Qu’est-ce qui pousse en général quelqu’un à chroniquer un EP quatre titres de seulement huit minutes et quelques secondes ? J’aurai bien envie de vous répondre que c’est à cause de son contenu, aussi mince soit-il, mais comme disaient Mulder et Scully :
"la vérité est ailleurs". Bah oui parce qu’en ce qui me concerne, aussi savoureux soit-il, ce n’est pas la première raison qui m’a motivé à rédiger ces quelques lignes. Non, ce serait plutôt le travail de monsieur Rob Middleton et dans une plus large mesure tous ces artworks (
Mentally Murdered,
Scum,
From Enslavement To Obliteration,
The World Keeps Turning,
Utopia Banished...) faits de collages improbables qui symbolisent l’essence même de ce que sont les musiques Punk et donc par descendance le Crust, le Grindcore et le Hardcore. Ces enchevêtrements de corps humains exprimant toujours une certaine souffrance, qu’elle soit physique ou morale, représentés dans des situations mettant clairement en défaut nos sociétés capitalistes beaucoup plus intéressées par la notion de profit que par le respect de l’être l’humain... Rien de très original aujourd’hui mais à l’époque, ce genre d’artwork exerçait sur moi une véritable fascination probablement à cause de leur réalisme hyper cru.
Dédié à la mémoire de Roger Patterson, bassiste d’Atheist disparu en 1991 dans un accident de voiture,
Mass Appeal Madness renoue très clairement avec les origines Grindcore des Anglais. Beaucoup moins Death Metal dans son interprétation et dans sa production (même s’il en conserve quelques artifices, notamment à travers un sens de la composition un peu plus élaborée), ce court EP tente de faire oublier l’épisode
Harmony Corruption vécu à l’époque par certains comme une véritable trahison. Hormis ce morceau-titre de plus de trois minutes, les Anglais reviennent ainsi à des formats de compositions relativement courts avec notamment ce "Social Sterility" et ses soixante-treize petites secondes. Quatre titres, huit minutes, la moyenne est de toute façon vite faite. Mais après tout rien d'étonnant à cela puisque deux des titres présents sur ce EP ("Unchallenged Hate" et "Social Sterility") sont en fait des morceaux tirés de l'album
From Enslavement To Obliteration réinterprétés ici pour l'occasion avec le nouveau line-up.
Mais au-delà de cette simple notion de format, ce sont surtout les compositions elles-mêmes qui nous renvoient aux premières heures des Anglais. Riffs Punk simples et ultra nerveux, blast-beats quasi-ininterrompus distribués par un Mick "Human Tornado" Harris dont ce sera d’ailleurs le dernier enregistrement avec Napalm Death, basse vrombissante (qui aurait quand même méritée d'être davantage mise en avant ici) et surtout un Mark Greenway qui sur "Mass Appeal Madness" à 0:57, "Pride Assasin" à 1:26, "Unchallenged Hate" à 1:17 et "Social Sterility" à 1:03 va user des mêmes cris que ceux de Lee Dorian. Des cris que nous n’avions d’ailleurs plus entendu depuis les quelques titres présents sur le split en compagnie des Japonais de S.O.B..
Très efficaces, comme toujours avec Napalm Death, ces quatre nouveaux morceaux n’ont néanmoins pas tout à fait la même portée que ceux de l’incroyable
Mentally Murdered qui atteignait un niveau de brutalité rarement égalé, même par le groupe lui-même. Qui plus est, difficile de passer après ce qui est et restera pour moi le meilleur album de Napalm Death. Car si les Anglais sont bien les maîtres incontestés du Grindcore en plus d’en être l’un des pères-fondateurs,
Harmony Corruption possède quelque chose qui me fera toujours un effet incroyable (les riffs, la production, l’atmosphère générale... Il y a un truc que je ne m’explique pas trop mais qui me lie par les tripes à cet album). Quoi qu’il en soit,
Mass Appeal Madness n’en demeure pas moins le genre de mise en bouche que l’on aime se repasser avec grand plaisir. Coincé entre deux albums phénoménaux, la comparaison n’est pas toujours facile (si tant est que l’on puisse véritablement les comparer). Pour autant, les quelques titres de ce court EP ne déméritent pas un seul instant et constituent une preuve supplémentaire de l’excellence dont a toujours fait preuve Napalm Death.
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