Voici venu le temps pour ROTTEN SOUND de livrer un successeur à l'excellent
« Cycles » (2008), dernier album d'une longue série chez Spinefarm avant un retour dans le giron Relapse entériné avec l'EP hommage à qui vous savez, sobrement intitulé
« Napalm ». Une tournée avec ABORTED et un changement de bassiste plus tard –
Kristian Toivainen remplace Toni Pihlaja au pied levé – les requins marteaux Latva/Niinima et Aalto jettent un nouveau parpaing dans une mare grind dont ils ont sondé les tréfonds de la brutalité avec les indispensables
« Exit » et « Murderworks », deux skeuds harpons capables de ramener dans leurs filets le plus blasé des blastéiculteurs. C'est pas l'homme qui prend la mort, c'est la mort qui prend l'homme ? Le jet ski finlandais prend de l'avance sur la faucheuse en noyant l'humanité sous 16 nouvelles vagues grind death de rang, dans la grande tradition d'un NASUM dont ROTTEN SOUND a brillamment pris la relève post « Shift ».
Faisant fi de toute directive européenne visant à limiter la pêche aux pains de plastique, ROTTEN SOUND poursuit donc sur sa lancée grind n' roll abrasive en livrant la suite on ne peut plus logique de
« Cycles » : même production ultra compacte en mode lavage/essorage/désossage (avec le grain suédois habituel comme assouplissant), à ceci près qu'on ne s'embarrasse même plus d'un opening track façon S.O.D. pour privilégier la baston de (mo)rue. « Alone » donne le thon d'une sévère reprise en main à la nordique, la première petite surprise réservée par le groupe étant cette propension assez récente à hacher l'auditeur menu à l'aide d'un riffing plus saccadé, plus heurté que de coutume, un peu comme si les nerds de MESHUGGAH lâchaient les hippocampes en jouant sur trois cordes. Quelques vociférations hardcore plus tard (« Superior ») et alors qu'on s'attend à essuyer un déluge de blasts sans la moindre baisse d'intensité, ROTTEN SOUND réutilise quelques ficelles mélodiques propres à
« Cycles » et injecte une bonne dose de lourdeur sur plusieurs titres (« Hollow », « Terrified »), le gros de « Cursed » donnant le sentiment d'avoir affaire à un remake surboosté du « Wolverine Blues » d'ENTOMBED ; la bonne pioche dans ce mélange des genres somme toute déjà orchestré sur l'album précédent (et même sur « Consumed To Contaminate » à y regarder de plus près), c'est la capacité de la dynamo Sami Latva a éviter l'écueil de plans grind trop éculés. Alors qu'on guette une accélération meurtrière à la NAPALM DEATH, on se retrouve avec du up tempo thrashy ou un ralentissement death lugubre (« Declare »), « Cursed » ménageant son lot de retournements de situations dans des eaux déjà passablement usées. C'est ce qui sauve ce nouveau full length de la plus complète redite car malgré tous les efforts déployés ici, le sentiment d'aller à la pêche aux chutes de studio de
« Cycles » reste prédominant.
Aussi prévisible que « Piège En Haute Mer » sur la forme générale, « Cursed » pâtit d'un manque d'inspiration évident sur la longueur, aucun morceau n'ayant l'envergure d'un « Mindkill », « Units » ou encore « Colonies ». Si ROTTEN SOUND avait miraculeusement échappé aux redondances qui accompagnent d'ordinaire les sorties grind, ce n'est malheureusement plus le cas ici, le guitariste Mika Aalto éprouvant les pires difficultés à se renouveler, comme en témoigne le final en queue de poisson d'un duo « Scared »/ « Doomed » loin d'être inoubliable. Un sentiment d'érosion qui touche également l'aboyeur Keijo, dont la partition monocorde ne restera pas dans les annales. Pas de quoi mettre les voiles ceci dit, surtout que ceux qui découvriront le groupe par ce biais resteront soufflés par tant de puissance et l'agressivité débridée dont fait toujours preuve le groupe. Les habitués resteront en revanche légèrement sur leur faim et guetteront avec attention un changement de cap souhaitable vers un son moins propret, plus old school, à la « Murderworks ».
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