"Hiss", c'est un peu le retour en grâce que je n'osais plus attendre. Et malgré ses quelques petites sorties de piste, il me sera difficile de cacher ma joie de retrouver un
Wormrot en grande forme !
C'est qu'on s'était quittés un peu fâchés, déçu que j'étais de leur dernière sortie en date,
"Voices", sur lequel tout le monde s'était allégrement paluché. Sympathique, oui, mais au delà des envolées presque
screamo qui continuent de me coller des plaques, je n'y retrouvais surtout rien de ce qui continue de faire le charme du combo. Point d'assauts abrasifs, de raclements de gorge avant un bon gros blast-beat, bref, de tout ce qui aura conféré aux fantastiques
"Abuse" et
"Dirge" leur statut d'albums cultes. Du coup, malgré sa superbe pochette, j'ai abordé
"Hiss" un peu à reculons. J'ai eu tort, je le reconnais.
Même s'il n'a qu'une influence réduite sur mon appréciation de ces 21 titres, le contexte entourant la mise au monde de ce troisième
full length lui confère une saveur assez particulière : c'est la dernière fois que nous pourrons nous régaler du chant gueulard d'Arif, ce dernier ayant pris la décision de quitter le groupe peu avant la sortie de
"Hiss" - après avoir livré une excellente prestation en guise de chant du cygne. En emportant avec lui Azean, sa compagne,
band manager du groupe - ce qui n'empêchera pas
Wormrot d'arpenter l'Europe l'année prochaine, avec Gabriel Dubko (
Implore) dans ses bagages pour assurer l'intérim. Rasyid semble donc, plus que jamais, garder sa casquette de capitaine de navire bien vissée sur le crâne.
Les faits, maintenant. Toujours sous les auspices de Digby Pearson, grand ponte d'Earache Records,
"Hiss" calme un chouïa les errances stylistiques pour revenir à une formule globalement plus brute de décoffrage. La production taillée sur-mesure par Leonard Soosay sied à merveille aux nouvelles compositions du trio : délicieusement organique sur les guitares de Rasyid, compacte juste ce qu'il faut sur la batterie sans temps mort de Vijesh, dosant savamment les effets sur le chant d'Arif, c'est du tout bon, un sans faute, même.
Wormrot produit un Grindcore de très haute-volée : ça tabasse très, très fort, et avec un plaisir non dissimulé. L'amateur saura d'ailleurs reconnaître bon nombre de clins d’œils disséminés çà et là tout au long de la demie-heure de l'opus : tour à tour mouvement de tête à
Magrudergrind (à 1:03 sur "Noxious Cloud", copier/coller du pont final de "The Protocols of Anti-Sound") , à
Napalm Death (le riff de "Behind Closed Door" qui rappelle fortement celui de "Instinct of Survival"), à
Power Trip (de l'aveu même du groupe, le
"Wow" de "Seizures" faisant écho à celui de Riley Gale sur "Executioner's Tax")...
Si, comme moi, rien ne vous rend plus heureux qu'une tartine de blast-beats sur trois accords,
"Hiss" comporte de sacrés morceaux de bravoure, taillés pour se déboîter une vertèbre : "The Darkest Burden", "Your Dystopian Hell", ou encore "Doomsayer" et "Shattered Faith" sauront satisfaire les plus bovins d'entre nous. Et même lorsque le groupe verse dans le
Jon Chang-worship, il reste convaincant ! Les leads déchirants et les parties mélodiques, presque sucrées, sont dosées avec bien plus de justesse que sur
"Voices", et ce n'est pas pour me déplaire ! Malheureusement, sur certains titres, il faut croire que le couvercle du sucrier s'est dévissé...
Au milieu du retour de la brutalité dans les compositions du groupe surnagent les mêmes errances de mauvais goût que je reprochais déjà à "
Voices" : Les 30 secondes de silence absolu qui ouvrent le disque; Les choeurs graves complètement ratés de "Broken Maze"; "Desolate Landscapes" ou "Hatred Transcending" et leur final qui tirent en longueur pour peu de valeur ajoutée; l'interlude quasi-tribale "Pale Moonlight" qui débarque comme un cheveu sur la soupe et fauche le disque en plein élan; Les incursions de violon chialeur qui, à titre personnel me font ronfler (que ce soit sur l'instrumentale "Grieve", le final de "Weeping Willow" ou sur l'interminable dernier titre)... Et les quelques ruptures de ton qui débarquent parfois sans crier gare au beau milieu de titres qui, jusqu'à l'arrivée de ces fautes de goût, étaient de vrais sans-fautes.
Logique, en un sens, puisque ce
"Hiss" est une belle synthèse de la discographie de
Wormrot, mélangeant le meilleur de
"Abuse" et
"Dirge" avec ce qui m'a fait délaisser
"Voices. Voyons le positif : il mettra peut-être bien tout le monde d'accord. En tout cas, je ne boude pas mon plaisir de retrouver un groupe qui semble avoir de nouveau la dalle ! Ce dernier disque déborde tellement, tant d'envie d'en mettre partout que de passion pour l'esprit même du genre, que je peux difficilement leur en vouloir pour leurs quelques élans fragiles. Bref, une belle surprise.
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