Encore (et déjà !) un nouveau Napalm Death ! A peine un an après « The Code is Red… », nos grindeux préférés reviennent avec une nouvelle cargaison de brutalité qu'on sait d'avance joussive et blastante ( ?) à souhait. S'il y a bien un groupe qui ne m'a plus déçu depuis bien des albums, c'est bien Napalm Death, qui depuis
« Enemy of the Music Business » est redevenu le groupe emblématique qu'il était à ses débuts, furieux, engagé et tout simplement génial sans avoir à se forcer aucunement.
Comment pourrait-on être déçu avec cet album ? Moi qui l'était pourtant un peu à l'écoute de son prédécesseur, non pas mauvais mais manquant un poil d'inspiration (avis perso que je n'ai retrouvé nulle part ailleurs, tout le monde semblant encenser leur livraison de l'année dernière… mais je maintiens que c'est l'album « récent » que j'écoute le moins souvent chez ND), je ne suis pourtant parti sans aucun à priori sur ce « Smear Campaign », qui tout en étant un peu similaire à « The Code is Red… », ressort de la comparaison vainqueur par KO.
La courte intro « Weltschmerz » qui lance l'album est le pendant de « Morale » qui concluait l'album précédent, et permet de faire le lien entre ces deux albums sortis à peu d'intervalle. L'ambiance lourde du titre rappelle presque l'époque de « Fear Emptiness Despair », avec cette mélodie sinistre qui tranche avec ce qui s'ensuit, à savoir le démarrage en trombe de « Sink Fast, Let Go » : du blast, Mitch Harris qui hurle, et enfin notre grandissime Barney qui le rejoint pour un titre fortement surboosté. A peine une petite minute de blast et autres s'est-elle écoulé qu'on arrive sur un riff magistral, dont seul ND a le succès ; et c'est parti pour un break à la rythmique plombée qui ne peut que faire travailler les cervicales des gens de bon goût. Sans vouloir faire une énumération trop longue de passages marquants, je retiens quand même un certain nombre de riffs absolument énormes, qui montrent que ND n'a pas perdu sa science du riff : « Fatalist » à 1min47, ce gros break qui rappelle celui du titre précédent et qui me fait heabanguer alors que j'écris cette chronique ; le riff d'intro de « Freedom is the wage of Sin », qui me fait penser à l'époque de « Words from the Exit Wound ; « in Deference », certainement l'un des meilleurs titres de l'album, et ce passage à 1min25 absolument énorme ; 2min28 sur « Short Lived » ; 1min14 sur « Deaf and Dumbstruck »… n'en jetez plus, c'est du grand Napalm.
Bref pour moi c'est clair, « Smear Campaign » balaie totalement son prédécesseur, qui n'était déjà pas dégueu pour un sou. Je retiens surtout ici la magie retrouvée du groupe, avec un Barney toujours aussi enragé, peut être même plus qu'auparavant, c'est d'ailleurs à peine croyable sur « Puritanical Punishment Beating » tant le Gargantua du Grind est déchaîné ! Des titres tous aussi excellents, marquants et dans la pure tradition de ND, avec quelques petits clins d'oeils aux précédents albums comme le « hit » « When All is Said and Done », qui fait penser à « Necessary Evil » de par son coté accrocheur, si ce n'est qu'ici on a en plus droit à une grosse accélération en plein milieu. Le coté rouleau compresseur n'est pas mis de coté, avec des titres qui s'enchaînent et prennent systématiquement à la gorge, pas le temps de souffler sur le duo « Warped Beyond Logic » / « Rabid Wolves (For the Christ) » notamment.
ND a développé au fil des années un certain goût pour des « expérimentations » (terme à prendre avec des pincettes quand même) : c'est pourquoi on ne s'étonne pas de retrouver Anneke de The Gathering (vous avez bien lus) sur l'excellent « In Deference », ou elle fait un spoken-word avant de peupler de son chant fantomatique la fin du titre. Cette unique collaboration (contrairement aux nombreux featurings du précédent album) me faisait un peu peur, et pourtant rien à redire le morceau est fantastique et sublimé par l'apport vocal de la chanteuse. J'ai un peu plus de mal avec l'essai de chant « clair » de Barney sur « Persona Non Grata », mais bon c'est très léger et tant mieux.
Bon, que dire de plus après tout ça, ND est grand, l'a toujours été et le restera. Moi qui étais peut être le seul déçu par « The Code is Red… », j'ai retrouvé la foi avec ce « Smear Campaign », qui au regard de la discographie du groupe fait rêver tant le niveau de qualité comparativement au nombre de sorties est impressionnant. Avec des albums de cette trempe, ND n'a plus rien à prouver à personne, si ce n'est qu'il est l'un des tous meilleurs groupes de son genre et de sa génération. J'attends déjà le prochain avec impatience !
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