Arcania - Sweet Angel Dust
Chronique
Arcania Sweet Angel Dust
Puisqu'à ma grande surprise les Angevins d'ARCANIA avaient déjà trouvé place en ces pages, prenons la relève de Chris – lequel avait franchement apprécié leur première autoproduction – avec la sortie tardive d'un toujours plus significatif premier album, un « Sweet Angel Dust » sorti en juin dernier chez Great Dane Records (ATROPHY, WHISPERING TEARS, CHRYSEIS). Un trou noir de six ans plus tard (le groupe n'ayant stabilisé son line-up qu'à compter de 2008), l'heure est enfin venue pour ARCANIA de coucher sur CD le fruit de dix ans d'expériences parfois malheureuses –la disparition tragique du membre fondateur Gabriel – et de morceaux ambitieux combinant thrash old school, metal mélancolique et adjuvants rythmiques hérités du death mélodique.
En ce qui concerne le death, on va la faire courte étant donné la forte orientation thrash de l'affaire, le frontman Cyril concédant quelques rares growls au détour d'un refrain scandé sur l'énergique « No End », un peu à la manière d'un Chuck Billy, tandis que le batteur Olivier Chene insuffle à l'ensemble l'oxygène extrême nécessaire sous forme de blasts qui rapprochent ARCANIA d'un DETONATION ou d'un DARK TRANQUILLITY de la première heure (celui de « The Mind's I » au démarrage de « This Man Failed »), en moins bluffant techniquement parlant. Pour le reste, l'influence principale des français est à chercher outre atlantique, plus précisément du côté des Four Horsemen dont l'ombre fait plus que planer sur les neuf titres qui composent la galette. La principale raison ? Le timbre de voix de Cyril Peglion, du James Hetfield tout craché, qui plus est de la meilleure période (celle de « … And Justice For All »), avant que le thrasher émérite ne s'étouffe à l'écoute des yeah yeah à répétition dont notre Californien préféré s'est malheureusement fait une spécialité. Une belle performance vocale qui ravira les amateurs du METALLICA pré-Black Album !
On le ressent également au détour de nombreux riffs faisant ressurgir le spectre du thrash eighties de papa qui fera qu'on conseillera « Sweet Angel Dust » à tous les nostalgiques de la période, le tout saupoudré de quelques réminiscences suédoises bienvenues histoire de ne pas sonner trop rétrograde. Délicieusement old school par moment sans l'être corps et âme donc, l'album baignant dans une atmosphère nostalgique évidente que l'on retrouve plus souvent chez les groupes goth/dark chers à notre webmaster (l'instrumental « Interlude ») que dans une mouvance thrash actuelle trouvant plus son salut dans la déconne ou l'ultra-violence.
Un bon point pour la démarche originale d'ARCANIA dont le thrash progressif a le mérite de ne pas ressasser des plans usés jusqu'à la corde, mais qui recquiert à l'inverse une maîtrise de tous les instants pour ne pas perdre l'auditeur en chemin. Etant donnée la durée excessive des morceaux et la redondance de certaines parties rythmiques, le contrat n'est pas totalement rempli avec des leads décentes mais peu mémorables et trop isolées, des breaks mélodiques au placement hasardeux quand le morceau ne demande qu'à décoller (à 3 :10 sur le title track) et un tracklisting à la dynamique très aléatoire, les titres les plus rapides étant tous concentrés en début de programme avant de céder la place à des pièces thrash à l'efficacité toute relative (la peu enthousiasmante « Against My Fear »). Souvent sauvés par des refrains impeccables (« Memento »), la plupart des titres gagneraient à être raccourcis (« Memento », encore), ARCANIA n'ayant pas la maitrise et l'inspiration d'un OPETH sur les passages les plus lents et mélancoliques. Une atmosphère de recueillement qui fait qu'on a parfois le sentiment d'être en présence d'une longue variation de « My Friend Of Misery » (« As We Fall ») et qui chagrinera les amateurs de thrash pur et dur, quant les amateurs de THIS HAVEN et autres GHOST BRIGADE salueront au contraire l'accalmie spleen, fût-ce au prix d'un regrettable manque d'intensité.
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Je suis globalement d'accords avec la chronique quoi que je me montrerais moins incisif sur les défauts de cette galette. Je trouves également les passages mélancoliques apportent une patte toute particulière et une ambiance qui manque souvent sur les albums de thrash de ces dernières années (surtout la el famoso scène revival thrash, avec Havok en tête) même si je te concède l'argument du "manque d'énergie". Je ne saurais te conseiller de jeter une oreille sur leur 2nd album qui fait la même chose mais en beaucoup mieux et avec plus d'énergie. |
citer | Je me souviens encore de leur démo, et surtout de l'enthousiasme communicatif de Cyril pour parler de son groupe. Heureux de voir que le groupe existe toujours! |
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2 COMMENTAIRE(S)
03/11/2018 18:44
19/08/2010 09:42