Après avoir flingué en règle une énième déception signée Pig Destroyer (
"The Octagonal Stairway", qui, je l'espère, permettra d'enfin inhumer la légende), il me fallait bien quelque chose pour sécher mes larmes, et retrouver foi dans le genre que j'aime tant. Et rien de mieux qu'une sortie que j'attendais tout particulièrement : la rencontre des Texans de Noisy Neighbors, et de mes chouchous du Midwest, Shit Life, parue la semaine dernière en toute confidentialité. Huit titres, pour dix minutes du plus coupable des plaisirs, la dose nécessaire de blast-beats bovins, de hurlements hystériques et d'état d'esprit résolument punk pour terminer la semaine en beauté.
C'est à Noisy Neighbors qu'incombe (et surtout décombe) la tâche d'ouvrir les hostilités. Et force est de constater que le trio se défend plutôt bien. Un Grindcore qui se pare parfois de de Death Metal ("Making Things Worse" au riffing assez marqué), de bonne facture, bien composé, bien pensé, qui ne rogne jamais sur les bonnes idées taillées pour déchaîner la fosse ("Cheap Heat"). Malheureusement, l'envie apparente est tirée vers le bas par la production, franchement famélique. Les guitares sont réduites à peau de chagrin, la caisse claire possède un ping très marqué, très sec, qui contribue à rendre les tartines de blasts complètement rachitiques - et c'est bien dommage, car le batteur cache de sacrés chevaux sous le capot. Les guitares abrasives à souhait peinent à tirer l'ensemble vers le haut, malgré un duo de voix qui fonctionne très bien. Bref, quatre titres pas désagréables... Mais qui font bien pâle figure face au monolithe Shit Life.
Prévisible, j'ai envie de dire. C'est que le duo de
potheads a pu nous montrer ce qu'ils avaient dans le bide :
"Reign in Bud", sorti l'année dernière . Un album de Grindcore absolument fantastique, de la première à la dernière seconde. Conjuguant la férocité et un état d'esprit particulièrement appréciable, loin du manichéisme un peu débile dont le genre se fait habituellement l'écho, magnifié par une production maison, redoutable de lourdeur, l'album s'est imposé, de mon côté, comme la sortie de l'année dernière, tous genres confondus - j'attendais un disque de Grindcore de cette trempe depuis
'World Extermination" d'Insect Warfare, c'est dire. Et
"Competitive Victimhood" est un bon petit apéritif pour les affamés comme moi, qui en voulaient encore - le groupe annonce d'ailleurs la couleur :
"If it ain't fast - it probably sucks". Prod un peu plus crue, mais batterie toujours aussi présente, Chris et Zach régalent encore une fois les gourmets, empilant les riffs qui tapent dans le mille (le très rentre-dedans "Fear of Hydrogen Cyanide") et une section rythmique constante dans le lynchage (ces accélérations à la double-pédale sur "The Church of Real Grindcore", râââââh...). Un pur bonheur !
Vous l'aurez compris, la note concerne bien moins la partie Noisy Neighbors, sympathiquement dispensable, que celle de Shit Life, qui continue de marcher sur l'eau.
"Competitive Victimhood", dédié à tous ceux qui savent réfléchir par eux-mêmes, sera l'occasion pour ceux qui ne se sont pas encore rendus à l’évidence de découvrir l'un des tous meilleurs groupes de Grindcore actuels. Une bonne mise en bouche avant d'attaquer le gros morceau de leur discographie. Bref,
"merci pour ce moment", comme dirait l'autre, et vivement le prochain album. Parce que cinq minutes, c'est vraiment trop court, Messieurs !
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