Infest - Moshroom
Chronique
Infest Moshroom
Bien heureux les aliénés, fous, malades mentaux et autres frappés du cigare, qui n'ont même pas besoin qu'on leur serve une dose de décibels pour headbanger furieusement dans un charmant 3 m² aux murs capitonnés, agrémenté d'une petite lucarne donnant sur l'autoroute A7. Nul doute que leurs médecins traitants trouveraient là matière à réflexion en étudiant les réflexes comportementaux de la frange la plus brutale des métalleux, et particulièrement ceux issus du mouvement grindcore. A ce titre, on appréciera le jeu de mot donnant son titre au nouvel album d'INFEST (le second après « Feel The Rage » en 2007), « Moshroom » et son grind à connotation HxC ne favorisant guère la formation de champignons au fond des godasses. Car avec la bagatelle de vingt titres pour une petite demi heure de temps de jeu, INFEST savate dur, dans un registre assez proche de LOCKUP (en moins death toutefois), histoire d'éviter une énième filiation avec un autre combo d'outre manche dans lequel Shane Embury sévit depuis plus de vingt ans.
Forts d'un deuxième full length au contenu on ne peut plus rageur, il apparaît difficile de bayonner des frenchies dont l'expérience en matière d'extrême commence à se faire sentir, la passion du gruik leur collant aux basques depuis leur formation en 2003. Le tempo est donc très soutenu, les morceaux aussi longs qu'un discours de Jacques Santini en conférence de presse et la sacro sainte intensité indispensable à toute galette grind qui se respecte bien présente. Gros point fort du disque, les riffs, tous excellents quoique très respectueux du genre dans lequel INFEST s'illustre, Bard, Flow, Pat et Sbeu s'extrayant de la mass appeal madness par le biais de compositions féroces mais fleurant bon la maîtrise. La louable alternance entre un chant hardcore criard et des vocaux typiquement porcins permet d'éviter de prendre en grippe le braillard de service, Bud jonglant habilement entre les aboiements d'écorchés vif HxC et remontées gruikisantes souvent redondantes dans le grind, qu'il soit gore, death, bio ou hydro (un jour, il faudra m'expliquer cette étiquette cher Keyser!). Et si la basse gagnerait à trouver meilleure place dans le mix, la batterie elle, claque bien, en dépit du systématisme de certaines parties et du rendu un poil trop aigü de l'ensemble. A attendre donc de « Moshroom », du solide, de l'efficace et du blast-beat à foison, garanti sans leads mais agrémentés de quelques élucubrations vocales bienvenues dans un ensemble furieusement contagieux qui devrait ravir les fans de BLOCKHEADS. Passés comme leurs camarades de SEDATIVE entre les mains de Mats Lindfors au Cutting Room Studio, les quatre serial grinders d'INFEST, vus récemment en première partie de SEPULTURA, ont donc les moyens de tirer leur épingle de la meute de chiens enragés emmenées par MUMAKIL, GRIND-O-MATIC et INHUMATE, tous auteurs d'un excellent skeud en une année 2009 qui envoie décidément du très lard (et du cochon) en matière de grind!
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