Pro Death Corps - Quarantine
Chronique
Pro Death Corps Quarantine
Le Grindcore représente une communauté plutôt soudée. Fédérée autour de valeurs communes, qu’elles soient politiques ou strictement musicales : faire du bruit, suer dans le pit, jouer très vite, en restant intègre et sincère. Difficile de trouver un sujet clivant pour cette « grande famille »… Jusqu’à ce qu’on évoque Anal Cunt. La troupe de Seth Putnam, jusqu’au décès de ce dernier, n’a cessé de donner dans la provocation. Titres stupides, volontairement racistes, misogynes et j’en passe, attitude « fuck off » revendiquée (bastons sur scène, déclarations outrancières), le groupe continue, encore aujourd’hui, de diviser – il suffit de regarder le documentaire « Slave to the Grind » pour s’en rendre compte.
Alors, AxCx, premier degré ou complètement jeté ? Je n’ai pas d’avis sur la question. Si ce n’est que, pour votre serviteur, le groupe s’est simplement contenté de pousser le côté « défouloir » du genre à son paroxysme, se servant de lui comme d’un exutoire pour toutes les pulsions possibles et imaginables. Essayez, vous verrez, on se sent plus léger après avoir écouté « Defenders of the Hate » et sa tracklist fleurie…
Pourquoi vous parler d’Anal Cunt ? Parce que le groupe d’aujourd’hui me rappelle furieusement les plus « belles » heures de Seth Putnam – et, venant de moi, c’est à prendre comme un sacré compliment. Pro Death Corps dispense ainsi son fiel, officiellement, depuis l’année dernière, au travers d’un « Premature Enucleation », décliné en « stand alone » puis en split avec l’hyperactif Slund. On en sait peu sur les personnes derrière les manettes, même si le line-up, selon mon petit doigt, semble être un secret de polichinelle : production signée du studio BST, guitares caractéristiques, et surtout, le chant, qui ressemble quand même énormément à celui du sieur Tuvi sur les sorties de Genital Grinder. On peut se tromper… Mais la qualité de ce bien-nommé « Quarantine » colle parfaitement au pedigree du gus.
Ne vous fiez pas à la pochette, torchée en trois minutes sur Gimp : les vingt minutes de ce disque sont redoutables. Du Grindcore pur jus, incisif en diable, bien composé, bien réalisé. Le professionnalisme mis au service de la gratuité, méchant pour être méchant, mais toujours avec le sourire d’un gosse fier de sa connerie. Bourré ras-la-gueule de samples tous plus débiles les uns que les autres, la tracklist mélange pêle-mêle Muriel Bolle, Donald Trump, Sven d’Aborted (BST y a d’ailleurs fait des piges, tiens tiens…), le Brexit, la pandémie mondiale, Michael Jackson… « Quarantine » galope quand il le faut (« Good Riddance UK », nom de Dieu !), sait freiner des deux fers pour mieux enfoncer le clou (« Muriel Bolle » qui permet aux murs de cordes d’occuper tout l’espace sur un mid-tempo écrasant), et se permet même quelques saillies qui font lever le sourcil : « Green Haired Lecturing Eco Cunt » qui sonnerait presque Punk, « Disappointing Sex » et ses halètements porcins, le démarrage Mathcore éco + de « « The Dillinger Revenge Crossover »… C’est peut-être une vaste blague qui ne fera pas rire tout le monde, mais c’est avant tout un album de Grindcore qui se révèle être sacrément bien troussé. Pro Death Corps conclut sa crotte de nez lancée au visage par une reprise de Brutal Truth, « Birth of Ignorance », montrant qu’au-delà du rire jaune, on connaît ses classiques et qu’on sait leur rendre hommage.
« It's raw, it stands for nothing, it only wants to watch the world burn. » On pouvait s’attendre à une énième sortie Noisecore sans grand intérêt, mise en boîte en deux heures pour le plaisir de tartiner des horreurs dans la tracklist, mais il n’en est rien. « Quarantine » réussit à être parfaitement gratuit, tout en se payant le luxe de bien sonner – presque professionnel. Du Anal Cunt sous stéroïdes, rien que ça !
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