H-Bomb - Attaque
Chronique
H-Bomb Attaque
Alors que je m'apprête à écrire une nouvelle chronique, je me mets en condition : petite bière, poignée de chips et, surtout, on balance un album de Death. Peu importe lequel. Schuldiner est une idole, et je repense au moment où j'ai eu la révélation de mon adoration pour cet homme. Je m'étais dit : « Mais d'où peut venir un tel esprit ? Quelles ont pu être ses influences ? »
Je me souviens avoir chercher sur Internet, être tombé sur Sortilège, dont je n'avais pas compris toutes les subtilités. Je découvrais ainsi le Heavy metal français des années 80. Comme à mon habitude, quand quelque chose m'intrigue, je cherche à approfondir avec des groupes similaires.
Aux côtés de Sortilège, outre Trust que je connaissais déjà, j'ai vu ces noms : Satan Jokers et, surtout, H-Bomb.
Un seul album, intitulé « Attaque ».
Allez, j'ai lancé, en me disant que j'aurais ce que j'aurai.
Paye ta baffe.
H-Bomb, vous le comprenez, c'est le groupe qu'on attend pas. Sous un Heavy orienté Speed, très inspiré de l'esthétique Thrash encore naissante en France en 1984, le groupe développe un disque qui va dans les grands standards du metal de cette époque : la guerre, la bestialité, les figures féminines, les motos, les armes à feu, la vitesse, la violence... Rien que dans les paroles, on sent qu'on est en plein dans cette période qui veut balancer sec.
Le titre « Exterminateurs » m'a tout de suite mis dans le bain : après une intro basique mais efficace, la rythmique est solide, avec un riff de guitare juste au poil et une batterie qui cogne où il faut. La basse, présente sans trop tacher, donne un certain groove bien à l'ancienne.
Puis vient le chant, sans doute ce qui, pour moi, donne tout le sel de cette unique production. Voix aiguë qui n'hésite pas à monter et à jouer de vibrations bien kitchs, des paroles en français qui vont à l'efficacité, même si elles choquent l'oreille habituée à des crachats balancés en anglais tels que « Whiplash ! » ou « March to die ! ». On a là quelque chose de très solide et carré, tout en étant particulièrement succulent et unique.
Combien de fois je m'étonne à brailler, chez moi ou dans ma caisse :
« Crache et crève en te tenant le front
Sachant qu'un jour ou l'autre
D'autres y arriveront »
Ou :
« Sans se douter du moment qu'ils vont passer
Quatre oiseaux de fer sont alignés
Leader a tous, Opération dégagement
Réacs à feu, Ordre éminent »
Bon sang, la façon dont il balance ces trouvailles Thrash, ça fonctionne direct, on est dans la puissance !
Ou bien, encore :
« Dans cette ville inconnue où ils t'ont aperçu
Roulant sur ta bécane,
Tu trainais dans les rues »
Texte bien senti, on rentre tout de suite dans l'ambiance.
Que ce soit sur « Exterminateurs », « Dressé à tuer », « Substance mort » (cette intro, mes amis, cette intro !), « Double Bang » ou « Crache et crève », le groupe balance un son qui emporte sans problème l'amateur de sons inspirés de Saxon, avec toutefois cette marque bien propre à eux, ce sens du rythme et du solo que je n'ai jamais entendu dans d'autres groupes.
Malgré tout, et si je mets de côté mon amour inconditionnel pour ce qui a une particularité, je peux concevoir que « Attaque » peut peiner à convaincre. Déjà, le chant en français surprend. Et même s'il fait le boulot en matière de Speed, il faut pardonner un côté éraillé qui a fait vriller l'enregistrement. Ça peut sembler too much, par moments, soyons sincères !
Il faut aussi parfois passer par quelques titres moins inspirés, comme « La Horde », « Fou Sanguinaire », « Le Glaive » (avec un chant peu convaincant dedans) ou « Rêve de Puissance ». Disons que ces morceaux ne sont pas mauvais, mais les autres cités avant sont tellement hauts qu'en comparaison ils ternissent un peu l'ensemble.
N'oublions pas le cas « Gwendoline » : un morceau qui n'a l'air de rien mais qui, si on se permet de l'écouter plusieurs fois, est un exemple d'écriture par sa variété et sa progression.
Et c'est bien ça qu'il faudra retenir de cet album. On aura forcément un premier contact déstabilisant avec celui-ci. On accrochera à un élément mais on sera rebuté par un autre. Cependant, il ne faudra pas hésiter à y revenir. Parce que les mecs ont livré quelque chose qui leur venait des tripes. Finalement, on est en plein dans l'esprit de cette musique : « Une marche forcée à coups de fouet à terre
Une marche forcée à coups de poing de fer ! »
À vous de voir si vous encaissez ce poing de fer ou non !
| MoM 17 Octobre 2016 - 1383 lectures |
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