I am so tired.
Sometimes I feel so tired
I can’t eat, I can’t sleep. So tired.
The pressure builds and builds.
It seems like there’s no release.
The things I see go unnoticed by some, fill my eyes with horror.
Anger and guilt and frustration and depression make waking up every day harder and harder.
I work my fingers to the bone just to survive.
I got to get money so I can have a home.
So I can breathe, eat and live in this society.
I don’t even like money, and I got to work everyday just to feed myself.
God, it makes me sick.
I just wanna curl up into a hole and die, because this isn’t worth it.
I need a raise, man!
I can’t survive on this pay anymore.
I can’t live on this.
I’m hungry, and I’m frustrated, and I can’t eat, daddy.
God, I look for you to help, and I have seen no help.
I’ve seen no thoughts, no looks, no praise.
You don’t care. You don’t love me. I only love myself.
No one will love me.
Like I love me.
C'est par ces paroles que débute « Stress Builds Character ». Je ne vais pas m'éterniser dessus... mais un peu quand même. Car on tient là ce qui est pour moi LE titre de sludge ultime, celui qui contient tout ce que je recherche dans le genre, celui qui fonce dans le misérable, donne la vision d'un corps et d'un esprit en bout de course, peint aussi bien un univers social criant de réalisme en quelques lignes qu'une abîme dans laquelle s'effondrer. Écoutez ce morceau. Écoutez cette basse, mélodique, avachie, sortie du meilleur album de cold wave jamais paru. Écoutez cette voix plaintive, ce screamo de personne qui a tout abandonné, jusqu'à ses rêves. Écoutez ces guitares rugissantes, frappant à l'aveugle en toute fin, comme un dernier sursaut. Vous avez ici la composition la plus dégoûtée d'un groupe qui personnifie le dégoût. Jusqu'à son nom transpirant l'ironie – l'humour des impuissants, paraît-il –, « Stress Builds Character » ne laisse aucune échappatoire, aucun plaisir autre que se molester pour ressentir quelque chose, parce qu'au moins « on a choisi ça ». Il est possible qu'un jour je n'aime plus les musiques extrêmes, que je change d'avis, que j'ai une carrière, une existence ronflante, une propriété en ville, un ou deux enfants et des colères nettement plus saines que celles que j'ai actuellement, comme m'énerver sur les impôts ou cette nouvelle tondeuse à gazon qui ne fonctionne plus une fois la garantie passée. Mais je retournerai toujours vers « Stress Builds Character », pour me rappeler. C'est tout.
… Sinon, pour parler des onze autres titres de cette compilation (plus une piste cachée comme c'est le cas sur
The Aftermath), ils sont comme on peut l'attendre d'un groupe comme Dystopia. J'ai déjà formulé ce qui rend pour moi la formation nécessaire à toute personne en recherche d'émotions négatives dans ma chronique de
The Aftermath. Cela vaut également pour cet assortiment de morceaux couvrant les débuts des Ricains, de 1992 à 1994. Issus de splits avec Grief et Embittered ainsi que de l'EP
Human = Garbage (enregistré trois heures après la sortie de prison du bassiste Todd Kiesling), ils tiennent parfaitement la mesure avec ce qu'a produit le trio par la suite malgré un chant et une production différents, plus raw, à partir de « Slaved Chains », la compilation avançant à rebours dans les œuvres de Dystopia et se concluant sur des débuts menés par la voix de Dan Kaufman (Mindrot) qui quittera la bande plus tard. Ces éléments mis de côté, les Californiens possédaient déjà ce style à-part et pourtant iconique d'une certaine frange des années 90, faite de sludge, crust, mélodies difformes et atmosphère schizophrénique fleurant la vie en squat, la drogue et la révolte.
Mais cela ne veut pas dire que
Human = Garbage est à oublier pour quiconque possède
The Aftermath. Les différences, certes minimes, sont bien présentes, à commencer par une ambiance plus propice à l'écroulement.
The Aftermath est affublé d'une pochette marquée par une présence humaine lançant un air vengeur :
Human = Garbage, lui, croule sous une ferraille rendant rapidement l'air irrespirable, alternant entre riffs brutalisant l'auditeur et passages hallucinés, des voix proches d'incantations pouvant s'entendre sur « The Middle » ou la version de « Sleep » présente ici, nettement plus aliénée, malade, que celle de
The Aftermath. Un psychédélisme qui pointe le bout de son nez derrière la rage générale, de façon éparse mais néanmoins assez continue pour avoir l'impression de tenir ici un équivalent pouilleux à certaines œuvres issues de la même période, à commencer par
Souls at Zero et
Enemy of the Sun de Neurosis ou encore, si on m'autorise un bond de quelques années,
Rise and Fall de Damad.
Certes,
Human = Garbage ne possède pas le côté « manifeste » de
The Aftermath. Plus éclaté, il ne s'écoute pas comme un album mais bien comme une compilation couvrant différents moments de la vie de Dystopia. Cependant, « Stress Builds Character », son étrangeté ainsi que son style déjà dévastateur font de lui un disque tout aussi indispensable, au sein d'une discographie décidément trop petite.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo