Blestema - Los elogios noctambulares
Chronique
Blestema Los elogios noctambulares
On ne peut plus dire que la Colombie est le trou du cul du black depuis qu’INQUISITION est devenu l’une des formations les plus suivies. Mais même dans le cas de ces ténors, il fallait mettre un bémol puisque Dagon vit aux Etats-Unis depuis désormais 20 ans et que son compère Incubus s’appelle en fait Thomas Stevens, ce qui donne un bel indice sur sa nationalité.
Pas d’autre groupe à citer ayant un lien avec la Colombie ? Dommage parce qu’en réalité ce pays est, comme le Mexique, une petite mine de perles noires. Deux nations qui ont été fortement marquées par le trve black à la norvégienne et qui semblent avoir décidé d’en préserver l’essence. C’est comme si le black d’il y a 20 ans avait été congelé et que les formations avaient pour mission d’assurer la lignée.
BLESTEMA fait partie des fidèles, des très bons disciples. Fondé en 2009, il reprend les mimiques, les postures, les ambiances et bien entendu les compositions des pionniers les plus célèbres, DARKTHRONE en tête. On retrouve le vent glacial qui balaie les joues. Les musiques sont investies par des puissances maléfiques, mais les mélodies froides et implacables sont là, même si elles se cachent en retrait.
Le début de l’album ne m’a pourtant pas enchanté. Sur ce « Tempestad » ce sont les influences punk qui sont mises en avant et ne laissent rien présager de bon. Il risque d’induire en erreur plus d’un. Dommage vu la tournure que prennent les choses dès le deuxième titre. Avec « La destrucción », BLESTEMA s’ouvre. Il continue de marteler, et les trois premières minutes tabassent froidement. C’est suffisamment jouissif, mais tout à coup un clavier apparaît, et apporte en même temps une étonnante mélancolie. Première comparaison qui m’est venue à l’esprit : BEHEMOTH, version 90’s, période Sventevith. À partir de là, les Colombiens vont montrer toutes sortes de nuances, mais sans jamais quitter le black des débuts.
Il va faire souffler jusqu’à la fin un blizzard tourmenté, puissant et triste, froid et énergique à la fois. Le clavier revient par moment, mais ce sont principalement les guitares qui font le travail. Les riffs tuent, aussi simples qu’addictif. Une sorte de MOONBLOOD légèrement moins raw. La basse est aussi à féliciter, devenant diaboliquement indispensable sur des pistes comme «Consumación ». Du coup, et sans exagérer, je retrouve des sensations devenues rares. Certes il y a des dizaines, des centaines de groupes qui se disent influencés par DARKTHRONE, mais la plupart oublie de mettre la mélancolie. Là, elle a sa place ! Elle devient même principale sur « Elogio Noctambular », titre mid-tempo que les fans de JUDAS ISCARIOT pourront apprécier.
Il est juste dommage que Los Elogios Noctambulares soit si long. 50 minutes, ce n’est pas la mort, mais il y a des titres moins forts qui peuvent faire décrocher. C’est surtout «Desolación » qui n’en finit pas avec ses 9 minutes, lorsque les autres font normalement moins de 5. Enfin, ce n’est pas dramatique, car dans l’ensemble je vibre, et ce jusqu’à la dixième piste qui est en fait un intrumental au clavier de 2 minutes Il m’a lui aussi renvoyé dans ma jeunesse lorsque CIRITH GORGOR terminait le démoniaque et sans concessions Onwards to the Spectral Defile par des notes de piano en total décalage avec le reste. Inutile, mais tellement nécessaire pour clore un album !
BLESTEMA n’a pas de personnalité, ni d’originalité, mais pas un seul moment je ne me demande si je dois « excuser les ressemblances et inspirations flagrantes », si « un groupe qui reproduit ce qui a été fait avant lui est légitime », si « le black metal c’était mieux avant » ou je ne sais quoi encore. Je me dis juste que BLESTEMA a la bonne odeur et le bon goût du black et qu’en tant que fan du genre je jubile.
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