On a tous nos albums fétiches, ces albums qui ont marqué au fer rouge notre évolution musicale, occupent une place particulière dans notre coeur et laisseront à jamais une trace indélébile dans notre mémoire et tout simplement dans notre vie. Pour moi « Harmony Corruption » fait partie de ceux là, aux côtés des « Back In Black », « Master Of Puppets », « Countdown To Extinction » et autres « Arise » ou « Far Beyond Driven ». Pourtant, me direz-vous, il existe un gouffre de brutalité séparant ces derniers du troisième album des anglais, et pour cause ce « Harmony Corruption » marqua à grand coup de blasts mon entrée dans le vaste monde du death metal.
Comme c'est souvent le cas, je me rappelle avec une précision presque mystique, de ce jour d' août 1993, à Detroit, où pour la toute première fois mes mains puis mes oreilles se posèrent sur cette fameuse cassette, de mon incrédulité tout d'abord face une telle débâcle de brutalité puis de ce sentiment si particulier qui fait que l'on sait à ce moment précis que l'on vient de toucher à quelque chose de rare. Mais assez parlé de ma petite personne, parlons donc plutôt de cette pierre angulaire du death metal. Si ce « Harmony Corruption » représentait pour moi à l'époque le grand saut vers les contrées inhospitalières du death metal, il marquait également pour la bande de Birmingham un réel revirement musical, tournant le dos au grind furieux de leurs deux premiers opus et faisant place à un pur death qui frôlait ce qui pouvait se faire de plus brutal à l'époque. Evidemment cet album marque aussi un tournant majeur dans la composition du groupe avec l'arrivée de Mark "Barney" Greenway au chant et Mitch Harris en deuxième guitariste.
Tout les fans du groupe ont en tête ce fameux grésillement radiophonique annonçant la déferlante de blasts à venir et de ce cri d'ours en ruth sous Viagra de Barney. La suite fait partie de l'histoire. « Harmony Corruption » est juste une perle qui renferme des riffs absolument monumentaux alliant brutalité pure et dure avec un sens certain de l'accroche, du groove oserais-je dire: « Vision conquest » à 31'', le début de « If the truth be known » et à 3'18 (
mais sérieux apportez-moi une minerve!!), « Inner incineration » à 2'09, « Malicious intent » à 1'13, le début génial de « Unfit earth », celui imparable de « Mind Snare » etc... peu importe que l'on ait trente ou quinze ans, impossible de rester de marbre devant un tel génie de composition. Et entre ces moments d'anthologie tout n'est que matraquage en règle, Mick Harris maltraite ses fûts comme si sa vie en dépendait, Shane nous balance sa purée de basse grésillante dans les esgourdes, et la paire Pintado/Harris se paye même le luxe de de trois petits soli (« Malicious intent », « Circle of hypocrisy » et « The chains that bind us »), luxe que l'on ne retrouvera pas avant le dernier opus en date (au moment de l'écriture de cette chronique évidemment)
« Time Waits For No Slave » (si l'on excepte le petit solo de "I abstain"). Et que dire de la prestation de Barney si ce n'est qu'elle marque d'une main de maitre l'arrivée dans le groupe de celui qui deviendra au fil des années sa figure emblématique? Difficile aujourd'hui en effet d'imaginer qui que ce soit d'autre en lieu et place du sieur Greenway. Et lorsque sur un « Unfit earth » dantesque le bougre est en plus secondé par des minots comme John Tardy et Glen Benton personne n'ira bouder son plaisir.
Il serait bien entendu difficile de terminer cette chronique de « Harmony Corruption » sans évoquer l'un des tous meilleurs titres du death metal, un monstre repris par tellement de groupes que ce soit sur CD ou sur scène (Benighted, Aborted, Decapitated...): « Suffer the children ». Que dire de plus sinon qu'une fois encore sur cet album Napalm Death atteint la perfection? Ce pattern de batterie d'une seconde suffit à réveiller une salle entière de métalleux endormis et le riff dont aucun superlatif existant ne saurait rendre compte de la splendeur met immédiatement la gaule aux sus-cités, même les plus anesthésiés. Le break final quant à lui clôt ce troisième album du quintette de Birmingham dont l'écoute est un pur moment de bonheur intemporel; un album intense, dense, impression encore renforcée par cette production un peu étouffée de l'inévitable Scott Burns et du Morrissound, mais surtout incontournable pour tout fan de death metal qui se respecte, et je pourrais mettre le "death" entre parenthèses. Bref en un mot: chef d'oeuvre.
PS: la version CD possède un titre bonus « Hiding behind », très bon titre qui se fond à merveille dans la track list à tel point qu'on se demande pourquoi il n'a pas figuré d'emblée sur l'album.
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