Alors qu'une légende du Grind à récemment tirée sa révérence (Nasum), l'un des piliers du genre, au moins dans l'hexagone, marque aujourd'hui son grand retour après sept longues années d'absence. Une absence marquée, il est vrai, par la sortie de deux splits en compagnie de Mumakil et Inside Conflict mais qui au final ne représentent que bien peu de choses pour un groupe comme Blockheads dont on attend forcément un peu plus. Il faudra finalement attendre ce mois de janvier 2013 pour voir revenir à la charge le groupe de Nancy avec, sous le bras, un cinquième album intitulé
This World Is Dead sous la houlette du géant Relapse. Et oui, rien que ça. Une certaine reconnaissance pour Blockheads qui parcourt les squats d'Europe (et plus encore) depuis 1992. Sans vouloir faire acte de chauvinisme, j'espère très sincèrement que la sortie de ce nouvel album sur Relapse leur permettra d'acquérir la visibilité qu'ils méritent.
Si le groupe est resté silencieux pendant presque cinq ans, il semble toutefois que cela n'a pas diminué sa rage ni sa frustration. Après un
Shapes Of Misery d'excellente facture, que pouvions-nous donc bien attendre de la part de Blockheads? Et bien ni plus ni moins que du Grindcore, tout simplement. Un Grindcore à l'ancienne, fidèle à un ensemble de codes respectés à la lettre depuis l'avènement du genre symbolisé par des groupes tels que Napalm Death, Repulsion et autres Extreme Noise Terror. Pas de surprise donc? Non, pas de surprise puisque Blockheads signe ici son retour en reprenant tout simplement là où il s'était arrêté sept ans auparavant. Pour autant,
This World Is Dead vaut vraiment la peine que l'on s'y intéresse. Et cela pour deux raisons.
La première est que Blockheads n'a jamais déçu. Fidèle à lui même depuis le début des années 90, le groupe est resté collé à son idée du Grindcore sans jamais s'en éloigner d'un centimètre. Pas de compromis, une musique suivant une ligne directrice simple, radicale et terriblement efficace associée à une vision critique et acerbe de la société dans laquelle nous vivons et retranscrite à travers des paroles véhémentes et désabusées. Ainsi, en vingt ans de carrière, Blockheads n'a jamais rien lâché, réussissant à surmonter toutes les galères de line-up, de label qui met la clef sous la porte (Overcome) et autres délices qu'impliquent une vie partiellement dédiée à une musique aussi bankable que le Grindcore. Rien que pour ça, ce groupe mérite le respect.
La deuxième raison est que le Grindcore pratiqué ici est assurément ce qui se fait de mieux dans le genre. Pas d'artifice, que des tripes et du cœur à l'ouvrage. Le groupe nous délivre dans l'urgence la plus totale une musique qui, rappelons-le, descend du Punk pour un résultat d'une rare intensité. Les morceaux s'enchaînent à la vitesse de la lumière dans un énorme fracas. Très peu de temps mort, aucune demi-mesure, une succession de blasts, de riffs acérés et ultra nerveux, de cris primaires et vindicatifs pour un album d'une violence et d'une rage inouïe. Il n'y a que les courtes secondes de blanc entre chaque morceau ainsi que quelques passages moins soutenus mais finalement plutôt rares (le début de "Already Slaves", "Final Arise" à 0:24, "This World Is Dead" à 0:56, "Pro-Lifers", le très lourd (bien qu'un poil long) "Trail Of The Dead") pour espérer reprendre son souffle. Vingt cinq brûlots de Grindcore faisant absolument fi de toute notion d'originalité pour mettre l'accent sur la toute puissance et l'immédiateté de son propos. Une urgence mise en exergue non pas seulement pas la musique mais aussi par cette ensemble de voix. Celle de Xavier, bien sûr, toujours aussi grave et puissante mais également celles de Fred et Erik tantôt criée tantôt plus profonde. Un ménage à trois mené évidemment par Xavier où chacun œuvre à tour de rôle ou bien de concert contribuant à la construction d'une atmosphère électrique et furibonde.
Si le groupe s'en est allé en Suisse pour enregistrer et produire
This World Is Dead, là encore Blockheads n'a pas changé sa façon de concevoir un album. La production reste donc assez identique à celle de
Shapes Of Misery, soit un son volontairement brut et assez sale pour servir comme il se doit le Grindcore de Blockheads. La batterie est nerveuse et sèche avec une caisse claire tout ce qu'il y a de plus Punk. Les guitares sont abrasives mais n'ont rien de Metal alors que la basse est crade et saturée comme il se doit. Bref, Blockheads connait la chanson et sait pertinemment que son propos n'a jamais été aussi efficace et destructeur qu'à travers une production capable de retranscrire toute l'urgence de la musique des nancéiens.
This World Is Dead est donc un excellent album de Grindcore. Je n'irai pas jusqu'à partager l'extrême enthousiasme de certains de mes confrères pour aller lui apposer la note maximale mais il est clair que ce cinquième album de Blockheads mérite de figurer parmi vos achats obligatoires de 2013. Un album de Grindcore honnête, passionné, intense, violent, puissant et encore toute une liste de superlatifs longue comme le bras. Blockheads signe avec
This World Is Dead un retour fracassant et prouve après vingt ans de carrière qu'il reste le leader hexagonal en matière de Grindcore. Une leçon dont ferait bien de s'inspirer certains. Un maître-étalon pour toutes les productions à venir. Avec un tel album ainsi que le soutient de Relapse, on espère que le groupe réussira à percer d'autres horizons. Comme je l'ai déjà dit, ils le méritent haut la main.
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