Les fidèles les plus assidus du site on déjà dû maudire notre descendance pour les vingt générations à venir.
« Quoi?! Le nouveau Napalm Death n'est pas encore chroniqué?!! ». Mea culpa les amis. Toutefois si cette chronique ne voit le jour qu'en ce milieu de Roland Garros où les français ont étonnamment brillé (comprendre ils ont passé au moins un tour) ce n'est pas (une fois n'est pas coutume) par simple fainéantise. Non, je dois avouer que les premières écoutes de ce « Utilitarian » m'ont quelque peu laissé de marbre, ou disons plutôt et sans exagérer les choses que cet album ne m'a pas autant instantanément emballé que la plupart des fans avec lesquels j'avais pu échanger et qui ne tarissaient pas d'éloges sur ce nouveau bébé. J'ai donc consciencieusement décidé d'appliquer la fameuse politique de l'autruche et de laisser de côté quelques semaines ledit album avant de revenir à la charge (technique également connue sous le nom de ''drague de l'adolescente'',
ouais ignore-le pendant 15 jours tu vas voir il va revenir vers toi en rampant!). Bref, une nouvelle offrande des britanniques étant un événement pour bon nombre de fans de musiques extrêmes, à commencer par votre serviteur, le silence ne pouvait être gardé plus longtemps.
Et je dois avouer que cette pause aura été bénéfique pour la bande à Barney puisque l'effet escompté a bel et bien été au rendez-vous: « Utilitarian » a fini par m' exploser à la tronche. Vieux motard que j'aimais comme dirait l'autre... J'ai moi même du mal à m'expliquer pourquoi ce nouveau bébé a mis autant de temps afin de se révéler mais peu importe, là n'est pas la question, cela avait été le cas aussi pour
« The Code Is Red... Long Live The Code » et
« Smear Campaign », que ce dernier album surpasse sans problème. Dès la sortie les commentaires allaient bon train sur les (soit disant) expérimentations de ce « Utilitarian », qu'elles soient vocales ou musicales. Même si effectivement le saxo de John Zorn et le chant clair de Barney façon Burton C. Bell ont de quoi surprendre à la première écoute, là n'est pas la chose la plus intéressante selon moi, Napalm Death ayant de toute façon déjà prouvé par le passé son attrait pour les digressions de toute sorte, il suffit pour s'en convaincre de réécouter un album comme
« Diatribes » (ou même
« Time Waits For No Slave »). Sur ce point, si le chant clair de Mark sur « The Wolf I Feed » passe comme une lettre à la poste, je reste toutefois plus circonspect quant à l'intérêt de l'intervention de John Zorn et son apport au titre Everyday Pox ». N'étant déjà pas fan à la base du son saxophone, la dissonance apportée au titre a plutôt tendance à me faire grincer des dents qu'à me faire sauter la braguette. Bref, comme je le disais là n'est pas pour moi l'intérêt de cet album mais plutôt dans tout le reste. Et le reste c'est (quelle surprise!!) du Napalm Death 100% pur jus comme on l'aime. La recette vous la connaissez comme moi sur le bout des doigts: un grind furieux teinté de punk et d'un soupçon de death, rien n'a changé. Et si la longue carrière du groupe comporte plusieurs époques marquées chacune d'une identité musicale différente, ce quatorzième full length (!) se place lui dans la droite lignée de ses trois prédécesseurs. Après une intro martiale et imposante, la mort au napalm lâche les loups pour trois gros quarts d'heure de furie furieuse. L'avalanche de blasts tant attendue est bien au rendez-vous (« Errors In The Signals », « Everyday Pox », « Protection Racket ») avant que la meute ne ralentisse un peu la course pour mieux encercler sa proie le temps d'une « The Wolf I Feed » carnassière au mid-tempo tranchant comme des crocs. La suite n'est qu'une démonstration du savoir faire acquis depuis plus de trente ans maintenant, de la typique « Quarantined » à l'explosion sonore « Nom De Guerre » les quatre sirs anglais nous prouvent une fois de plus qu'ils ne sont pas prêts de s'essouffler. En témoigne le nombre de riffs de bûcheron (« Everyday Pox » à 1'30, « Protection Racket » à 1'32, « Leper Colony » à 1'34, « Nom De Guerre » à 46'') et de rythmiques tronçonneuses (« Fall On Their Swords », « Collision Course ») qui placent au final pour moi cet album au niveau de son aîné (que j'avais particulièrement apprécié). Est-ce vraiment utile de s'étendre sur la prestation de Barney? Quelqu'un aurait-il pu avoir le moindre doute là dessus? Au delà de ces quelques lignes de chant clair fort à propos et ces incantations sur « Blank Look About Face » (
Oh ho the mob is phased), le natif de Kettering fait preuve comme à son habitude d'une hargne impressionnante (toujours bien aidé en cela par son acolyte Mitch Harris) sur ses lyrics socialement éclairés et l'on se l'imagine déjà arpentant la scène tel un lion en cage sur les titres qui viendront grossir la setlist des Anglais.
J'en viens à me demander pourquoi « Utilitarian » ne m'a pas éclaté à la gueule d'emblée et a nécessité ce break, mais ce n'était finalement que pour mieux le redécouvrir et finir par me prendre (masochiste que je suis) une bien belle mandale! D'une longueur égale à
« The Code Is Red... Long Live The Code » et
« Smear Campaign » mais se laissant écouter plus facilement d'une traite par un nombre de déchet quasi nul la rendant presque aussi compacte que
« Time Waits For No Slave », cette nouvelle galette confirme qu'il va falloir encore compter sur Napalm Death pendant un bon bout de temps, qui s'en plaindra? Les parrains du grind viennent donc d'ajouter une nouvelle pierre à leur déjà longue discographie et ce n'est pas celle là qui fera s'écrouler un édifice que l'on pourra continuer de vénérer pendant longtemps encore.
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