Quand on évoque NAPALM DEATH, on pense d'office aux références absolues que sont, entre autres,
« Harmony Corruption »,
« Utopia Banished » ou
« Enemy Of The Music Business ». Et si « The Code Is Red ... Long Live The Code » et le dernier album en date ont l'envergure pour leur succéder au palmarès des plus beaux fleurons grind de Birmingham, on trouve dans l'abondante discographie des anglais quelques laissés pour compte comme « Fear, Emptiness, Despair » qui, s'il souffre quelques défauts ou maladresses évidents, mérite tout de même une relecture attentive. Sorti au printemps 1994, le cinquième full length de la bande à Barney est confronté à deux difficultés majeures ; la première est conjoncturelle : pour éviter de finir comme leurs voisins thrashers, pas mal de pionniers du death trouvent refuge dans l'industriel et les samples pour relancer un genre en perte de vitesse (COMECON, MORGOTH, OBITUARY). Sans aller jusqu'à imiter NAILBOMB, NAPALM DEATH, qui a explosé les barrières de la brutalité avec un
« Utopia Banished » ayant laissé tous ses sympathisants sur les reins, ralentit le tempo par quatre et érige un mur de guitares où le monolithisme rythmique s'accorde parfaitement avec les trouvailles dissonnantes de Shane Embury, ici guitariste occasionnel. La seconde est circonstancielle : pas évident de faire son nid entre le « Far Beyond Driven » de PANTERA et le « Burn My Eyes » à venir des nouveaux challengers MACHINE HEAD!
Que pas mal d'auditeurs soient passés à côté de « Fear, Emptiness, Despair » est donc compréhensible, même si NAPALM DEATH a pris soin de placer « Twist The Knife » sur la B.O. de l'inénarrable
Mortal Kombat en compagnie de FEAR FACTORY, KILLING JOKE ou KMFDM. Un excellent titre d'ouverture qui place les débats sur un autre terrain que l'optique full frontal d'un
« Utopia Banished » ultra abrasif et extrêmement rapide. Doté d'une énorme production pour la première fois de sa carrière (loués soient Pete Coleman et Colin Richardson) et d'un line-up enfin stabilisé autour de Danny Herrera, Jesse Pintado et Mitch Harris, NAPALM DEATH joue la carte de la lourdeur pachydermique, caresse les côtes (façon de parler) à grand renfort de break beat sauvage et ménage le suspense en distillant quelques accélérations meurtrières de manière plus réfléchie, plus vicelarde. On trouve donc encore des blasts sur « Fear » (encore heureux!) mais le climat sombre et faussement apaisé de l'ensemble, combiné à des morceaux plus longs qu'à l'accoutumée font de cet album une transition brute de décoffrage (le chant de Barney reste sans concession aucune) vers les plus progressifs
« Diatribes » et
« Inside The Torn Apart ». C'est aussi sur « Fear » que NAPALM abandonne définitivement les solis pour travailler les ambiance et varier le tempo. Et si les anglais sont moins heureux que BRUTAL TRUTH sur les pénibles « State Of Mind » ou « Plague Rages », d'autres titres mériteraient une place dans leur setlist live comme en témoigne le redoutable « Hung », dont la reprise en main brutale à 1:55 est un modèle du genre. Pas assez de blasts à votre goût? Ceux ci n'en sont que plus mis en valeur et du même coup, plus jouissifs : du démarrage sentencieux de « Primed Time » au bourrinage final de « Throwaway », en passant par l'aggression inattendue à 1:57 sur l'oppressante « Retching On The Dirt », il y a largement de quoi se sustenter entre deux ruades thrash du plus bel effet sur « Remain Nameless » ou « Fasting On Deception ».
Toujours brutal donc, qu'on se rassure, mais pas seulement. Dotés d'une sacrée patate rythmique par moments, les meilleurs passages de « Fear, Emptiness, Despair » mettent en valeur la polyvalence de l'excellent Danny Herrera, malheureusement jamais cité parmi les batteurs de référence. Trop discret sans doute. Autres grands gagnants de l'affaire, la paire Harris/Pintado qui s'affirme enfin comme le duo incontournable offrant à NAPALM DEATH une identité sonore forte et reconnaissable entre mille. Les cris atroces et caractéristiques de Mitch sont de sortie, quand ce n'est pas Barney qui terrorise la planète entière dès son premier growl sur la tétanisante « Twist The Knife »! Un morceau terrible ou les riffs font tourner les têtes avec une précision diabolique, un peu à la manière d'OBITUARY sur « World Demise ». Passé un démarrage foudroyant et une marée basse à mi parcours, NAPALM DEATH se paye en outre une fin de programme très dynamique avec un « Armageddon X7 » groovy à souhait, quoique se complaisant toujours dans le glauque sous couvert de cris déchirants et de spoken words glacials en arrière plan sonore. Un album à (re)découvrir, et qui fait parfois regretter que le groupe délaisse la partie la plus alambiquée de son répertoire au profit d'une formule grind ravageuse ayant un peu trop fait ses preuves.
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