Tuman - The Past is Alive
Chronique
Tuman The Past is Alive
À quel moment la notoriété de No Colours Records a commencé à en prendre un coup? Le label qui œuvre pour le black depuis plus de 20 ans était synonyme de qualité et la plupart des fans de ce genre de musique se précipitaient sur ses sorties. Et progressivement on a parlé de moins en moins de lui, qui abritait ou abrite encore GRAVELAND, INQUISITION, NARGAROTH ou encore SATANIC WARMASTERS. C’est peut-être venu d’une assimilation à des opinions politiques « nauséabondes » ? Ou bien de son mauvais goût pour le merchandising abusif avec des prix trop hauts et la multiplication de formats inutiles ? Ou encore de son incapacité à trouver les nouvelles poules aux œufs d’or et sa succession de plantage du style KLADOVEST, PROFANE PRAYER ou THEOSOPHY ? C’est en fait un peu tout cela qui lui a porté préjudice. Ne serait-ce que son catalogue, c’est une évidence qu’il est bien moins jojo qu’il y a une dizaine d’années. Et pourtant, il propose encore de temps àautres des petites pépites, comme les excellents ORENDA, groupe bulgare qui mérite le détour pour tous ses albums, dont le troisième sorti en 2012 : Only Death Lives Here.
Et deux ans après, voici un autre groupe qui fait que No Colours mérite encore notre attention : TUMAN, ou TYMAH comme la graphie en alphabet cyrillique le laisse penser. Cette formation née en 2003 a la particularité d’avoir été découverte par le label allemand et d’avoir sorti ses deux premiers albums chez lui, en 2005 et 2007. Déjà 7 années ont passé depuis Loquitur Cum Alqo Sathanas alors que sort ce nouveau The Past is Alive. 7 années, c’est une éternité pour un groupe, une période suffisante pour voir des membres vieillissant vouloir se tourner vers un autre style ou bien carrément tout abandonner pour se consacrer à un travail, à une famille, à une autre cause... Mais TUMAN n’est pas de ce tonneau-là ! Le trio est parvenu à rester uni et se compose toujours de Shadow à la basse, de Gelal à la batterie, et surtout de la démoniaque, de l’infernale, de l’irremplaçable Dim, non seulement active derrière sa guitare mais aussi son micro. C’est une femme, mais de celles qui ne chantent pas dans les aigüs, de celles qui grawlent lourdement pour se rapprocher de la plupart des acharnés masculins du BM. On reconnaît certes un léger timbre féminin, mais dans le style d’OPERA IX, ASTARTE, OIZYS et surtout DARKENED NOCTURN SLAUGHTERCULT ! La jeune femme de 28 ans a donc commencé les enregistrements de demo à 18 ans, avec une crédibilité impossible à remettre en cause. Elle sait hurler black, trve black qui plus est.
Mais si l’on retrouve le groupe avec le même line-up, sa musique a tout de même évolué. Alors que le titre de l’album, The Past is Alive, semblait indiquer que les mêmes ingrédients allaient être repris, il faut se rendre à l’évidence que TUMAN est passé du trve black dévastateur au trve black plus nuancé ! La différence ? Elle est simple, le son est plus clair, et surtout les mélodies ont pris le pas sur la noirceur pure. Attention, je ne dis pas que la formation est devenue un groupe de black sympho. Mais il joue avec une palette plus large de sentiments et donne une forte place à une douceur gelée. Je ne m’en plaindrais pas, surtout quand le groupe débute avec un titre aussi fort émotionnellement que « Wanderers ». Ce morceau est parfait. Il fait tournoyer un riff d’une simplicité effarante mais délicieuse, sur lequel viennent se déposer des vocaux torturés d’une détresse impressionnante. Le mélange est exquis, dépressif tout en restant trve ! C’est une flèche qui vient se planter droit dans le cœur et se fait mettre à genoux en un peu plus de 5 minutes. Et alors qu’on est ainsi à terre, le titre suivant achève. Cet « Insanity » joue moins sur les sentiments, plus sur l’énergie. Il nous aplatit avec un air rappelant Belus, l’un des derniers albums plaisants de BURZUM. Ces deux premières bombes font mal, très mal, trop mal.
Trop mal parce que les pistes suivantes ne continuent pas dans la même voie et peuvent du coup sembler un cran en-dessous. C’est surtout qu’elles lèvent beaucoup le pied, avec des trémolos un peu trop systématiques, un rythme trop souvent mid-tempo, une énergie moins présente. On navigue durant quatre titres et un instrumental entre du trve black torturé et de l’atmosphérique. Si encore cela n’avait concerné qu’un seul morceau, on aurait apprécié cet espace de repos, mais malheureusement la machine ne repart plus que sur la première moitié du dernier titre, « The Past is Alive ». Alors ces titres plus "mous" sont bons, mais seulement si on accepte un TUMAN avec un tel visage. Il ne faut plus attendre la fureur ou l'énergie, mais un black qui fait la part belle à la douleur intérieure et intériorisée.
Avec un peu plus de folie comme sur les deux premiers morceaux, cet album devenait un incontournable de 2014.
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