Unsu - K.I.A.I.
Chronique
Unsu K.I.A.I.
The price you pay for bringing up either my Chinese or American heritage as a negative is... I collect your fucking head. Just like this fucker here. Now, if any of you sons of bitches got anything else to say, now's the fucking time!
C'est à la vénéneuse O-Ren Ishii (campée par une Lucy Liu plus en beauté que jamais) que nous devons cette diatribe, tirée de l'excellent "Kill Bill", premier du nom. Chef-d'oeuvre du cinéma, mené par une main de maître : seul Tarantino arrive à ce point à insuffler de la beauté dans des quarts-d'heures entiers de découpages de membres, d'énucléations à mains nues, de geysers de raisiné. Le réalisateur qui mettra en scène un massacre en ne filmant que les perles rouges sur un kimono en satin, court instant poétique. Unsu a aimé le film, c'est clair et net. Mais le quatuor du Nord a choisi de congédier l'équipe de tournage manu militari, s'est approprié caméra et final cut pour ne retenir que la boucherie pure et simple.
C'est du moins le seul constat qui me vient en tête à l'écoute de "K.I.A.I." - pour "Kill Icons and Idiots". Découper les plans inutiles au ciseau de monteur, enlever les scènes de sensibilité, raccourcir au maximum les dialogues pour ne garder que l'essentiel : l'impact. Car ce dernier album d'Unsu ne s'encombre pas de fioritures, de binious ou d'arrangements compliqués. Il se cantonne à son style, le Grindcore, et lui rend le plus bel hommage qui soit en restant bien dans ses canons. Au programme : du blast, du blast, et encore du blast, de l'énervement et de l'énergie à gros bouillons. Le kabuto de l'artwork ne va pas servir à décorer, c'est garanti.
Premier constat dressé dès les premières frappes de "K.I.A.I." : le son a été vu à la hausse. Non pas que "Moral Distortion" ou "The Filthy" aient souffert d'un handicap particulier sur ce point - chacun avait bénéficié d'un très bon traitement, conservant la force des compositions "rentre-dedans". Mais là, c'est un véritable grand écart. Les guitares ont été gonflées, accordées dans les baskets, me rappelant furieusement le grain unique des fous-furieux de Rotten Sound ou de Nasum période "Shift", la batterie est un poil plus en retrait, les cymbales apportent de l'épaisseur à l'ensemble. Quant au hurleur, il emprunte aussi bien à l'hystérie qu'au registre porcin. Définitivement, "K.I.A.I." est bien parti pour être au-delà du lynchage : il se transforme en ogive.
Unsu ne se contente pas d'envoyer "bêtement" le bois de façon linéaire, comme on l'entend trop souvent dans le genre - même si ça reste toujours appréciable. Les titres de "K.I.A.I." sont globalement très équilibrés : on retrouve des parties réellement pesantes (l'ouverture de "Lamia" et sa batterie stratosphérique), du riffing brise-nuques ("Unsu", probablement le démarrage de titre le plus puissant de "K.I.A.I."), des accélérations ("Inbred" et sa frappe folle) et des rythmiques typiquements taillées pour la scène ("Our Sweat/Not Your Thing" et son D-Beat surpuissant). Et, bien entendu, une bonne dose de blast-beats, comme le veut la coutume. Seul petit regret de mon côté, la prédominance de la frappe caisse claire/grosse caisse couplées, qui donne certes une impression de "mur du son", mais qui finit par lasser au bout d'un moment - étant un batteur frustré incapable d'appliquer cette technique, on mettra ça sur le compte de la jalousie.
On oubliera pas non plus les samples, que l'on retrouve sur 95% des sorties du genre. Sur "K.I.A.I.", le panel est assez pauvre, ce qui n'est pas plus mal (des groupes comme Jesus Cröst comptent plus de samples que de temps de jeu sur leurs disques). O-Ren Ishii sur "K.I.A.I.", ouverture de Yuri Orlov ("Lord of War") prémonitoire au massacre en règle qu'est "Kalachnikov Dream", et un extrait bien débile en démarrage de "Thumbs Down". Basta. Le strict minimum pour ne rien enlever à l'efficacité de l'album, qui s'écoute d'une traite et rétamerait le plus solide d'entre nous. Ecoute qu'il conviendra de renouveler dès que le besoin de tout balancer par la fenêtre se fera sentir.
Premier full-length pour Unsu, et véritable réussite. "K.I.A.I." possède tout ce que l'on peut attendre d'un bon disque de Grindcore : de l'efficacité, de la violence à foison, des hommages aux anciens, des parties plus "aérées", et le plus important : de l'attitude (parce que "Cut Throat With My Ass"). Je dois dire que depuis la raclée "This World is Dead" des vétérans de Blockheads, aucune sortie estampillée "Grind" française ne m'avait fait autant d'effet que ce "K.I.A.I.". Un groupe à suivre de très près, et pour moi une énième tête à essayer d'attraper en tournée.
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