Jusqu’à récemment le dernier album en date d’
ARKONA,
Chaos. Ice. Fire, était sorti officiellement le 31 décembre 2013. Et puis en regardant à nouveau sur Metal Archives pour préparer cette chronique, voilà qu’il était présenté comme paru en janvier 2014. Bon, pourquoi pas. Mais cela change beaucoup de choses, car figurez-vous que cet album aurait mérité d’être dans le top de beaucoup de fans de black metal, mais que notre époque veut que tout le monde sorte son top 10, son top 50, son top 100 ou son « top j’ai tout écouté ce qui est sorti cette année donc je sais mieux que tout le monde » le plus tôt possible. Et donc avant la fin de l’année. Du coup la plupart des albums de décembre n’existent pas. Sortis trop tard pour être dans le top de l’année, trop tôt pour être dans le suivant. Il faut toujours aller vite, et en janvier on est déjà en train de rechercher les nouvelles sensations avant tout le monde. Bien sûr ce n’est pas le cas de tout le monde, beaucoup d’autres nous rabâchent que plus rien d’intéressant ne sort depuis les années 2000 et ils ne réécoutent plus que les « classiques ». Et puis il y a ceux qui ont fait l’effort de se pencher sur le retour des Polonais. Cela faisait 10 ans qu’ils n’avaient pas sorti d’album et ils revenaient en force, avec toute la puissance qu’on espérait. J’avais mis 9/10. Et pourtant, avec le recul, j’ai envie de baisser légèrement la note. Enfin, « envie »... C’est plutôt une obligation à cause du petit nouveau.
Lunaris le bat. Énorme nouvel album. Je déteste le dire parce que j’en vois souvent l’écrire tous les mois à propos d’albums différents, mais c’est véritablement « l’un des albums de l’année » !
Cet album de 6 pistes pour 47 minutes contient tout ce qu’on attend du groupe, mais aussi tout ce qu’on peut attendre d’une musique aussi variée et complète que le black au niveau des sentiments exprimés. Il y a tout, vraiment tout. L’énergie, la hargne, la nostalgie, la bravoure, la mélancolie, la fierté, le désespoir qui fait vivre... Et encore tellement d’autres sensations qui sont contenues dans chaque recoin de cette œuvre...
Déjà, quand il veut, il défonce. Les rythmes sont en général endiablés et inarrêtables. « Droga do ocalenia », « Śmierć i odrodzenie» et « Lunaris » sont des monstres. Des monstres puissants qui vous poussent dans le dos de toutes leurs forces et qui vous lancent très loin. Mais là où ils font mieux que la plupart des autres groupes qui se contentent de bourriner et de vous écraser contre un mur, c’est qu’
ARKONA vous pousse pour vous donner de l’élan, pour que vous vous mettiez à courir avec lui, à devenir fort à ses côtés, à devenir vous aussi le même monstre que lui. Et ce sentiment, il est créé par l’ajout de claviers mélodiques parfaits. Pas des mélodies qui apaisent ou veulent faire joli, mais bel et bien qui apportent de la tension, qui rendent un titre tragique, qui touchent au cœur. Ici ils vont rendre un passage plus épique, ailleurs plus guerrier. Et finalement ils donnent de la profondeur à l’ensemble. Ils peuvent être utilisés seuls sur une introduction pour créer un décor (« Śmierć i odrodzenie»), ou alors constituer un épilogue qui sublime la musique (« Lunaris »), mais la plupart du temps ils sont superposés aux autres instruments. Leur présence renforce finalement la puissance et participent au chaos apparent.
Impossible de résister à la force du groupe, qui s’est encore plus souvenu que lors du précédent album qu’un rythme moins effréné pouvait aussi très bien poser des atmosphères terrifiantes. « Ziemia», « Lśnienie » et « Nie dla mnie litość » jouent ainsi plus avec les nerfs et se montrent vicieux, sinueux, et plus inquiétants. Sur ce dernier, un long break voit le clavier prendre des airs d’orgue et donner l’impression que l’église a été envahie par les forces obscures. Satan est entré, gloire à son nom !
J’adorais
ARKONA pour ses capacités à décalquer tout en ajoutant du clavier comme personne d’autre. J’ai toujours été fan des la compilation
Raw Years 1993-95 et de l’album
Imperium. J’avais peur que les gros changements de line up entraine un changement d’approche, mais
Lunaris est finalement dans l’esprit de mes sorties préférées, mais avec une production plus moderne, qui met très bien en valeur toutes ses qualités. Le chanteur d'
AZARATH et
ANIMA DAMNATA (Necrosodom) est très bon, avec un timbre qui correspond tout à fait au style... C’est donc une évidence, cet album restera chez moi en haut du classement ! Définitivement l'un de mes groupes fétiches.
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