre minutes. Les mecs se sont ainsi bien chauffés avant de proposer leur premier album, «
Trebuchet Showroom », soit treize titres balancés en treize minutes. Je vous laisse deviner la longueur moyenne d’une composition, vous devriez vous en sortir sans calculatrice.
Derrière cette nouvelle formation se terrent quelques noms bien connus de la scène extrême :
Mr Moule, batteur chez
LOVGUN (dont on a déjà parlé
ici) ou encore l’excellent
RAN, mais également
Pibe, vocaliste en chef de
WHORESNATION. Accompagnés d’un guitariste, les compères entendent nous faire péter la tronche, objectif plus que largement atteint avec cette sortie totalement explosive. Pourtant, musicalement, on est sur un terrain ultra balisé :
« Scum » et «
From Enslavement to Obliteration » en étendard guerrier, un poil du
CARCASS des années 80, la différence se faisant principalement sur la production, beaucoup plus puissante que ces références (la modernité a du bon) mais sans être pour autant plus audible. On reste en effet sur une approche préhistorique du
grindcore où l’on se fait tabasser à coups de gourdins, dépecer par des ours affamés, c’est la guerre permanente pour la survie, on mange crue de la viande avariée. Les noms du groupe et de l’album sont d’ailleurs suffisamment explicites :
CIVILIAN THROWER assiège tes oreilles, lamine ton cerveau, brutalise tes neurones, viole ton ouïe.
Avec de telles ambitions, le trio a opté pour une diminution de la technique musicale, de ce côté c’est très en-dessous de leurs autres formations respectives, mais ce que l’on perd en dextérité on le gagne en intensité belliqueuse avec deux éléments clés : les blasts apocalyptiques et la classique alternance vocale « growl vs criard » qui, même si elle a été utilisée mille fois, démontre encore sa cruelle efficacité et sa pertinence dans les genres les plus radicaux.
Au-delà de ça et d’une pochette parfaitement dans l’esprit, je ne vois guère quoi ajouter pour définir ce quart d’heure de brutalité. Il n’y a ici rien de foncièrement neuf, le tour de force résidant néanmoins dans la capacité des musiciens à aller très vite tout en variant suffisamment les riffs pour faire en sorte que l’auditeur n’ait pas le sentiment de toujours entendre la même chose, écueil récurrent dans le
grind. Chaque composition est dotée de son identité, de son cachet si je puis dire, faisant de «
Trebuchet Showroom » une expérience finalement trop brève en dépit de sa densité de trou noir. On en voudrait plus et comme ces personnages semblent être très productifs, il y a de fortes chances pour que l’on entende rapidement reparler de
CIVILIAN THROWER.
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