Près d'un an. C'est le temps qu'il aura fallu à ce split pour se concrétiser de manière "physique". Ben oui, les délais de pressage sont ce qu'ils sont : de plus en plus débiles. L'avantage, c'est que ça laisse le temps d'assimiler et digérer le bestiau. Même si dans le cas présent, on ne parle pas de musique particulièrement difficile à aborder. Quoique...
Produit par l'écurie Polonaise Selfmadegod, toujours dans les bons coups, ce
split réunit donc sur un seul et même support mes chouchous de
Meth Leppard, fervents défenseurs d'un Grindcore bovin à souhait, et le
all-star band Axis of Despair, formation Suédoise comportant en ses rangs Anders Jakobson (
Nasum, Coldworker, Necrony) aux fûts et Kristofer Jankarls (
Infanticide, Gadget) à la gratte. Un
pedigree qui inspire confiance, dès le départ. Seize petites minutes, et un cas d'étude assez intéressant - les deux groupes ayant beau officier dans le même genre, ils ne défendent pas forcément la même idée du Grindcore.
Petit arrêt sur l'objet en lui-même. Comme de coutume avec le label, le LP est léché, classieux sans en faire des caisses : pressé en copie colorée (limitée à 100 exemplaires, que le bon pigeon que je suis s'est empressé d'acheter) et classique (limitée à 200 copies), comportant un petit insert avec infos basiques, il permet en tout cas de profiter de sa pochette en grand format - cette dernière ayant été réalisée par Anders Jakobson.
Même s'ils n'ouvrent pas le bal, attaquons justement cette sortie par la partie d'
Axis of Despair. Tout sauf surprenante - est-ce vraiment ce qu'on attend du genre ? Quand tu mets
"Grindcore" et
"Suédois" dans la même phrase, tu sais exactement où tu mets les pieds, Little John : dans tes pantoufles, puisque les amateurs de
Nasum et autres joyeusetés se sentiront comme à la maison.
Axis of Despair produit un Grindcore de qualité, même si un poil trop balisé pour me convaincre intégralement, n'ayant jamais été très client des productions très léchées. C'est ce qui m'a toujours un peu retenu d'adhérer aux riffs, pourtant imparables, de feu Mieszko Talarczyk. Et le son de ces cinq nouveaux titres, signé Studio Ülgnor, reste malheureusement bien plat, sans relief ni aspérité, une "crasse" somme toute assez artificielle - en plus de proposer un
mix des voix assez désagréable, notamment lorsque les chants graves et criards se rejoignent à l'unisson (particulièrement flagrant sur "The Burning and the Sting"). On ne va pas mettre plus de glaviots que de soupe dans la marmite, je suis tatillon :
Axis of Despair produit un Grindcore assez redoutable pour qui goûte les compositions réfléchies, entre accélérations bien senties et ralentissements ravageurs. Ceux qui pleurent chaque jour les disparitions de
Nasum et
Coldworker seront certainement ravis de retrouver ce qui faisait le charme de ces deux entités.
Je l'évoquais en préambule, réunir
Axis of Despair et
Meth Leppard sur la même galette de cire, c'est réunir deux approches différentes en matière de Grindcore. L'un se creuse la soupière pour proposer des compositions balisées, certes, mais avec un certain effort de variété - et des paroles, fort bien écrites d'ailleurs. L'autre pose le cerveau : de la débilité par palettes entière, un chant incompréhensible et éructé, et du riff assassin au kilomètre. Je te laisse deviner celui qui fait fondre mon petit cœur.
Sans surprise pour ceux qui ont l'habitude de lire mes papiers, c'est
Meth Leppard qui remporte mon adhésion la plus totale. Kieren et Cheese se faisant plus mongoliens que jamais le temps de quatre nouveaux titres - ne t'affole pas sur la durée du dernier, hein, il y a facilement une minute trente de vide sur les trois minutes et demie affichées. Dopés par une production en béton armé (mixé par Ben Jones, ça aide !), "Putin the Bin", "Life is Impeachy", "Split Bro ?" et "Trust Fund" figurent peu l'autoroute du
blast-beat, lancés à fond, bien décidés à faire exploser deux ou trois radars tourelle au passage. Monstre d'endurance, Kieren matraque sa
snare et sa
ride comme un forcené à des
tempi absurdes - quasi inchangés tout au long de ces six petites minutes. Et laisse tout le loisir à son comparse Cheese d'aboyer comme un néandertalien, tout en dispensant des riffs à tomber par terre : le motif quasi-sentencieux de "Trust Fund" à 1:19, vraie surprise; le ralentissement cadencé qui coupe la course de "Life is Impeachy" à 0:17; les roulements et grosse syncope ouvrant "Split Bro ?"... Tout est réuni et taillé pour te mettre le cul par dessus tête. C'est crétin, toujours la même chose ?
Meth Leppard n'a pas évolué du tout depuis
"Woke", c'est un fait. Le plaisir que je prends à me faire mettre en pièce par tant de crétinerie assumée reste également inchangé.
Bref, rien de bien neuf sous le soleil, la promesse d'un sale quart d'heure mené tambour battant est largement honorée.
Axis of Despair et
Meth Leppard restent intègres, fidèles à ce qu'ils ont toujours mis en boîte. L'un me convainc simplement bien plus que l'autre. L'égoût et les couleurs, hein...
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