Cette fois, ils ont pris leur temps. Pour la première fois depuis le début de leur carrière, on compte plus de deux ans entre la sortie de deux skeuds de la mort au napalm,
« Smear Campaign » datant tout de même de la rentrée 2006. Oh bien sûr, comparé à une certaine démocratie chinoise de très mauvais goût, ce soupçon d'éternité apparaît fort relatif, surtout lorsqu'on s'attarde sur la qualité de la marchandise ; nouvel exemple du savoir faire des anglais en matière de torgnole grind, « Time Waits For No Slaves » laisse autant de place au suspense qu'un slasher du samedi soir : prod éguisée comme le couperet d'une machette par Russ Russell (fidèle au poste depuis « Leaders Not Followers » et qui a su concocter un son aux petits oignons, plus rèche, puissant et agressif que sur
« Smear Campaign »), tracklisting imparable en forme de bodycount, ultra violence non stop échappant à toute forme de classification, même le catégorie 3 hong-kongais déviant (c'est qu'on cause social ici madame, aliénation de l'homme par le travail en tête). Sans fioritures aucune (au diable les special guest stars Anneke Van Giersbergen, Jeff Walker, Jamey Jasta et Jello Biafra), « Times Waits For No Slaves » ne fait aucun quartier et s'avère bien plus saignant que
« Smear Campaign », un bon album dont le seul tort reste d'être sorti un peu vite après l'excellent « The Code Is Red ... Long Live The Code ». Alors messieurs dames, la cause est entendue, la concurrence aux abois et NAPALM DEATH a encore tout déboité ? Ce serait aller vite en besogne et négliger l'instinct de survie des durs de la feuille de la thrashoteam. Prévisible à l'extrême, le boogeyman napalm a beau cogner très dur, reconnaissons qu'il ne frappe plus aussi juste pour tous ceux qui suivent la bête depuis
« Utopia Banished », « F.E.T.O. » ou
« Harmony Corruption ». Comme dans un vieux couple, survient toujours le moment où un break au petit déj', un blast au moment de se coucher ou un riff en passant la porte d'entrée charrie son lot de déjà vu et d'inlassable routine, conduisant in fine à trouver un amant de valeur plus ou moins égale (NASUM, ROTTEN SOUND). Et comme cette vieille salope de Birmingham couche avec plusieurs membres de l'équipe (Chris s'est servi le premier), parole à Niktareum pour une analyse approfondie de ce, hum, combientième album déjà ?
Pas de superstitieux dans la salle j'espère!? Car il semblerait bien selon les calculs officiels que ce « Time Waits For No Slave » porte à treize le nombre de full lengths du combo de Birmingham (en ne comptant bien sûr que les albums originaux, sinon on peut bien rajouter un zéro!). Une longévité exemplaire dans le milieu et qui sous-entend évidemment une trajectoire tout sauf rectiligne. Le groupe a en effet su évoluer après des tout débuts hardcore-punk puis purement grind, vers un death metal plus brutal, s'accordant plus tard quelques digressions vers des sonorités moins convenues pour enfin revenir sur le tard à leurs premiers amours. Cet album n'est-il donc que la suite logique des deux précédents opus? Oui et non; car même si bien évidemment la recette n'a pas bougé d'un iota et qu'on ne pourra ici bien sûr pas parler de surprise, ce dernier rejeton marque un pas de côté par rapport à ses deux prédécesseurs et s'éloigne un chouïa des sonorités grind de ces derniers, que ce soit sur le fond comme sur la forme. Premier élément: aucune chanson ne tape sous les trois minutes (bon ok « Procrastination of the empty vessel » si, mais ça se joue à quatre secondes!). Ne vous attendez pas pour autant à une quelconque accalmie musicale, Napalm remet en effet les pendules à l'heure avec quatre titres uppercut d'entrée de jeu: « Strong Arm » parfait en guise de bise de retrouvaille avec ces fameux riffs (à 0'35), ceux qui personnellement font dresser toutes les parties érectiles de mon corps, ces alternances de blasts fous furieux sur les hurlements de Mark et Mitch (non pas notre Mitchou à nous bien sûr) et de cavalcades infernales; « Diktat » enchaine directement sur l'autre joue avec le même schéma sans oublier de nous rappeler sur la fin qu'on est aussi là pour taper du pied; « Work To Rule » headbanguant avec son petit clin d'oeil black metal à 1'36; « On The Brink Of Extinction » ultra accrocheuse, un peu la
« Greed Killing » ou « Necessary Evil » de cet opus. Les quatre de Birmingham nous offre par la suite ce qui ressemble plus à un patch work de différents visages qu'a pu nous présenter le groupe avec notamment un ventre de titres dans la veine de
« Diatribes » ou
« Inside The Torn Apart » comme le titre éponyme, « Lifeand Limb », « Fallacy Dominion » et son "refrain", l'excellente « Larceny Of The Heart » et ses nappes de synthé ou « Procrastination On The Empty Vessel », pour le plus grand plaisir de mon ami TJ, entrecoupés d'un « Downbeat Clique » au riff de bûcheron qui vient remettre tout le monde d'accord. Après ce milieu d'album aux douces réminiscences d'antan la bande à Barney se remet sur les rails avec le trio final « Feeling Redundant », « A No-Sided Argument » (sur laquelle on a même la surprise de retrouver un solo (!), le premier depuis...
« Harmony Corruption »!), « De-evolution Ad Nauseum » aussi efficace qu'un coup de boule en guise d'au revoir!
Les chanceux qui auront acquis la version digipack se verront gratifiés de deux titres bonus: un « Suppressed Hunger » classique mais qui n'aurait pas du tout fait tâche parmi ses quatorze cousines, et surtout le bijou qu'est « Omnipresent Knife In Your Back », titre totalement atypique dans la veine d'un
« Inside The Torn Apart » ou « Atheist Runt ». Malsain, entêtant, planant, cette merveille vous résonnera encore longtemps en tête une fois l'album terminé, rien à voir avec un « Morale » beaucoup moins inspiré.
Un album parfait alors? Evidemment non, même si la mort au napalm maintient le cap avec brio, ce nouvel effort ne laisse que peu de place à la surprise.
Et j'en veux pour preuve le trop plein de plans éculés qui entrave en partie la bonne marche de “Time Waits For No Slave”, quand bien même le groupe reste maître dans l'art de sauver un titre commun d'un blast dévastateur ou d'une dissonnance infernale. Tout en validant l'analyse technique du good cop Nikatreum, le bad cop que je suis ne peux s'empêcher de soupirer au démarrage de “Fallacy Dominion”, “Feeling Redundant”, “A No-Sided Argument” ou “Strong-Arm”, quatre titres soufflant le chaud et le froid (comme tout l'album en fait) qui capitalisent un peu trop sur la trademark NAPALM DEATH ; soit, résumé à la va-vite, un coup d'accélérateur hardcore typique presque à chaque fois relayé par un virage death/grind de grande qualité. Sans vouloir viser un membre du groupe en particulier, la ressemblance frappante avec les riffs d'un VENOMOUS CONCEPT donne parfois le sentiment désagréable que Shane Embury a un peu trop pioché dans sa boîte à riffs personnelle, sans forcément faire la distinction entre les deux groupes. Autre élément à charge, et on s'en rend bien vite compte en réécoutant les albums post “The Code Is Red”, l'absence des parties de pur death metal du regretté Jesse Pintado commence à se faire sentir. En résulte un certain manque de variété en partie compensé par l'inventif Mitch Harris, signataire de quelques uns des meilleurs titres de l'album avec “Diktat”(pure boucherie dans la lignée de “Constitutional Hell”), l'ultime coup de collier grind “De-Evolution Ad Nauseum” ou encore la foudroyante “Downbeat Clique”, qui fait un bien fou après deux titres en demi teinte. Alors, Shane vilain petit canard et Mitch dans le rôle du sauveur ? Torts partagés messieurs dames, les géniales “To The Brink Of Extinction” (duke nuque 'em!), “Procrastination On The Empty Vessel” et “Larceny Of The Heart” du premier nommé surpassant allègrement les plus faiblardes “Passive Tense” ou “Life And Limb” du second. En vérité, l'absence d'un troisième larron force les deux compositeurs maison à puiser dans leurs réserves et à se reposer un peu trop sur des automatismes qui, il faut le reconnaître, ont largement fait leurs preuves. Ce qui peut sonner comme une absence de nouveauté aux oreilles des die-hard fans ne posera en revanche aucun problème à ceux qui découvrent le groupe depuis deux ou trois albums, tant NAPALM DEATH enfonce le clou de son grind revendicatif avec une force peu commune. Rendons donc à Bosjan ce qui appartient à Cesar en saluant l'intensité de l'ensemble, le travail de sape rythmique du toujours impeccable Danny Herrera et le registre ultra-abrasif du non moins excellent prédicateur (ces incantations de chant clair sur le title track, une merveille) Mark “Barney” Greenway. “Time Waits For No Slave”, sans être un chef d'oeuvre absolu, est donc un très bon album de NAPALM, dominant de la tête et des épaules, à titre de comparaison, le dernier forfait en date de MISERY INDEX, prétendant déclaré au trône du grind socialement éclairé.
Time waits for no slave
Just give them convenience
Upon pain of fucking death
Honoured cattle-class turning fattened heads.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène